Société
Jardin Zoologique de Rabat : immersion dans le monde animal…
Cinq écosystèmes naturels africains abritent 1 800 animaux de 180 espèces. Le Jardin Zoologique joint le loisir à la recherche scientifique pour la conservation des diverses espèces de faune sauvage menacées de disparition.

Une véritable immersion dans le monde animal. C’est ce qu’offre le Jardin Zoologique de Rabat. Au visiteur, il faudra au moins deux bonnes heures (que l’on ne voit pas passer!) pour faire le tour du zoo et découvrir les cinq grands espaces s’étendant sur 27 hectares. Cinq espaces simulant les écosystèmes naturels, marocains et africains, où sont exposés les 1 800 animaux du zoo : La Montagne de L’Atlas avec ses espèces emblématiques, notamment le lion de l’Atlas, le singe magot et les mouflons; Le désert et ses espèces les plus représentées tels l’oryx, l’addax, le guépard ; La savane et sa faune caractéristique : le lion, les éléphants, la girafe ; La forêt tropicale; et enfin Les marécages et la diversité des mammifères et d’oiseaux aquatiques des zones humides.
L’immersion dans ce monde de faune sauvage allie l’utile et l’agréable : la détente, la découverte mais aussi l’information et l’éducation environnementale. C’est pourquoi le zoo est doté d’une ferme pédagogique destinée à l’éducation environnementale et d’initiation aux activités rurales. Par ailleurs, des kiosques de restauration et des divertissements sont répartis à travers l’ensemble du circuit de la visite. Les visiteurs aimant la marche peuvent faire le circuit à pied, quant aux paresseux d’entre eux une voiturette électrique peut être louée à 20 dirhams quelle que soit la durée de la visite.
L’apport de ce nouveau concept de jardin zoologique réside ainsi dans cette double approche de divertissement et de découverte scientifique et environnementale : «L’objectif est de faire découvrir les diverses espèces animales africaines au public mais surtout contribuer à la conservation et la reproduction des espèces menacées de disparition», explique Salma Slimani, directeur général du Jardin Zoologique.
L’équipe dirigeante du zoo veille à la fois à garantir des prestations de qualité répondant à la curiosité des visiteurs et à mener ses projets de conservation et de recherche scientifique. Et cela nécessite une organisation pointue des divers services du zoo chapeautée par le pôle vétérinaire qui centralise toutes les opérations aussi bien d’ordre médical que celles liées à la sécurité des animaux et des visiteurs.
Si le Jardin Zoologique ouvre, chaque jour, ses portes à 10 heures du matin, les équipes sont en poste dès huit heures. Et les premiers sur place sont les trente-trois soigneurs ainsi que les deux techniciens qui les encadrent. «Dès mon arrivée, je fais le tour de la zone qui m’est attribuée afin de vérifier l’état des installations, en particulier les dispositifs de sécurité, ensuite m’enquérir de l’état de santé des animaux. Puis je procède à la distribution des repas vers 10-11 heures», explique l’un des soigneurs du zoo. Et toutes les informations de la journée sont portées par le technicien encadrant sur le livre Journal comportant l’historique des cinq zones du Jardin Zoologique.
C’est sur place, dans les cuisines, que sont préparés les repas : «Les produits alimentaires sont réceptionnés dans les cuisines et les repas préparés en fonction des spécificités de chaque espèce animale. Dans les stocks des cuisines on trouvera des céréales, des légumes, des fruits frais de saison, des fruits secs, de la viande et des poissons. Les équipes de cuisines procèdent à la pesée et à la préparation des bacs de repas», explique le Dr Abderrahim Essalhi, vétérinaire responsable du zoo.
Les séances de nourrissage sont ouvertes au public
Globalement, 120 rations sont préparées chaque jour et deux repas sont servis quotidiennement aux animaux. Les soigneurs effectuent la deuxième tournée dès 14 ou 15 heures. Chaque tournée dure 20 à 30 minutes pour la distribution des repas. Outre ces tournées, les soigneurs procèdent à ce qu’ils appellent dans leur jargon la «séance de nourrissage» de plusieurs animaux tels que les lémuriens, les pélicans, les chimpanzés et les flamants roses. «Cela se passe devant les visiteurs pour leur faire découvrir le régime alimentaire des diverses espèces. On donne à manger en expliquant le choix des aliments, la quantité, le timing des repas». C’est une démarche pédagogique qui est demandée par les visiteurs s’intéressant au monde animal. Curieux, les visiteurs posent des questions et veulent avoir le maximum d’informations sur les diverses espèces et leur particularité. Il est à noter que les explications fournies lors des séances de nourrissage viennent compléter les panneaux informatifs placés dans chaque zone d’exposition des animaux. On peut y lire le nom de l’animal, son espèce, sa taille, son poids, son âge ainsi que son régime alimentaire. Il est à noter que ces informations générales ainsi que des informations médicales (la vaccination et les antécédents médicaux) sont regroupées dans une base de données permettant le suivi médical et la traçabilité des animaux.
Et c’est aux besoins du suivi médical que le nouveau zoo s’est doté d’une clinique vétérinaire, d’une station de quarantaine et des structures de documentation et d’analyse sur la faune sauvage pouvant constituer un pôle fédérateur des institutions spécialisées et des universités pour la formation et les recherches en biodiversité des écosystèmes naturels marocains.
Une clinique avec l’équipement médical nécessaire (échographe, radiologie et appareil de dentisterie), les médicaments, les équipements d’analyses biologiques ainsi que les consommables est disponible. Côté structures, l’unité médicale comporte un bloc opératoire, une salle de réveil et une salle de consultation. «Nous pouvons donner les soins nécessaires, effectuer les opérations de toutes sortes dans cette clinique qui est aux normes et n’a rien à envier aux cliniques des autres zoos», explique le Dr Essalhi, qui vient d’opérer un serval, espèce de félin, pour une fracture de la patte. L’animal est installé dans une grande cage à l’intérieur de la clinique et doit y rester pendant 45 jours avant de retirer son plâtre et de pouvoir rejoindre sa zone d’exposition… Par ailleurs, d’autres animaux, qui viennent d’arriver au zoo, sont placés dans la zone de quarantaine. «C’est une mesure de prévention qui est nécessaire avant de mettre l’animal avec les autres. Cela permet de faire un suivi médical pour éviter d’éventuelles contaminations ou problèmes d’acclimatation», indique le Dr Essalhi. La durée de cette période d’isolement, dite aussi d’adaptation, varie en fonction de chaque animal et vient compléter le dispositif sécuritaire du zoo.
En effet, les responsables du zoo ne lésinent pas sur les moyens pour assurer la sécurité et le bien-être de ses pensionnaires et de ses visiteurs. Pour cela, plusieurs corps de métiers sont présents de façon permanente au jardin. Electriciens, ferronniers, peintres et menuisiers travaillent huit heures par jour, s’affairant dans l’entretien des diverses installations dans les cinq zones du zoo. Pour le gardiennage et le nettoyage, le Jardin Zoologique fait appel à des opérateurs spécialisés. Et pour s’assurer de l’efficacité de la gestion technique du zoo, parfois, les équipes simulent une problématique donnée et font des interventions selon un plan d’urgence précis mis en place. Des caméras de surveillance sont opérationnelles 24h/24 et permettent aux agents de sécurité d’intervenir rapidement en cas de danger, aussi bien pour les animaux que pour les visiteurs.
Par ailleurs, les responsables du zoo sont également attentifs au confort des animaux, notamment en leur garantissant des conditions de vie adaptées ou encore en respectant leur cycle biologique. Ainsi, lorsque les températures baissent, on procède au chauffage de certaines zones au moyen de panneaux solaires installés dans les zones d’exposition. Sont aussi respectées les exigences de cycle biologique des animaux comme on peut le constater au «Harem du Cerf berbère» où sont actuellement regroupées toutes les femelles autour d’un cerf en cette période d’accouplement alors que les autres mâles sont mis à l’écart. Les naissances sont prévues, selon le vétérinaire responsable du zoo, pour le mois de mars.
[tabs][tab title = »La conservation des espèces menacées, une priorité du Jardin Zoologique« ]Ouvert depuis 2007, le Jardin Zoologique reçoit annuellement 500 000 à 600 000 visiteurs. La première année, le nombre de visiteurs avait atteint un million de personnes. S’étendant sur 27 hectares, le zoo est un nouveau concept par rapport à l’ancien jardin zoologique dans la mesure où les animaux y vivent dans leurs milieux naturels qui sont reproduits dans les cinq écosystèmes naturels. L’objectif est, selon Salma Slimani, directeur du Jardin Zoologique de Rabat, de «reproduire les conditions de vie dans un espace naturel pour la conservation des espèces animales endémiques et aussi la reproduction des espèces menacées de disparition comme le lion de l’Atlas, les antilopes du désert marocain ou encore le Waldrapp ou l’Ibis sauvage». Le zoo a mis en place des programmes de conservation pour des espèces déterminées, notamment les antilopes sahélo-sahariennes ou encore les gazelles. Ce qui a permis la réalisation de quatre opérations de réhabilitation. Ces programmes sont réalisés grâce à des parrainages mis en place avec des institutions qui assurent l’accompagnement financier d’une espèce. Ainsi, on citera la Fondation BMCE, le groupe OCP, Ciments du Maroc, Oulmès Sidi Ali. Par ailleurs, le Jardin Zoologique a également des partenariats avec des instances internationales, notamment le Musée d’histoire naturelle de Paris et le Muséum d’histoire naturelle de New York. Le zoo est également membre d’associations professionnelles de parcs zoologiques comme l’Union Internationale pour la conservation de la nature et l’Association mondiale des parcs zoologiques et des aquariums. L’adhésion du Jardin Zoologique au réseau des zoos africains et aquariums est en cours et elle favorisera, selon Mme Slimani, des échanges d’expériences et d’expertises. Au-delà du divertissement, le zoo développe également des programmes pédagogiques pour l’éducation environnementale. Sont alors organisés des conférences et des échanges d’expertises internationales. Cela s’inscrit, précise Mme Slimani, dans le cadre de l’orientation scientifique adoptée par le zoo qui mettra en place, dès 2018, une stratégie de conservation et de recherche scientifique. Et c’est également au cours du premier trimestre de 2018 que le zoo disposera de son vivarium abritant 50 espèces de reptiles sur une étendue de 1500 m2.[/tab][/tabs]
