Influences
Des ecoles qui ne tournent pas rond…
Ce n’est plus une simple affaire sportive. Depuis quelques années, c’est devenu un vrai «secteur économique», notamment avec la multiplication des «Académies» et autres écoles et centres de formation. Pas uniquement celles relevant des clubs de l’élite, mais aussi des structures associatives, voire d’investisseurs privés, dont certaines arborent les couleurs d’écuries étrangères, notamment européennes. Balle au centre.

Le phénomène de la prolifération des structures de formation en matière footballistique est universel, compte tenu de l’engouement que suscite le ballon rond de par la planète.
Et le Maroc n’est pas en reste. Cela fait un peu plus d’une décennie que des enseignes de formation en football ont commencé à avoir pignon sur rue et ce, dans plusieurs villes du Maroc, notamment là où elles pouvaient miser sur une affluence conséquente.
La tendance s’est amplifiée lorsque de grosses écuries du football européen ont été approchées pour ouvrir des antennes sur le territoire national. On doit encore avoir présent à l’esprit ces panneaux publicitaires sur certains grands boulevards et avenues, annonçant l’arrivée de Arsenal, du FC Barcelone ou encore la Juventus de Turin. Sans oublier les effets d’annonce, sur fond de campagnes de communication, de l’Olympique Marseille ou encore du PSG ou de l’AC Milan. Des projets qui n’ont pas tous abouti. L’exemple des Blaugrana a tourné court, alors que l’antenne des Gunners a fait long feu lorsque le management de l’équipe de la Premier League anglaise a décidé de quitter la zone MENA en optant pour la Chine et les États-Unis d’Amérique pour son implantation.
Hicham Gabriel Guedira, qui s’occupe depuis quelques années du projet de la Vieille Dame turinoise au Maroc, en connaît plus d’un rayon sur, notamment, la prolifération des centres de formation en matière footballistique sous le ciel marocain. Si, grosso modo, les pendules remontent à 2009-2010, la multiplication des projets, elle, date de 2020-2021. Avec, nous confie-t-il, la naissance de projets portés par des parents qui ne trouvaient plus leurs comptes dans les structures existantes dans le temps. Un phénomène d’une grande ampleur au point que l’on ne pourrait s’aventurer à avancer le nombre exact de ces associations qui dépasseraient, selon certaines estimations, la centaine. Encore moins celui des pratiquants davantage difficile à cerner, nous dit un fin connaisseur. Sur fond de ce nouveau paradigme, H. Guedira tient, néanmoins, à restituer le phénomène dans un contexte plus général tout en mettant le bémol. Pour lui, se référant à la loi 30-09 relative au principe de Sport-études, force est de constater qu’il y aurait des nuances à faire entre le concept galvaudé qui renvoie à l’Académie et aux centres ou encore aux écoles de football. Plus encore, ajoute un observateur averti, il ne suffit pas de brandir une enseigne internationale pour se prévaloir d’un dispositif de référence sur un «marché juteux».
De l’impératif de préciser les concepts
En fait, selon différents témoignages, il y aurait à faire le distinguo entre le Sport-études et le Sport-animation/loisir. Deux mondes dont le seul point commun est le ballon rond, ironise un observateur ! C’est qu’il y a plus d’un critère pour prétendre porter le signe emblématique d’une Académie, dont les ingrédients tout autour, notamment le niveau d’encadrement (formateur ou animateur), les infrastructures, les conditions d’exercice (encadrement médical), etc.
Moncef El Yazghi, spécialiste des politiques publiques et des lois du sport, va plus loin dans son analyse, en évoquant les principes mêmes de la nécessité de faire converger les termes de la loi réagissant le secteur avec les pratiques ambiantes. On est de plain-pied dans le fond de la problématique. Pour le spécialiste, il ne s’agit, en fait, que d’investissements dont le seul but est d’engranger des bénéfices sans que cela ne rime avec le respect des dispositions contenues dans la loi-cadre sur le sport, tout en notant que les prix pratiqués se situent, globalement, entre 8 000 et 10 000 dirhams (dans certains cas l’assurance et les équipements ne sont pas inclus) la saison, sans oublier des prestations, dans l’intersaison facturées à l’heure. Et de préciser que le problème fondamental réside dans le manque d’encadrement dans l’écrasante majorité des structures existantes.
Du coup, déduit El Yazghi, on ne pourrait parler de sport-formation mais juste de sport-loisir. Autrement, il y aurait impératif, déclare notre interlocuteur, de mettre de l’ordre dans ce secteur pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés par la loi-cadre, alors que les associations fleurissent comme des champignons.
Jaafar Atifi abonde dans le même sens. Pour ce coach formateur, l’évolution du secteur de la formation sportive en général et du football en particulier dépend du degré de respect de la philosophie et les termes du dispositif légal par les écoles payantes. La rentabilité n’étant pas prohibée, il n’en demeure pas moins nécessaire de réunir les conditions pour des pratiques saines, en termes d’encadrement et des infrastructures.
Oute ces structures, dont certaines «vendaient» aux parents le rêve que leurs enfants pourraient évoluer sous des couleurs étrangères, l’on ne peut omettre les centres de formation des équipes locales, particulièrement celles relevant de l’élite footballistique.
Or, à ce niveau-là, il y a des précisions à relever. En fait, si l’on excepte le cas du FUS, et à quelques points le Raja et d’autres, les équipes de l’élite semblent manquer de vision en matière de formation, quand ce «souci existe» réellement dans l’esprit des dirigeants. Et même quand des structures sont, bon an mal an, opérationnelles, le hic réside dans le fait que les jeunes formés ont rarement «la chance» de voir leurs carrières évoluer. Surtout quand le management opte pour les recrutements massifs au lieu de faire de leurs centres des pépinières pour faire éclore des pépites. Autrement, il semble nécessaire que les managers des équipes locales, malgré les contraintes des résultats, fassent preuve de courage en s’inscrivant dans une vision au moins à moyen terme et réunir les conditions pour réussir le pari de la formation.
