Pouvoirs
Fête du Trône. Ce nouveau Maroc qui émerge
Le Maroc est sur une nouvelle voie. Un changement de cap perceptible aussi bien en diplomatie, économie, défense et même au niveau social. Les premiers signes de l’émergence d’une puissance en devenir.

Nouveau cap. Lentement mais sûrement, le navire Maroc amorce un virage stratégique. Au point où, quand on évoque le Royaume, l’on hésite plus à lui associer le qualificatif de «puissance régionale». Et parfois même, puissance tout court. C’est que le Maroc s’affirme sur la scène internationale et, surtout, avance aussi et très vite.
Depuis la signature de l’accord tripartite, en décembre 2020, avec les États-Unis et Israël, beaucoup de choses ont changé. Et pas seulement dans le domaine diplomatique. L’axe Rabat-Washington-Tel Aviv s’est davantage renforcé avec la reconnaissance, le 17 juillet, par Israël de la marocanité du Sahara et sa décision d’ouvrir un consulat à Dakhla. La décision ne manquera pas de faire des émules, et tous les regards sont dirigés aujourd’hui vers le Royaume-Uni. De toutes les manières, c’est un processus irréversible. Une centaine d’États, à travers le monde, appuient désormais le Plan d’autonomie.
Le chef de la diplomatie évoque, désormais, tout en pesant ses mots – sa fonction oblige – «le Maroc d’aujourd’hui» et, implicitement, un changement d’ordre «doctrinal». Ce Maroc qui choisit désormais ses partenaires. Certains pays européens l’ont compris et ont agi en conséquence. Ailleurs, en Afrique surtout, le Maroc est perçu en force d’intégration. Depuis qu’il a réintégré l’UA et après avoir réussi, avec ses alliés, à en assainir les instances, le Royaume est désormais un acteur d’intégration régional.
Il est vrai que sa demande d’adhésion à la CEDEAO a pris du temps, quoiqu’étant officiellement toujours à l’étude, les initiatives qu’il a prises depuis dépassent de loin cet espace régional. Le projet du Gazoduc Maroc-Nigéria est de nature à faire émerger une communauté régionale de 13 pays. Le Processus des États africains atlantiques va bien au-delà, avec un groupement de pas moins de 23 États d’Afrique qui représentent 46% de la population africaine, concentrent 55% du PIB africain, réalisent 57% du commerce continental et recèlent d’énormes ressources naturelles. Il n’échappe d’ailleurs à personne qu’à travers cette initiative que les États-Unis envisagent désormais leur partenariat avec une Afrique globale. Après Rabat, la deuxième réunion de ce processus s’est d’ailleurs tenue à New-York et a connu le lancement du Programme d’action pour permettre aux pays membres de réaliser leurs objectifs communs autour de priorités stratégiques. La troisième vient tout juste d’avoir lieu à nouveau à Rabat.
Investissements en cascade
Le Maroc est aujourd’hui vu par nombre de pays, y compris les puissances du monde, comme un trait d’union, une passerelle et même un passage obligé, vers l’Afrique, un grand marché en devenir, mais aussi vers les États-Unis, pays avec lequel il a signé un accord de libre-échange, entré en vigueur en janvier 2006, et dont l’intérêt stratégique n’est plus à démontrer. On peut en dire de même avec l’Union européenne à laquelle le Royaume est lié par un accord d’association. L’annonce en cascade des investissements, principalement dans la nouvelle économie, atteste de cette réalité.
La Chine vient d’annoncer des projets de mobilité électrique en dizaines de milliards de dirhams. La commission d’investissement vient, il y a quelques jours, de valider des projets dans le domaine de la mobilité électrique pour un investissement de 22,5milliards de dirhams. Quatre autres projets, ayant acquis un caractère stratégique, sont toujours à l’étude et devraient porter sur un investissement potentiel de l’ordre de près de 114 milliards de dirhams, qui devraient permettre la création d’environ 16.000 emplois directs et une centaine de milliers indirects.
Le Maroc incontournable
Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, entre autres, s’intéressent, eux, aux énergies renouvelables et à l’hydrogène vert. Avec l’adoption d’une nouvelle Charte de l’investissement et s’appuyant sur un réseau d’infrastructures solides, le Royaume peut déjà se voir comme récipiendaire d’investissements étrangers. Il est, notons-le, aujourd’hui deuxième en Afrique, après l’Égypte, en termes d’attraction des IDE. Dans un avenir très proche, il se hissera sans doute au premier rang.
Le Royaume devient peu à peu incontournable. Incontournable comme nouvel acteur de la mobilité électrique et de l’énergie verte. Incontournable pour garantir la sécurité alimentaire, dans le continent, mais aussi dans le monde. Incontournable dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et dans la sécurité régionale. Incontournable pour l’accès des opérateurs économiques au marché africain. Incontournable comme faiseur, ou du moins comme dynamo, de la paix et de la stabilité régionales. Son positionnement géopolitique est en train de s’affermir jour après jour.
Sans que l’on s’aperçoive réellement, c’est le nouveau modèle de développement, voulu par le Souverain, qui est en train de se mettre en place. Un chantier auquel s’attelle le gouvernement avec dévouement, malgré le difficile contexte et les aléas conjoncturels auxquels il a dû faire face depuis son investiture, en plus des retards énormes accumulés au cours des dernières années dans plusieurs domaines qu’il entreprend de rattraper. Avec méthode et détermination, et en suivant à la lettre les orientations royales, le gouvernement Akhannouch est en train de résoudre la problématique de l’eau – le triptyque Dessalement-irrigation-technologie adopté s’avère déjà payant – de parachever le processus de régionalisation avancée, d’asseoir une équité territoriale en termes d’offre de santé, d’éducation et de formation, d’investissement et d’industrie et de développement local.
Le gouvernement est en train de hisser le Maroc au rang des principales destinations touristiques du monde, le Royaume s’approche à petits pas du Top Ten mondial en termes de recettes touristiques. Le gouvernement, toujours en suivant la voie tracée par le Souverain, est déjà très avancé sur le chantier de l’Etat social et entame de révolutionner la formation professionnelle et l’enseignement supérieur et donc agir en amont sur le marché du travail. Nul besoin d’insister sur le fait que le Royaume connaît un dynamisme économique, social, institutionnel, sportif et culturel faisant de lui un pays de premier plan et important sur la scène régionale et même mondiale.
Une puissance militaire qui s’impose
C’est un constat qui n’échappe à personne. Le Maroc a entrepris, depuis quelques années, de moderniser et de développer les Forces Armées Royales. Ce constat n’est pas seulement perceptible dans la qualité et l’avancée technologique et la puissance des armes dont il s’est doté dernièrement. Le changement est plus profond, il a pour trait la formation, le perfectionnement, la professionnalisation, l’interopérabilité et l’opérationnalisation. Les FAR ont ainsi franchi une étape très avancée dans leurs préparations pour les guerres de demain. Cela se reflète dans la nature de leurs équipements, drones, dispositifs de communication, d’information et de renseignement, système de défenses aérien, système de défenses cybernétique, quadrillage et surveillance des eaux territoriales et évidemment renfoncement des forces terrestres et aériennes. La participation aux différentes missions de maintien de la paix, la multiplication des exercices militaires avec des armées alliées, la signature des accords stratégiques de défense, le partenariat avancé avec l’OTAN, tout cela et bien plus a contribué à hisser le niveau de préparation des Forces Armées Royales. Et dans leur souci de professionnalisation et de projection vers l’avenir, les FAR intègrent désormais la dimension «Prospective» dans leurs fonctions. Dans ce sens, le Souverain vient de décréter la création d’un Centre royal des Études et recherches de défense. En parallèle, le Royaume vient de mettre en place les premiers jalons d’une future industrie militaire qui s’annonce déjà prometteuse.
