Pouvoirs
Rentrée politique : Les discours royaux donnent le ton
Pour avoir une idée des réels dossiers de la rentrée, il faudrait plutôt regarder du côté des deux derniers discours du Roi Mohammed VI.

C’est une question récurrente. Un «marronnier» dans le jargon journalistique. Quels sont les chantiers qui attendent le gouvernement à la rentrée ? A priori, l’ordre du jour de sa première réunion après ses «brèves» vacances, jeudi 26 août, ne donne aucun indice en ce sens. Sauf si l’on considère que l’amendement du décret relatif à la vocation des établissements universitaires fait partie de la réforme de la santé qui, elle, fait partie des grands chantiers de la rentrée. Cependant, le ton a été donné la veille, à la réunion consacrée au RSU. On pourrait aussi considérer que la lettre du cadre relative au PLF 23, cette année plus commentée que jamais, fixe les priorités du gouvernement pour le prochain exercice budgétaire. Cela dit, pour avoir une idée des réels dossiers de la rentrée, il faut plutôt regarder du côté des deux derniers discours qui, d’habitude, portent les orientations générales non pas du gouvernement, mais de l’Etat dans sa globalité. D’ailleurs, et c’est une constante dans les déclarations de Aziz Akhannouch, l’action de son équipe s’inscrit pleinement dans le cadre des orientations et directives royales. Or, dans les discours du Trône et du 20 Août, «nous pouvons constater que le Souverain a, d’ores et déjà, inscrit dans l’agenda du gouvernement cinq priorités d’ordre législatif et exécutif. Cela en attendant de nouvelles orientations dans le cadre du discours d’ouverture du Parlement en octobre prochain», relève Omar Cherkaoui, politologue et professeur du droit. Dans le lot figure le projet de réforme de la Moudawana et le renforcement des droits de la femme, la réforme du système judiciaire et institutionnel relatif aux Marocains du Monde, renforcer et assainir la gouvernance de l’investissement, consolider la cohésion du front intérieur pour faire face aux défis à venir, ainsi que la mise en œuvre du registre social unifié comme mécanisme de gestion des aides directes adressées aux personnes défavorisées.
Réformes majeures
Sans sortir de ce cadre des orientations royales, l’Exécutif s’apprête à donner corps à deux réformes majeures. Il s’agit des réformes portées par la loi-cadre relative au système de la Santé pour accompagner la généralisation de l’AMO, un chantier que le gouvernement doit boucler avant la fin de l’année, et la loi-cadre relative au système de l’enseignement dont la mise en œuvre connaîtra un point d’inflexion à compter de cette rentrée. La deuxième année du mandat du gouvernement et son premier véritable projet de Loi de finances devrait certainement, et cela la lettre de cadrage y fait d’ailleurs allusion, comporter des mesures concrètes aussi bien en ce qui concerne l’amélioration des infrastructures et de l’offre de soins que de l’école publique et de la qualité de l’enseignement qui y est dispensé.
Cela dit, naturellement, la poursuite des réformes sociales devrait aboutir d’un côté à la généralisation de la protection sociale, un chantier également en cours, et la mise en œuvre de la restructuration du système des aides directes accordées aux couches les plus démunies. En restant dans la thématique Etat social, l’une des mesures qui doivent forcément figurer dans le prochain exercice budgétaire, ce sont les termes de l’accord social conclu avec les partenaires sociaux à la veille du 1er Mai dernier. Que ce soit pour les secteurs de l’enseignement ou de la santé, ayant bénéficié d’accord particulier ou pour le reste des fonctionnaires et des salariés, des mesures concrètes sont attendues pour renforcer le pouvoir d’achat. Et si cela tombe au moment de la concrétisation de certaines dispositions de la loi-cadre relative à la fiscalité, c’est encore mieux, y compris pour l’entreprise. Cela devrait forcément se répercuter sur l’investissement et donc la création de l’emploi. En parlant affaires, un autre texte non moins important et tout aussi attendu pour cette rentrée devrait être mis en application dès sa promulgation qui ne saurait d’ailleurs tarder. Il s’agit de la charte de l’investissement dont le projet de loi-cadre y afférent a été adopté le 22 juillet dernier à la première Chambre.
En attendant, le gouvernement devra faire face au plus urgent. Deux dossiers brûlants : La gestion de la rareté de l’eau et de la cherté de l’énergie. Dans le premier cas, les mesures mises en place par le gouvernement ont permis de mettre à l’abri les grandes villes, et les moins grandes d’ailleurs, de la pénurie de l’eau potable. Ce n’est pas suffisant. Pour ce qui est du deuxième dossier, sa gestion dépend fortement des aléas internationaux. La souveraineté énergétique, mais aussi alimentaire et sanitaire est érigée en priorité absolue. Le gouvernement est également attendu sur ce registre.
