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Pouvoirs

Le PJD a du mal à  prendre ses distances avec le religieux

La séparation entre le PJD et le MUR a lourdement pesé sur les travaux
du conseil national du parti.

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«Contre l’extrémisme et l’éradication». Le mot d’ordre sous lequel se sont tenus les travaux du conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD), samedi 5 juillet 2003, est venu clarifier la position officielle du PJD mis au ban après les attentats du 16 mai. Une méfiance qui s’est accentuée ces dernières semaines après les critiques portées au parti. Celles-ci portaient notamment sur l’ambiguïté engendrée par l’appartenance de la plupart des dirigeants et cadres du PJD au Mouvement unicité et réforme (MUR), association à caractère religieux et social, à discours islamiste.
Les observateurs s’attendaient donc à ce que le conseil tranche sur cette question et procède à une refonte des structures du parti ; cela d’autant plus que les déclarations de Mohamed Khalidi, membre du secrétariat général du parti et fidèle du Dr Khatib, publiées dans les colonnes du quotidien Aujourd’hui le Maroc (27 juin) ont été sans équivoque: «Ceux qui ont un pied dans le MUR et l’autre dans le PJD devront faire un choix : la double appartenance, c’est fini (…). Nous sommes contre l’utilisation de la religion à des fins politiques», avait-il martelé.
Etonnamment, cette question de séparation organisationnelle entre les deux structures (PJD et MUR) n’était pas inscrite à l’ordre du jour du conseil national du 5 juillet. Mais, si le communiqué final est totalement muet là-dessus, il a néanmoins nécessité une mise au point officielle du parti, publiée le 8 juillet dans les colonnes d’Attajdid, suite à la publication, le 7 juillet, par Aujourd’hui le Maroc, des propos d’Abderrahim Chikhi, membre du conseil national. Ce dernier aurait brandi des mots d’ordre de soutien à Ahmed Raissouni et très hostiles au Dr Khatib. Dans sa mise au point, Abdelkrim Khatib affirme qu’il n’avait nullement l’intention de soumettre la question de la séparation au conseil national : «Au contraire, je souscris à leur collaboration pour l’intérêt du pays et dans le cadre de ses institutions et de ses constantes». Selon Attajdid du 9 juillet, M. Chikhi aurait publiquement exprimé son hostilité à l’endroit de M. Khatib et, pour cela, il a été exclu par vote du conseil national.

Quatre heures de débat sur la question de la séparation
Toutefois, selon un membre du secrétariat général, qui a voulu garder l’anonymat, «le Conseil national s’est penché durant quatre heures sur cette question de séparation entre les deux structures, voulue par le secrétaire général. Nous lui avons laissé le soin de trouver le meilleur moyen de la mener à bien». Par ailleurs, comment pourrait-on interpréter l’absence remarquée de Mohamed Khalidi des travaux du conseil? Contacté par La Vie éco, il s’est ainsi expliqué : «Mon absence n’a rien à voir avec les déclarations que j’ai faites. Elle est due à un empêchement personnel. Quant à mes déclarations publiées par Aujourd’hui le Maroc, je les maintiens et j’aurais souhaité être présent pour mieux les défendre. Mon point de vue est simple : il faut que le parti s’achemine vers plus d’ouverture et de tolérance. La bonne marche du parti est conditionnée par la séparation entre le MUR et le PJD»