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Jeux olympiques-Palmarès : Une histoire et un bilan de 24 médailles dont 7 en or pour le Maroc
Il n’y a aucun doute sur le fait que le Maroc a été le digne représentant sportif de l’Afrique et du monde arabe et qu’il a inscrit son nom dans les annales olympiques grâce à ses athlètes historiques.

Dans quelques jours, le centre d’intérêt du monde du sport et des millions de téléspectateurs sera la ville de Paris avec les JO 2024. Il va sans dire que les Marocains tiennent à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire olympique. Une délégation d’athlètes de haute volée est partie pour hisser haut le drapeau national. Outre l’athlétisme, avec le champion Soufiane El Bakkali, le public compte sur l’équipe nationale de football U-23 du Maroc. De jeunes joueurs, excellents les uns que les autres, sont impatiens de rivaliser avec les grandes équipes du monde et à donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain. En fait, depuis les JO de Rome en 1960, le bilan du sport national sur le podium se résume à deux disciplines : l’athlétisme et la boxe. Raison pour laquelle l’espoir est grand de voir l’équipe de football réaliser l’exploit.
Les Jeux olympiques constituent une grande occasion où le monde se retrouve pour concourir, se sentir inspiré et être ensemble. Une grande manifestation sportive suivie par des centaines de millions de téléspectateurs à travers tout le globe. En 1960, lors des JO de Rome, le Maroc était présent pour la première fois et remporta une médaille d’argent aux épreuves du marathon grâce à l’athlète Abdessalam Radi. Ce n’est que 24 ans plus tard que le Maroc va renouer avec le succès lors des JO de Los Angeles en 1984.
Deux médailles d’or de Nawal El Moutawakkil et Said Aouita consacrèrent le Royaume au tableau des médailles. Le chemin fut ainsi tracé pour la suite, puisque le Maroc gagnera de l’or aux JO de Séoul 1988, médaille remportée par Brahim Boutayeb, et en 1992 aux JO de Barcelone grâce à Khalid Sekkah. En 2002, aux Olympiades d’Athènes, c’est Hicham El Guerrouj qui va épater le monde en gagnant deux médailles d’or dans les courses les plus prestigieuses de demi-fond (1.500m et 5.000m) et, enfin, le champion actuel du 3.000m steeple, Soufiane El Bakkali, couronné d’or aux JO de Tokyo 2020. Il est à signaler que la plupart des médailles gagnées par le Maroc aux Olympiades sont partagées entre l’athlétisme (19 médailles dont 7 en or, 5 en argent et 8 en bronze) et la boxe (4 médailles de bronze).
Nawal El Moutawakkil
la révélation de Los Angeles
Nawal El Moutawakkil, la gazelle de l’Atlas, a écrit son nom en or en gagnant haut la main l’épreuve du 400 m haies, devenant ainsi la première femme arabe, musulmane et africaine à remporter une médaille d’or olympique. Ce jour-là, en 1984, se souvient Nawal, «je n’arrêtais pas de répéter au fond de moi que j’en suis capable, que je pouvais le faire, je peux atteindre la finale. Et au fur et à mesure que les secondes passaient sur la piste, et après deux ou trois haies, ma confiance s’est décuplée. J’ai commencé à me dire c’est ton jour Nawal même si le public à Los Angeles encourageait en ce moment la championne américaine Judi Brown. J’ai gagné la médaille d’or en fin de compte pour la dédier à tous les Arabes, les Marocains et surtout à feu S.M. Hassan II».
La porte fut donc ouverte aux femmes athlètes marocaines et arabes et ainsi on verra au fil du temps l’émergence de noms comme Fatima Aouam, Nezha Bidouane ou Hasna Benhassi entre autres qui ont hissé haut le drapeau national. L’image de Nawal, sur le podium, en train de pleurer de joie et de tristesse en même temps, car elle venait de perdre son père…, le Maroc, l’Afrique et le monde arabe célébraient Nawal en ce moment. Feu Hassan II l’avait accueillie en personne, l’encourageant à poursuivre son parcours.
Ce grand Roi qui, dans l’euphorie générale, a déclaré son souhait que toutes les filles naissant ce jour-là devaient porter le prénom de Nawal en l’honneur de la championne olympique. Née à Casablanca au quartier Bourgogne en 1962, Nawal est issue d’une famille de sportifs, son père était judoka et sa mère une joueuse de volley-ball.
Elle avait déjà gagné une médaille aux Jeux méditerranéens organisés au Maroc en 1983. La championne marocaine a poursuivi ses études aux USA où elle a eu des diplômes en sciences d’éducation physique comme elle a occupé par la suite des postes en tant que membre du Comité olympique marocain et international, puis la Fédération internationale d’Athlétisme, jusqu’à devenir ministre de la Jeunesse et des sports pendant un certain temps.
Said Aouita, le premier Marocain médaillé d’or olympique
Le champion du monde et champion olympique Said Aouita est une vraie légende dans le monde de l’athlétisme. Il était le maître des courses de fond et la bête noire des athlètes britanniques et éthiopiens qui régnaient avant l’arrivée de Said. Après son succès aux Olympiades de Los Angeles en décrochant la médaille d’or du 5.000 m, Aouita raconte : «J’ai étudié minutieusement tous mes adversaires avant la course finale en me concentrant sur leur stratégie et leur changement de rythme. Ainsi, je suis resté presque le long de la course derrière mon rival qui était en tête jusqu’au dernier tour où j’ai dépassé tous mes adversaires, car j’étais sûr que j’allais l’emporter ce jour-là».
Il a ainsi tracé le chemin à d’autres athlètes marocains qui vont gagner des médailles d’or comme Brahim Boutayeb, Khalid Sekkah, Jawad Gharib et puis Hicham El Guerrouj. La première fois que le large public national connaîtra Aouita c’était en 1983, lors des Championnats du monde d’athlétisme de Helsinki en Finlande. Il a gagné la médaille de bronze.
La même année, il se distingue en raflant deux médailles d’or (5.000 m et 1.500 m) lors des Jeux méditerranéens à Casablanca en 1983. Il a également été champion d’Afrique. De 1984 à 1988, il était incontestablement invaincu. Plus encore, en plus des titres gagnés, il a pulvérisé plusieurs records des courses de demi-fond, on a même baptisé le train rapide Casablanca-Rabat du nom d’Aouita. Ainsi, le parcours de Said est digne des grands athlètes de tous les temps.
JO Athènes 2004, l’heure de gloire pour Hicham El Guerrouj
Un exploit historique que celui réalisé par une autre légende de l’athlétisme national et international, Hicham El Guerrouj. Il a décroché deux médailles d’or dans les deux épreuves les plus prestigieuses : 1.500 m et le 5.000 m. Pourtant, ElGuerrouj était prédestiné au football, mais il va rapidement opter pour l’athlétisme. Il faut dire que l’enfant de la ville des oranges a beaucoup souffert avant d’atteindre le sommet. En effet, aux JO d’Atlanta, en 1996, sa première participation, on se souvient comment il était tombé en pleine course, puis s’est relevé pour continuer et terminer parmi les derniers. Cet incident déconcertant, au lieu de le briser, a complètement boosté sa volonté devenue inébranlable pour relever tous les défis. Ainsi, il remporte le Championnat du monde en 1997 et 1999 comme il a battu en 1998 le record du 1.500m. Malheureusement, Hicham n’a pas pu gagner de l’or aux Olympiades de Sidney 2000, se contentant d’une deuxième place et d’une médaille d’argent. Il était très déçu, mais plus motivé pour la prochaine compétition. Et en 2004, ce qui devait arriver arriva. Hicham se souvient : «Les épreuves difficiles que j’ai connues à Atlanta et Sidney ont forgé ma personnalité. Lors de la première participation, j’étais jeune, je manquais d’expérience. À Sidney, je suis devenu plus mature et plus confiant pour conclure en beauté à Athènes, en 2004, et offrir les deux médailles aux Marocains et à S.M. le Roi qui m’a beaucoup soutenu». Après ces exploits, Hicham El Guerrouj s’est retiré la tête haute en 2006.
Les gagnants d’argent et de bronze
Jusque-là, on n’a parlé que des athlètes qui ont gagné de l’or aux Jeux olympiques, mais il existe bel et bien d’autres qui ne déméritaient pas. Ils sont montés soit sur la deuxième ou la troisième marche du podium. Pour les médailles d’argent, on trouve donc Abdessalam Radi (marathon, JO de Rome 1960), Rachid Lebsir (1.500 m, Barcelone 1992), Hicham El Guerrouj (1.500 m, Sidney 2000), Hasna Benhassi (800 m, Athènes 2004) et Jawad Gharib (marathon, Pékin2008). Quant aux médailles de bronze, il y a Said Aouita (800 m, Séoul 1988), Salah Hissou (10.000 m, Atlanta 1996), Khalid Boulami (5.000 m, Atlanta 1996), Nezha Bidouane (400 m haies, Sidney 2000), Brahim Lahlafi (5.000 m, Sidney 2000), Ali Zine (3.000 m steeple, Sidney 2000), Hasna Benhassi (800 m, Pékin 2008) et Abdalaati Iguider (1.500 m, Londres 2012).
D’autres Golden champions…
S’il va de soi que Said Aouita et Nawal El Moutawakkil sont les pionniers de la renaissance de l’athlétisme marocain, les premiers à avoir décroché de l’or olympique, il existe bien une relève tout aussi performante. Dans les années qui ont suivi l’épopée de Los Angeles, on a pu voir l’émergence d’une nouvelle génération prête à porter le flambeau. Et le drapeau marocain a donc flotté à Séoul lors des JO de 1988 et à Barcelone aux JO de 1992 grâce à Brahim Boutayeb et Khalid Sekkah.
Brahim Boutayeb, le plus jeune coureur marocain médaillé d’or
Originaire de la ville de Khémisset (comme les champions nationaux des années 1970, Aqqa El Ghazi et Haddou Jadour), Brahim Boutayeb ne savait pas qu’il allait épater le monde entier en 1988. Il n’avait pas encore 21 ans lorsqu’il se retrouva sur la piste des 10.000 m aux Jeux olympiques organisés en Corée du Sud aux côtés de coureurs chevronnés de cette épreuve, particulièrement les Kenyans. Ce jour-là, Boutayeb n’a pas seulement gagné, mais il allait même battre le record de cette distance si, par manque d’expérience, il n’avait pas perdu quelques précieuses secondes pendant les derniers mètres quand il n’arrêtait pas de se retourner pour guetter ses adversaires.
Tokyo et les JO de 2021, une autre médaille d’or de Soufiane El Bakkali
Natif de la ville de Fès, Soufiane El Bakkali a réussi à offrir une médaille d’or, gagnée dans le 3.000 m steeple au Maroc. L’or que l’on n’a plus gagné depuis 2004. C’est ce garçon qui va mettre fin à la domination des Kenyans sur cette distance qui a duré depuis les JO de 1980 à Moscou. Depuis, Soufiane El Bakkali ne rate aucune occasion de confirmer son statut de grand athlète devenant deux fois champion du monde et remportant deux fois la Ligue de Diamant. C’est dire que tous les Marocains voient en lui un autre Hicham, capable de gagner plus d’une médaille d’or à Paris. Pourquoi pas.
Khalid Sekkah, de l’or à Barcelone également
En 1992, lors des JO de Barcelone, le Maroc était devenu un habitué du podium. Les observateurs et autres spécialistes suivaient désormais de près les athlètes marocains. La révélation cette fois-ci s’appelait Khalid Sekkah. Un coureur d’exception originaire de la ville de Midelt et décidé à dire son mot. Le grand favori était pourtant le Kenyan Richard Chelimo, celui-là même qui allait établir le record du monde du 10.000 mètres à Stockholm, le 5 juillet 1993. Mais à Barcelone, c’est Khalid qui décroche la précieuse médaille d’or en battant Chelimo de vitesse sur les 200 derniers mètres de la ligne d’arrivée. Le Maroc entre encore une fois dans l’histoire.
Et les médailles olympiques de la boxe ?
L’athlétisme est certes la discipline à travers laquelle le Maroc compte 7 médailles d’or olympiques. Mais il y a aussi la boxe marocaine qui a également marqué sa présence sur les podiums des JO. On n’oubliera jamais cette première médaille de bronze décrochée par le champion Abdelhak Achik à Séoul, en 1988, puis par son frère également, Mohamed Achik à Barcelone, en 1992, puis le Marrakchi Tahar Temsamani à Sidney, en 2000, et enfin Mohamed Rabiî à Rio de Janeiro, en 2016.
