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Exclusif. Hassan El Fad : L’autre visage de Kebbour Bennani Smires
Méticuleux, rigoureux et talentueux, comme l’attestent ses séries, ses films et ses one-man-shows. La star du rire se prête au jeu des questions-réponses depuis le Canada où il est désormais installé.

Les arts de la scène n’ont aucun secret pour lui. Depuis son premier one-man-show «Ninja» qui date de 1997, son visage ne quitte plus le petit écran comme les salles de spectacle. Doté d’une faculté prodigieuse de métamorphose, il entre dans la peau de divers personnages pour dépeindre avec justesse et professionnalisme les réalités sociales du Maroc et les tourner en dérision. Hassan El Fad, humoriste multi-talents par excellence, se livre et répond aux questions de La Vie éco. Il revient sur son enfance, ses débuts, sa passion pour la musique et l’écriture. Révélations sur son absence de la télé pendant ce mois de Ramadan et sur ses futurs projets.
«Kebbour» se confie sans retenue.
Vous présentez pendant ce Ramadan la série «Madame Smiress». Quels sont les échos ? Comment réagissez-vous face aux critiques ?
Il y a des critiques positives et d’autres négatives, c’est normal. Ce qui est certain, c’est que «Madame Smiress» a réussi le challenge de passer uniquement et exclusivement sur YouTube, réalisant un nombre important de vues. Le personnage de «Kebbour» a un public fidèle qui l’attend chaque année et qui se compte par millions. On ne travaille pas pour plaire aux autres, on travaille pour partager ce qu’on aime.
Pourquoi El Fad a choisi de diffuser «Madame Smiress» sur YouTube et non pas à la télé ?
Après avoir révélé «Kebbour» à la télévision, puis au théâtre avec «Who is Kebbour?», j’ai eu envie de lui faire vivre l’expérience de la Toile. Concevoir un projet pour le web demande des techniques artistiques particulières au niveau du rythme et du traitement en général. Je me suis dit que c’était le temps de tenter l’expérience digitale et de faire de «Kebbour» une web série au lieu que ça soit une série télé.
Vous incarnez le personnage de Kebbour pendant plusieurs années, ne risquez-vous pas de sombrer dans la redondance ?
J’incarne le personnage de «Kebbour» depuis une dizaine d’années et nous sommes dans une logique de saga. Certaines personnes s’attendent à un changement radical tous les ans. Mais dans ce genre de série, les changements sont dans son ADN.
Que pensez-vous de l’humour au Maroc actuellement ?
De manière globale, je pense qu’il y a une bonne dynamique humoristique au Maroc, surtout avec l’émergence de plusieurs jeunes talentueux et créatifs, qui proposent leur univers et leurs technicités. Mais je pense que les projets manquent de diversité.
La famille joue-t-elle un rôle dans l’épanouissement personnel et professionnel de Hassan El Fad ?
Ma famille a joué un rôle très important dans mon épanouissement et dans ma maturité personnelle et artistique. J’ai eu la chance d’avoir des frères et sœurs ainés très inspirants et un papa très ouvert qui m’encourageait tout le temps.
Quels souvenirs avez-vous gardé de votre enfance ?
Je garde de mon enfance un mélange de douceur et d’aigreur, avec beaucoup d’évènements, d’émotions, d’amour et de tendresse. Je me souviens des moments que j’ai passés au quartier Ain Sebaâ dans lequel j’ai grandi, de sa diversité, de sa proximité de la mer, ainsi que des gens que j’ai côtoyés à cette époque-là. J’ai vécu une très belle enfance et j’en suis nostalgique.
On sait que vous aimez la musique, quelle place a-t-elle dans la vie de Hassan El Fad ?
Aujourd’hui, je considère la musique comme un outil de contemplation. Je ne joue plus comme un professionnel, je joue pour me divertir et pour me faire plaisir. La musique était mon métier pendant plusieurs années. Elle me permettait de me sociabiliser, d’épater les gens et de les rendre heureux.
Quand et comment est née votre passion pour l’écriture ?
Ma passion pour l’écriture est née quand j’étais au conservatoire. J’ai eu la chance d’être l’élève du dramaturge Bouchaib Talii. J’ai vu l’une de ses pièces de théâtre qui était magnifique. Un vaudeville tellement pétillant qui m’a beaucoup inspiré. J’ai commencé à lire les pièces d’Ahmed Taïeb El Alj, et j’étais fasciné par la magie de l’arabe dialectal.
Je pensais que la darija était juste un outil de communication, mais mon professeur Bouchaib Talii m’a fait comprendre qu’elle est aussi un outil de création et un champ d’expression artistique très intéressant. Depuis ce jour-là, j’ai commencé à m’intéresser à l’étymologie des mots, à leur sens et à leur évolution.
Des difficultés au début de votre carrière de comédien ?
Nous trouvons des difficultés dans chaque étape de notre carrière. À mes débuts, j’ai eu la chance de rencontrer le réalisateur Omar Chraibi qui était aussi mon producteur. Il m’a fait éviter beaucoup d’embuches et m’a mis sur la bonne voie.
Quid de votre travail de comédien, comment élaborez-vous un sketch, vos sources d’inspiration… ?
Mes premières sources d’inspiration sont notre mémoire, notre vécu et nos rapports avec la société. J’aime observer et analyser. Par exemple, pour écrire la série «Tendance», je me suis documenté sur la société marocaine, en considérant que je ne la connais pas. L’objectif est de pouvoir créer un regard caustique et décalé. En plus, il faut savoir que les sketchs ne s’écrivent pas de la même façon. Chacun dicte la manière avec laquelle il devrait être élaboré.
Vous avez certainement des projets futurs ?
Pour le cinéma, je suis en train de travailler sur un long métrage canadien, avec la même boîte de production du film «Les Vieux chums». Le scénario sera finalisé d’ici l’été. Pour la scène, j’ai commencé à mettre au point un nouveau spectacle.
«Kebbour» fête ses dix ans
Apparu pour la première fois dans la série à grand succès L’Couple, «Kebbour» a su conquérir tous les foyers marocains et faire rire l’ensemble du Royaume. Depuis, Hassan El Fad ne lâche plus son célèbre personnage de campagnard avec son bonnet et sa grosse moustache mal soignée, qu’il fait revivre chaque Ramadan.
L’Couple qui met en scène le quotidien d’un couple de paysans marocains, Kebbour (Hassan El Fad) et Chaïbia (Dounia Boutazout), diffusé de 2013 à 2015 sur la chaîne 2M, avait battu des records d’audience, avec 10 millions de téléspectateurs en 2014. «Kebbour» continue à apparaitre sur le petit écran mais dans d’autres projets, comme «Kebbour w Lahbib» dont la diffusion a commencé en juin 2016 sur la chaîne 2M, qui relate la vie de deux paysans qui essaient de s’adapter à la ville. La série a été visionnée en 2018 par 5,4 millions de téléspectateurs.
Après son grand succès à la télévision, Kebbour s’est donné une nouvelle vie sur les planches, et a entamé en 2017 une tournée africaine et mondiale avec son spectacle «Who is Kabour», mettant en avant le personnage dans toute sa splendeur, avec une mise en scène exceptionnelle représentée sous forme d’interviews sur scène avec ce personnage incorrigible. En 2022, le comédien a fait appel à l’actrice Mounia Lmkimal qui joue le rôle de «Fatiha» pour l’accompagner dans la série télé «Ti Ra Ti», une capsule quotidienne qui a été vue par 8,5 millions de téléspectateurs et a enregistré une part d’audience de 52,1%.
Hassan El Fad choisit cette année de s’afficher plus sur le web. Sa nouvelle série comique diffusée pendant ce mois sacré «Madame Smiress» cartonne sur YouTube. Les premiers épisodes ont pu attirer chacun plus d’un million de vues et à chaque fois remontent dans le Top tendances au Maroc. Dans cette série «Kebbour» épousera «Fatiha» et ils vivront des situations romantiques et des débats au cours de leur vie conjugale.
