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Influences

L’entraîneur enchanteur : De la gloire à l’enfer de la misère

Le coach mythique Oscar Fulloné était connu pour sa fameuse casquette, ses lunettes de vue à monture d’écaille, le bandage sur sa main droite, son éternelle cigarette au bec, mais aussi ses frasques fiscales qui lui ont valu de ne pas accompagner le Raja à sa première participation au Mondialito.

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Il parvenait à envoûter tout le monde grâce à son intelligence et aux titres gagnés avec plusieurs clubs africains.

Le Raja de Casablanca n’aura jamais connu, depuis sa création en 1949 et jusqu’à nos jours, un entraîneur comme l’Argentin Oscar Fulloné qui a réalisé tout ce dont le public des Verts rêvait. Cinq trophées, à savoir un championnat national, la Champions League, une Coupe afro-asiatique, une Coupe des champions arabes ainsi qu’une Super Coupe d’Afrique. C’était en effet, comme on le lui reconnaissait, quelqu’un de très perspicace. On l’a surnommé le magicien, et c’en était vraiment un. Il parvenait à envoûter tout le monde grâce à son intelligence et aux titres gagnés avec plusieurs clubs africains. Il était connu pour sa fameuse casquette et ses lunettes de vue à monture d’écaille, ainsi que par un bandage qui ne quittait quasiment jamais sa main droite, au point où l’on colportait qu’il l’avait eu de chez un charlatan en Afrique de l’Ouest, pour chasser la poisse. Cela sans parler de l’éternelle cigarette au bec lorsqu’il restait debout presque pendant tout le match, serein, calme, distribuant ses instructions à tous les joueurs. Il avait déjà pratiqué en Argentine, son pays d’origine, comme il a connu des expériences en Norvège et en Angleterre, avant d’atterrir au stade de l’Oasis à Casablanca suite à une bonne prestation en Côte d’Ivoire.
Champion d’Afrique avec le Raja, Oscar Fulloné devait mener les Aigles à leur première participation en Coupe du monde des clubs en 2000.
Le coach des Verts n’arrêtait pas pourtant de trouver des prétextes pour éviter d’accompagner l’équipe. En fin de compte, les responsables du Raja vont découvrir qu’il est poursuivi pour évasion fiscale dans son pays et qu’il risque une extradition s’il atterrit au Brésil. Ce grand problème imprévisible va mettre les dirigeants du Raja dans une mauvaise posture et il fallait donc se bouger. Tout le monde est alors rapidement convaincu que l’homme de la situation ne pouvait être que Fathi Jamal, l’enfant du club, qui est très au courant de tous les rouages du vestiaire.
Après avoir gagné un nombre impressionnant de trophées avec les Verts, il passe à côté… du terrain l’Oasis au complexe Benjelloun chez le rival traditionnel du Raja, le Wydad de Casablanca.

Une grande aventure qui tourne au désastre…
Avec les Rouges, absents des podiums depuis leur sacre continental de 1993, Oscar va gagner le titre de la Coupe des Coupes africaines en 2002. C’est l’un des rares entraîneurs qui était très respecté, aimé et estimé à la fois par le public du Raja et celui du WAC. Il quitte le Maroc alors qu’il est au summum de la gloire pour s’aventurer dans des pays arabes et africains, mais sa très forte nostalgie du Maroc le faisait toujours revenir au Royaume et ses premières amours.
Malheureusement, il va sombrer plus tard dans une sorte de descente aux enfers, des années durant, après avoir fait le tour en tant qu’entraîneur du KAC de Kénitra, du MAS de Fès et finir par entraîner même des clubs amateurs (Rabita de Casablanca, Jawhara de Guelmim) pour faire plaisir à ses amis rajaouis.
Oscar a beaucoup souffert, n’ayant plus de source de revenus, et les choses vont empirer avec le décès de sa femme quand il commença à tenter à plusieurs reprises de se suicider, dégoûté par le dédain et l’abandon de ses « amis » avec lesquels il était très généreux. Heureusement que certains supporters casablancais, des bienfaiteurs, lui venaient en aide pour qu’il puisse survivre. En fin de compte, il va se retrouver en tant que consultant dans une radio spécialisée avant de quitter ce monde le 22 mars 2017.