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Au Royaume

Youssef CHRAIBI : à  l’à¢ge de 24 ans, il a créé sa première entreprise en France…

Il a flairé très tôt le filon des technologies de l’information et de la communication.
Il est le cofondateur de Marketo.co, une des premières plateformes B2B, rachetée en 2001 par Vivendi.
Outsourcia, société spécialisée dans l’offshoring qu’il a créée en 2003 emploie 450 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 48 MDH en 2009.

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A 34 ans, Youssef Chraïbi est à la tête d’Outsourcia, entreprise en pleine croissance de 450 salariés et spécialisée dans l’offshoring, qu’il a créée lui-même. Ce jeune patron a très tôt misé sur les nouvelles technologies de l’information (NTI), alors même qu’il n’avait pas terminé son cursus à HEC Paris. En effet, on ne saura jamais par quel formidable hasard il va être co-fondateur d’une des premières places de marché sur internet en France : Marketo.com. L’idée était tout à fait nouvelle. Il s’agissait de monter une plateforme qui donne accès aux gestionnaires des PME/PMI aux meilleurs fournisseurs, qu’il s’agisse d’imprimerie, de nettoyage, d’affacturage… La place de marché, elle, se fait rémunérer à raison de 0,5 à 5% sur la transaction effectuée, en fonction des montants en jeu. Youssef Chraïbi et son partenaire d’alors, Loïc Le Meur, avaient investi 100 000 FF (15 250 euros) pour monter le projet. Ils ne resteront pas seuls très longtemps. Flairant la bonne affaire, Europ@web BV, le fonds d’investissement de l’homme d’affaires français Bernard Arnault, y injecte 10 millions d’euros. La société sera finalement rachetée par Vivendi Universal en 2001.
Youssef Chraïbi reste discret sur le montant de la transaction et les profits qu’ils réalisèrent, lui et son associé aujourd’hui très connu dans le monde des NTI. Mais il est évident que le produit de cette vente lui a permis de voler de ses propres ailes plus tôt que prévu. L’argent est nécessaire, mais il faut aussi une vision et de l’audace pour se mettre à son compte.

L’audace et la vision sont ses atouts

Né dans une famille aisée dont le père est cardiologue et la mère travaille dans le prêt-à-porter, le patron d’Outsourcia, très doué, a, dès le départ, jeté son dévolu sur les matières scientifiques. C’est au lycée Lyautey qu’il obtient un bac «C» (math/ physique) à 18 ans. Il s’envole sans tarder vers Paris car il a choisi IP sup Paris, une grande école privée, pour ses prépas. Puis, en 1996, il passe avec succès le concours de HEC Paris.
Il faut croire que là où passe Youssef Chraïbi, il y a une opportunité à saisir. Il est membre actif d’une association d’étudiants qui réclamait que les bourses dont les élèves ingénieurs étaient bénéficiaires à l’époque soient généralisées à ceux des écoles de commerce. Et comme par hasard, l’Etat accède à leur requête. Leurs frais d’études d’un montant de 30 000 FF par an (4 500 euros environ) sont pris en charge par l’Etat et une bourse mensuelle équivalent à 6 000 DH en FF (600 euros) leur est octroyée contre l’engagement de rentrer au pays, une fois leurs études terminées.
C’est en 1999, durant l’année de césure (année durant laquelle un étudiant d’une grande école interrompt ses études pour un stage en entreprise ou d’études dans une fac à l’étranger), que Marketo.com est créé. Et dès qu’elle est revendue à Vivendi Universal, Youssef intègre un cabinet de conseil puis revient à HEC pour achever son cursus. Dorénavant, il sait qu’il ne travaillera plus pour le compte des autres. Une fois son diplôme en poche, il crée en France sa société à laquelle il donne le nom de Outsourcia, en y mettant, lui et un associé, le minimum légal, c’est-à-dire 100 000 FF (autour de 15 250 euros). Cela se passe en 2003.
Par la suite, misant sur l’offshoring, il crée un site à Casablanca d’abord en louant 50 positions chez Attento. Au bout d’une année, il s’installe en propre avec 100 positions. Il mobilise 4 MDH pour l’achat des équipements et l’acquisition des licences pour les logiciels de téléphonie. Le besoin est au rendez-vous et dès le premier exercice, le chiffre d’affaires atteint 7 MDH. Youssef Chraïbi ne va pas dormir sur ses lauriers. Il comprend qu’il faut développer le business sur plusieurs axes. Il y a d’abord l’activité «centre d’appel» qui représente 70% du chiffre d’affaires, mais aussi le développement d’applications informatiques pour des besoins spécifiques des clients et la formation à l’adresse d’une clientèle qui veut recycler le personnel ou faire de la formation continue sur des créneaux très pointus.

Il se prépare à ouvrir un nouveau site en France

L’autre grand chantier sur lequel s’affaire Outsourcia, ce sont les solutions mixtes (offshore et onshore). C’est pour cela que Youssef Chraïbi est en train de monter un site à Evreux. «Nous allons commencer par 40 positions et cela n’est qu’un début dans cette zone franche de Paris. Mais avec notre portefeuille de client qui compte Manuton, leader des ventes par correspondance, Legrand, Toyota, Pixmania, boutique M6, Aquarelle…, je ne doute pas une seconde que la demande est là et que le marché est très porteur», explique-t-il.
On peut croire Youssef Chraïbi car, actuellement, les trois sites marocains de Outsourcia, dont un de 1 500 m2 à Casaneashore, emploient 450 personnes pour un chiffre d’affaires qui s’est établi à 48 MDH en 2009.
Du reste, tout le monde croit en lui et ses pairs de l’Association marocaine des centres de relation client (AMRC) qui emploie au total quelque 20 000 personnes, viennent de lui confier en janvier dernier la présidence de leur association.