Société
La genèse du microcrédit au Maroc racontée par Rida Lamrini
Dans un essai intitulé «Les chevaliers de l’infortune»*, qui se lit comme des mémoires, l’écrivain et ex-président de la FNAM raconte l’histoire des dix premières années du microcrédit au Maroc.

Un livre sur le microcrédit écrit de la plume de l’écrivain Rida Lamrini est une entreprise qui coule de source. Parce que le président de la Fédération nationale des associations du microcrédit au Maroc (FNAM) pendant plus de 7 ans (2001 à 2008) maîtrise bien le sujet, mais aussi parce qu’il est lui-même l’un de ces chevaliers de l’infortune dont il brosse quelques portraits dans ce livre pour avoir fondé et présidé depuis 1999 INMAA, l’une de ces associations dédiées à la lutte contre la pauvreté. Une belle aventure, celle que vit en effet le Maroc depuis le début des années 1990 : d’un pays où parler de la pauvreté était un sacrilège, on passe à un pays où la microfinance devient l’un des outils importants du développement socioéconomique. Dans ce livre, le premier d’une trilogie que l’auteur compte commettre sur le sujet, Rida Lamrini revient sur les dix premières années de cette expérience, sur certaines dates qui ont marqué le microcrédit au Maroc. 2005, comme l’a décrit l’auteur, aura marqué d’une pierre blanche l’histoire de ce dernier. Le mois de novembre de cette année, le Maroc reçoit un prix de l’ONU qui consacre le développement de la microfinance dans le pays. Un mois plus tard, c’est au tour de l’Etat marocain, représenté par Driss Jettou, Premier ministre, de consacrer cette évolution en signant, en présence du Roi Mohammed VI, un accord-cadre avec la FNAM. C’est un moment si fort dans l’histoire du microcrédit, et dans celle de l’écrivain, que ce dernier lui consacre le premier chapitre intitulé «Devant le Roi». Dans les autres, il revient sur les circonstances du démarrage des premières associations qui ont marqué la microfinance, dont Al Amana, qui allait, comme l’écrit M. Lamrini, totalement bouleverser le paysage. Pour une raison simple : c’est le gouvernement lui-même qui s’est impliqué dans sa création, par le biais de Driss Jettou, alors ministre du commerce et de l’industrie, et la bénédiction du Roi Hassan II. Le secteur, par cette création, est bouleversé, décrit l’auteur. On n’est plus à l’échelle de la société civile, mais des pouvoirs publics. Dans cet ouvrage, qui se lit comme des mémoires, l’auteur essaie de présenter ces femmes et ces hommes, qui, comme il l’écrit, «finirent par réaliser l’impensable : les pauvres sont en mesure d’emprunter». Et de tresser l’histoire de la genèse du microcrédit au Maroc.
(*) Ed. Maram,184 pages, 70 DH.
