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Soixante ans après l’Indépendance, le «grand jihad» continue…

Depuis 60 ans, le Maroc ne cesse de lutter contre les inégalités et l’exclusion, contre la pauvreté et le sous-développement… Le recouvrement de la liberté, en 1955, a ouvert la voie à une nouvelle ère d’édification du nouveau Maroc indépendant, uni et démocratique.

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Soixante ans apres Independance

«Nous sommes passés de la bataille du petit jihad à celle du grand jihad». Ces mots raisonnent encore dans la tête de tous les Marocains. Cette déclaration à elle seule résume les dernières soixante années que le Maroc libre vient de traverser. C’est une véritable feuille de route qui a guidé chaque pas de l’Etat marocain. Six décennies d’édification d’un Maroc moderne, ouvert et progressiste. Six décennies d’efforts de construction d’un pays, de son économie, de ses institutions et de sa démocratie. Six décennies de «grand jihad» et de lutte pour un Maroc meilleur n’a jamais cessé. Tous ces efforts auront permis au Royaume de prétendre au rang de pays émergent.

Il y a soixante ans, feu Mohammed V déclarait dans un discours historique, prononcé le 18 novembre 1955, sur l’esplanade de Hassan à Rabat devant une population en liesse : «Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du protectorat et l’avènement d’une ère de liberté et d’indépendance». Ce discours marque le début de l’indépendance du Maroc. Ce qui vient après n’est que formalités qui ont donné corps à cette déclaration. Les négociations avaient, en effet, été initiées avec les autorités du protectorat et le Maroc recouvrit officiellement son indépendance quelques mois plus tard, le 2 mars plus exactement. En même temps, des négociations ont été engagées avec l’Etat espagnol et ont abouti à la récupération, suite à un traité signé le 7 avril 1956, des zones sous protectorat espagnol notamment au Nord du Maroc. Quelques années plus tard, c’est la ville de Tanger, auparavant zone internationale, qui a réintégré la mère patrie. Pour le commun des Marocains, le Maroc était déjà libre au moment où feu Mohammed V foulait le tarmac de l’aéroport de Rabat, le 16 novembre 1955. C’est le «jour du Retour». Le 17 novembre a été consacré comme le «jour de la Renaissance» et le 18 commémorait, à l’époque, le jour de l’accession du «Libérateur de la Nation» au Trône et qui deviendra quelques années plus tard anniversaire de l’indépendance du pays. Depuis, le peuple marocain et la famille de la Résistance et de l’Armée de libération commémorent, chaque année, et durant trois jours, du 16 au 18 novembre, avec fierté l’avènement des «Trois Glorieuses», à savoir la fête du «Retour», la fête de la «Renaissance» et la fête de l’Indépendance. Trois dates qui incarnent le triomphe de la volonté du trône et du peuple dans la lutte nationale pour la liberté, l’indépendance et l’unité.

Une date charnière

Cette étape de l’Histoire du Maroc représente à la fois l’apothéose d’une épopée qui a démarré au début des années trente avec la naissance du mouvement nationaliste, en 1936, suite à la promulgation quelques années plus tôt du dahir du 16 mai 1930. Cette période marque, de même, le début d’une lutte pour le parachèvement de l’intégrité territoriale et la récupération de l’ensemble du territoire marocain, les provinces du Sahara en l’occurrence. Le retour historique de cette partie du territoire à la mère patrie a été le résultat d’une lutte de longue haleine engagée sur plusieurs décennies par le Maroc pour parachever son indépendance et son intégrité territoriale. Cette lutte a été marquée dès le 23 novembre 1957 par le soulèvement des tribus d’Aït Baâmrane contre l’occupation, aboutissant à la récupération de la ville de Tarfaya, puis de Sidi Ifni en 1969 et des autres parties du Sahara marocain grâce à l’épopée de la Marche Verte en 1975. Quatre ans plus tard, lundi 14 août 1979, la population de Oued Eddahab, représentée par ses élites, ses notables, ses oulémas et représentants des différentes tribus, s’est rendue dans la capitale du Royaume pour présenter à feu HassanII le serment d’allégeance et réaffirmer leurs liens d’attachement indéfectible au Trône alaouite. Certains historiens font remonter les convoitises de la France sur le territoire marocain bien avant la date de signature du traité du protectorat, officiellement protectorat français dans l’empire chérifien, connu sous le nom de traité de Fès, le 30 mars 1912. Les premières tensions entre la France et le Maroc remontent en effet à 1840, suite au soutien que les Marocains apportaient à l’Emir Abdelkader dans son soulèvement contre l’occupation française en Algérie. Ces tensions ont conduit à l’affrontement lors de la bataille d’Isly, qui s’est déroulée, à la frontière algéro-marocaine, le 14 août 1844 et s’est soldée par la défaite de l’armée marocaine. Depuis cette date, plusieurs épisodes se sont succédé, impliquant le Maroc et la France, mais aussi d’autres puissances occidentales. Ils se sont soldés par la signature en 1906 du traité d’Algésiras, plaçant le Maroc sous la protection internationale tout en concédant certains droits à la France et à l’Espagne. Les conclusions de ce traité ont mené inévitablement à l’instauration du protectorat français le 30 mars 1912 puis celui espagnol, le 27 novembre de la même année.

La lutte d’un Roi et d’un peuple

Dès août 1912, une résistance armée contre l’installation française est lancée au Maroc. Elle comptait notamment parmi ses rangs Ahmed El Hiba, Moha Ou Hammou Zayani, Abdelkrim Al Khattabi et Assou Oubasslam, notamment héros des batailles d’Elhri (Khénifra, en 1914), Anoual (dans le Rif, en 1921), Bougafer (dans la région de Ouarzazate) et Jbel Baddou (Errachidia) en 1933. En même temps, en août 1926, Ahmed Balafrej, crée la «Société des amis de la vérité», prémices de ce qui allait devenir le «Mouvement national». Une année plus tard, le 18 novembre 1927, feu Mohammed V accède au Trône alaouite. Une nouvelle page de la lutte du peuple et de son Roi pour la liberté est ouverte. Le Mouvement national commence par fêter ce jour, et la fête du Trône -c’est ainsi qu’elle a été baptisée- n’a jamais cessé d’être célébrée, même lorsque le Roi a été déporté, avec sa famille, en 1953. Des années plus tôt, le Mouvement national, qui commençait à peine à se former dans le milieu urbain (dans les villes de Rabat, Casablanca, Fès, mais aussi Tétouan et d’autres centres urbains), allait prendre de l’ampleur lorsque en 1930, le 16 mai plus exactement, fut promulgué un dahir connu plus tard dans la littérature nationaliste sous le nom de «Dahir berbère». Le soulèvement contre ce dahir a donné suite à  la présentation au gouvernement français d’un plan de réformes (1934 et 1936) par le Comité d’action marocain, considéré comme le noyau du Mouvement national, et la présentation du Manifeste de l’indépendance, le 11 janvier 1944. Les manuels de l’Histoire du Maroc nous l’ont appris, au cours de ces différentes étapes, feu MohammedV, Père de la nation et héros de la libération, n’avait de cesse d’éveiller le sens de résistance des Marocains et de définir ses objectifs, et ce, depuis son accession au Trône en 1927. Le défunt Souverain a ainsi saisi la tenue de la Conférence d’Anfa en janvier 1943 pour inscrire la question de l’indépendance du Maroc à l’ordre du jour, mettant en valeur la participation effective des soldats marocains aux côtés des Alliés. Grâce à cette initiative, le Sultan Mohammed V se voit confirmer le soutien des Etats-Unis à l’indépendance du Maroc, une fois la guerre finie, par le Président Franklin Roosevelt. Quatre années plus tard, la visite effectuée le 9 avril 1947 à Tanger, alors sous le régime international, par feu Mohammed V et son célèbre discours historique fixant les contours de la lutte pour l’indépendance n’étaient pas pour plaire aux autorités coloniales.  Celles-ci ont mobilisé toutes les ressources pour exercer des pressions sur le symbole de la Résistance marocaine en cherchant à l’isoler de son peuple et des dirigeants du Mouvement national.

La construction d’une Nation

En réponse aux exactions des forces coloniales, des manifestations, des protestations et des actions de résistance se sont multipliées et étendues un peu partout dans le pays. Elles ont donné suite à la Révolution du Roi et du Peuple, le 20 août 1953. Cet événement a marqué un tournant décisif et un point de rupture entre l’ère du protectorat et de la tutelle étrangère. Ainsi, l’élan du mouvement de la lutte nationale va culminer avec le début des opérations de l’Armée de libération dans le nord du Maroc, le 1er octobre 1955. Face à ce soulèvement, l’administration coloniale s’est vue obligée de se plier à la volonté et à la détermination des Marocains et de renoncer à ses manœuvres, ce qui a permis le retour triomphal du Roi et de sa famille le 16 novembre 1955. Un retour qui a sonné la fin de du protectorat qui a perduré 43 années, 7 mois et 16 jours et l’événement de la souveraineté et de l’indépendance nationale et du recouvrement de la liberté inaugurant la nouvelle ère d’édification du nouveau Maroc indépendant, uni et démocratique. Fort de son indépendance, le peuple marocain s’est alors investi dans l’effort d’édification nationale pour bâtir un Maroc libre ayant pu facilement faire sa place parmi les grandes nations, d’abord sous la conduite de feu Hassan II, qui a conforté les orientations basées sur la démocratie, le pluralisme politique et le libéralisme économique. Ensuite, après avoir mis en place le chantier du développement économique et social, aujourd’hui, SM MohammedVI s’inscrit dans la continuité de cette dynamique renouvelée en jetant les bases d’une économie moderne et compétitive, de modernisation du Royaume et de consécration des valeurs de démocratie et de citoyenneté. Et c’est dans le cadre de cette continuité, de ce «grand jihad» que le Maroc émerge et se distingue du reste des pays de sa région.

C’est dans ce cadre que le Maroc a décidé de se doter de moyens, matériels, humains et institutionnels, à même de lui permettre d’être, dans un avenir proche, parmi les grands pays. Volonté renouvelée il y a quelques années alors que le Maroc lançait de grands projets d’infrastructures qui en ont fait un pays en phase d’industrialisation. Volonté renouvelée, également tout récemment, lorsque le Maroc a décidé de renforcer ses institutions, avec une nouvelle Constitution, un nouveau cadre démocratique pour l’exercice des droits de l’Homme, pour ses citoyens comme pour ceux qui l’ont choisi comme terre d’accueil et un nouveau mode de gestion permettant, avec l’instauration de la régionalisation avancée, aux citoyens de gérer leurs affaires locales et un vaste programme d’investissement pour réduire, voire éliminer, les inégalités entre le monde rural et le reste du pays. Volonté exprimée hier encore, lorsque SM le Roi a déclaré que le Maroc ouvrait une nouvelle page concernant la question du Sahara avec le lancement d’un programme colossal de développement dans ces trois régions. C’est pour dire que, 60 ans après cet appel au «grand jihad», les hommes et les décideurs se relayent et les moyens changent, mais la finalité reste la même: un Maroc stable et prospère.

[tabs][tab title = »Ces dates qui ont fait l’Histoire du Maroc moderne »]1840 : Premières tensions entre la France et le Maroc suite au soutien que les Marocains apportaient à l’Emir Abdelkader dans sa lutte contre l’occupation française en Algérie.

14 août 1844 : La bataille d’Isly, dernier affrontement de l’expédition de la France coloniale contre le Maroc. Elle s’est déroulée aux frontières maroco-algériennes et s’est soldée par la défaite de l’armée marocaine.

1906 : Tenue de la Conférence d’Algésiras qui place le Maroc sous protection internationale, le pays concède certains droits à la France et à l’Espagne.

30 mars 1912 : Signature du traité de Fès instaurant le protectorat français.

27 novembre 1912 : Instauration d’un protectorat espagnol dans les régions du nord du Maroc sur la base d’une convention franco-espagnole.

Décembre 1914 : Moha Ou Hammou Zayani gagne la bataille d’Elhri contre les forces coloniales qui subissent une lourde et humiliante défaite.

Juillet 1921 : La bataille d’Anoual opposa un contingent militaire espagnol aux combattants de Abdelkrim Al Khattabi, dans la région de Temsamane, dans le Rif.

2 août 1926 : Ahmed Balafrej crée «la Société des amis de la vérité», à Rabat, première organisation nationaliste marocaine.

18 novembre 1927 : Accession de feu Mohammed V au Trône.

16 mai 1930 : Promulgation du dahir réglant le «fonctionnement de la justice dans les tribus de coutume berbère non pourvues de mahkamas pour l’application du Chrâa» dit «Dahir berbère».

13 février 1933 : Début de la bataille de Bougafer qui oppose les forces coloniales françaises aux tribus Aït Atta conduites par Assou Oubasslam.

18 novembre 1933 : La fête du Trône fut célébrée pour la première fois. Elle fut proposée quelques mois auparavant en juillet 1933 dans la revue Majallat Al-Maghrib.

Septembre 1939 : Le 1er régiment de tirailleurs marocains prend pied sur le sol de France pour participer à la Seconde Guerre mondiale contre l’Allemagne.

11 janvier 1944 : Manifeste de l’Istiqlal pour l’indépendance, suivi d’émeutes nationalistes.

10 avril 1947 : Discours du Sultan Mohammed V à Tanger où il demande l’indépendance.

Les 7 et 8 décembre 1952 : Des émeutes éclatent à Casablanca à la suite de la nouvelle de l’assassinat du syndicaliste tunisien Farhat Hachad.

20 août 1953 : Mohammed V est déposé et exilé en Corse et ensuite à Madagascar. La Révolution du Roi et du peuple est déclenchée.

Août 1955 : L’Armée de libération nationale (ALN) est créée et prépare plusieurs opérations contre les forces d’occupation, notamment dans le Nord du Maroc.

5 novembre 1955 : Entretiens de La Celle-Saint Cloud, Mohammed V-Pinay. La France accepte l’indépendance du Maroc.

2 mars 1956 : Signature des accords abolissant le protectorat français.

7 avril 1956 : L’Espagne cède le Nord du Maroc.

22 avril 1956 : Admission du Maroc à l’ONU.[/tab][/tabs]