Société
Marché solidaire de l’Oasis, une expérience réussie d’inclusion des femmes…
Le double défi de la valorisation des produits et la réduction de la précarité des femmes est relevé… Cosmétiques, miel, produits d’artisanat, huiles et épices forment le top 5 des ventes. Le panier moyen est de 240 DH. Le nombre de coopératives membres de ce centre commercial a atteint 245 contre 150 à son inauguration en mars 2017.

Promouvoir et valoriser les initiatives des acteurs de l’économie sociale et solidaire est l’objectif visé à travers le Marché solidaire de l’Oasis à Casablanca. Inauguré en mars 2017, cet espace dédié aux produits du terroir et de l’artisanat connaît un franc succès. En atteste l’affluence quotidienne qui atteint, selon les commerçants, plus de 300 personnes le week-end et près de 150 en semaine. Et il ne s’agit pas de simples badauds venus juste faire un tour, mais d’acheteurs effectifs qui ne repartent pas les mains vides. Selon un couple rencontré lors de la visite du marché, «depuis l’ouverture de ce marché, nous achetons les épices, les plantes aromatiques, le miel, l’huile d’olive et les dattes ici. Et tous les samedis nous faisons un tour et partons toujours avec quelque chose». Selon la Fondation Mohammed V pour la solidarité, le Marché solidaire de l’Oasis a reçu 450 000 visiteurs depuis son ouverture en mars 2017.
Véritable vitrine de la richesse et de la diversité des produits locaux, ce marché offre, en vente directe, plusieurs milliers de références: produits d’alimentation (huiles d’olive et d’argane, amlou, confitures, herbes, couscous, safran, etc.), produits de cosmétique (huiles essentielles, plantes aromatiques et médicinales, eaux florales, etc.), produits de vannerie, de maroquinerie, de tapisserie… Tous ces produits sont proposés au prix du producteur, la règle du commerce équitable étant un des fondamentaux de cet espace.
Les prix vont de 10 à 1200 DH pour des produits artisanaux. «Ce qui est un énorme avantage pour nous, touristes, qui n’avons plus à marchander comme auparavant. Les prix sont affichés, les ingrédients figurent sur les emballages et il y a des personnes qui peuvent nous conseiller sur l’utilisation ainsi que la conservation et la consommation de ces produits», nous livre un touriste français qui est déjà venu l’été dernier. Et cette fois, poursuit-il, «j’ai trois listes que m’ont remis des amis à qui j’ai fait goûté le miel, l’huile d’argane, l’origan et les dattes». Une autre touriste du groupe opine : «Ce marché nous évite, d’une part, d’acheter des produits qui risquent parfois de ne pas être de bonne qualité dans divers souks, et, d’autre part, de ne pas se faire arnaquer. J’adhère totalement à ce type de marché car c’est pour la bonne cause…L’expérience devrait être dupliquée dans d’autres villes comme Marrakech, Agadir ou Fès». Et la bonne cause a une double facette : d’une part, aider et promouvoir les coopératives marocaines, en particulier celles fondées et portées par des femmes, et, d’autre part, valoriser les produits du terroir locaux des diverses régions ainsi que l’artisanat. Ce qui explique la représentation des diverses régions du pays via les coopératives partenaires de la Fondation Mohammed V pour la solidarité qui a initié, en 2017, ce projet de Marché solidaire. Aujourd’hui, selon les statistiques de la fondation, le nombre de coopératives membres de cet espace commercial a atteint 245 contre 150 à son inauguration en mars de l’année dernière. Et toutes les régions sont représentées avec une présence plus prononcée des régions de Fès-Meknès, Béni-Mellal-Khénifra et de Souss-Massa-Draa avec plus de quarante coopératives pour chaque région. Les coopératives venues de Marrakech-Safi sont au nombre de 25, quant aux régions de Rabat et Casablanca, elles comptent respectivement 18 et 17 coopératives. Pour les régions du Sud du Maroc, notamment Dakhla, Laâyoune et Guelmim, elles sont présentes globalement via six coopératives. Et pour renforcer la présence de ces régions et élargir la couverture géographique à la région de Guelmim-Oued Noun, un projet dédié de mise à niveau des coopératives issues de cette région a été monté, expliquent les responsables de la Fondation MohammedV pour la solidarité, «en vue de permettre aux coopératives d’intégrer, au même titre que les autres coopératives partenaires, le circuit de commercialisation lié au Marché solidaire, selon les normes et conditions qualitatives et sanitaires en vigueur. Un budget de 8 millions de dirhams est engagé en ce sens».
Le marché regroupe une offre de plus de 5 000 références de produits du terroir
La création de ce marché est, rappelons-le, une initiative de la Fondation Mohammed V avec des partenaires qui ont une sensibilité par rapport à la commercialisation des produits de l’artisanat et du terroir, notamment l’Agence de développement agricole, le Secrétariat d’Etat chargé de l’artisanat et de l’économie sociale, Cofarma, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), Maroc PME, Crédit Agricole et la Mutuelle agricole marocaine d’assurance. Il est géré selon le modèle d’une association de gestion regroupant les divers partenaires afin d’assurer la durabilité et le fonctionnement du centre. Et pour cela, la fondation accompagne et soutient les coopératives membres dans leur développement. A cet effet, la fondation précise qu’«un programme a été mis en place avec le Crédit Agricole et vise la mise à niveau des coopératives partenaires et la valorisation de leur production, conformément aux dispositions de délivrance des agréments ONSSA. Ainsi, sur les 245 coopératives partenaires, 40 ont été ciblées pour l’exercice 2018». Et la fondation de préciser qu’«une commission composée de l’ADA, de l’ONSSA, du Crédit Agricole et de la délégation régionale concernée de l’agriculture assure l’évaluation et le suivi terrain. Pour financer ce projet, une enveloppe d’un montant de 5 MDH est engagée, notamment pour la réalisation des réaménagements des locaux des coopératives, l’acquisition de matériel aux normes et l’accompagnement dans les procédures d’obtention de l’agrément ONSSA». Cette phase constitue la première étape pour l’obtention de l’agrément ONSSA nécessaire à la commercialisation des divers produits alimentaires cosmétiques et artisanaux.
Le Marché solidaire dispose aujourd’hui d’une offre unique de 5 371 références de produits du terroir et de l’artisanat contre 2 000 à l’ouverture du marché qui est sur deux niveaux. Les produits des terroirs sont disponibles dans les zones centrales du marché et ceux de l’artisanat au niveau des zones latérales. Les visiteurs découvrent ainsi une large palette de produits alimentaires et cosmétiques inédits. Pour l’artisanat, ils découvrent également des produits issus de la vannerie (paniers, plats, tabourets…), de la maroquinerie (sacs, cartables), en thuya (coffrets, plats, bols…), les tapis, les poteries, le textile. De quoi, selon une cliente rencontrée dans le marché, «aménager et décorer son chez soi de façon typiquement marocaine, néanmoins originale».
Les visiteurs, principalement casablancais, mais aussi ceux venant des autres villes et en particulier pendant les vacances scolaires, n’ont que l’embarras du choix. Selon les statistiques communiquées par la Fondation Mohammed V, il s’est vendu 723 414 produits depuis l’ouverture en mars 2017. Le premier bilan d’activité du Marché solidaire révèle que 78% du chiffre d’affaires du Marché solidaire provient des ventes des produits cosmétiques, du miel, des produits d’artisanat, des huiles alimentaires ainsi que des épices. Produits qui constituent le top 5 des ventes du marché. On retiendra également que le panier moyen est de l’ordre de 240 DH.
Au-delà de l’aspect commercial, il faut souligner que ce marché qui a nécessité un investissement de 16,5 MDH a, également, et ce, conformément à son objectif initial, un rôle social certain. Il a permis le soutien et la valorisation des initiatives des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). En particulier les activités de production initiées par les femmes en situation de précarité dans les secteurs des produits du terroir et de l’artisanat, qui souffrent d’un manque d’accès aux canaux de la distribution classique nationale. L’accompagnement apporté à ces activités économiques a permis à plusieurs femmes de prendre leur destin en main et de sortir de leur situation d’extrême précarité. Elles ont pu relever le défi de l’autonomisation financière. Selon les responsables de la fondation, «les femmes des coopératives réussissent certes à assurer un revenu minimum généré par la commercialisation locale, mais celui-ci est insuffisant et irrégulier. En revanche, avec le Marché solidaire, c’est une nouvelle étape qui s’est imbriquée dans la chaîne de solidarité mise en place par la fondation. Un nouveau canal de distribution leur est offert, avec des débouchés commerciaux et des opportunités de développement». En témoignent les cas des associations Tafaout des femmes rurales pour la fabrication des tapis de Tazenakht, le Groupement d’intérêt économique du Rif pour la production de l’huile d’olive à Ouezzane ou encore la coopérative d’apiculture Al Yasmine de Sefrou. Ghita, Hanane et Amal, responsables de ces coopératives, témoignent du succès du soutien de la fondation qui a permis de regrouper les femmes qui travaillaient auparavant de façon isolée, de les rendre plus productives et surtout plus autonomes dans la mesure où elles sont aujourd’hui devenues des gestionnaires de leurs affaires, tout en restant artistes dans leur âme. Tout comme le Marché solidaire leur a permis de porter un regard nouveau sur le monde qui les entoure et d’instaurer un véritable esprit de solidarité.
[tabs][tab title = »Marchés paysans écosolidaires : encourager les agriculteurs à produire sain et équitable« ]«A chaque fois que vous achetez bio et local, vous encouragez les agriculteurs à cultiver bio et de saison», c’est la devise des marchés paysans écosolidaires lancés, en 2016, par le Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc. Composé de personnes, de collectifs ou de structures autonomes réunis par la démarche agroécologique, ce réseau a tenu son premier forum en 2016 pour sensibiliser les consommateurs à une production bio, saine et locale. Et cela ne peut se faire, selon les responsables du RIAM, qu’à travers des synergies entre les producteurs et autres agriculteurs de produits bio. C’est ainsi qu’a été lancé le concept du marché paysan écosolidaire. Le développement du RIAM est soutenu depuis janvier 2013 par une association marocaine de développement local – Sala Almoustaqbal – et par une association française à l’international – Terre et Humanisme France – Pratiques écologiques et solidarité internationale. Le développement des marchés paysans est soutenu par l’élaboration d’une charte d’engagement des producteurs répertoriant les conditions à respecter dans leurs modes de production, la conduite des fermes, et les règles sur le marché. Chaque marché paysan travaille avec des producteurs locaux qui s’adaptent au contexte local. Ces marchés se développant dans les grandes villes pour une classe moyenne, voire aisée, sensible aux modes de consommation durable. Y sont vendus des fruits et légumes, des fleurs, des fruits secs, des céréales, des animaux de petit élevage, des œufs, des produits laitiers. Le tout étant local et de saison. Le premier marché paysan a été lancé à Mohammédia en avril 2016. Ont suivi ceux de Marrakech en mai 2016, de Casablanca en novembre 2016, de Rabat en janvier 2017 et de Dar Bouazza en juillet 2017. L’objectif est d’offrir aux consommateurs des produits sains, éthiques, locaux et de saison, à des prix justes, équitables et accessibles. Ils ont aussi pour but de contribuer au rétablissement des liens de solidarité, tant humains que commerciaux, entre les producteurs des zones rurales et les consommateurs urbains, en offrant aux producteurs de l’agriculture paysanne durable. Selon le RIAM, les cinq souks paysans écosolidaires sont hebdomadaires ou bi-mensuels. Ils réunissent 10 à 12 producteurs en moyenne et reçoivent 50 à 100 clients réguliers en moyenne. En vue de leur développement, il est prévu de créer une association nationale fédérant les différents comités d’organisation des MPES, afin de renforcer l’identification des marchés respectant la Charte du RIAM, aider à la création d’autres MPES dans d’autres grandes villes du Maroc, accompagner et former les producteurs exposants aux règles d’hygiène, de la conservation et de la transformation, ainsi qu’aux normes ONSSA. Il est également prévu de mettre en place un système de contrôle de conformité des produits vendus.[/tab][/tabs]
