Culture
Un été polyphonique
Les festivals privilégient la musique. Cet été, il y en aura
pour tous les goûts.
Si votre curiosité en la matière est sans rivages, suivez ce guide buissonnier et non exhaustif.

Les festivals centrés sur la musique poussent comme primevères au printemps. Après les heureux préludes que furent Mawazine, Tanjazz et les Musiques sacrées de Fès, s’enchaînent six manifestations qui méritent largement le détour. A côté des deux grosses machines, le Festival d’Essaouira Gnaoua et le Festival des Arts populaires de Marrakech, émergent quatre «modestes» festivals, qui feront preuve de culot et d’imagination.
Rythmes torrides, recueillement et extase
Fixé à l’orée d’une saison aux journées torrides, le festival international de musique de Tanger (du 20 juin au 5 juillet), jette ses effluves nuitamment. Décliné en plusieurs thèmes (paix, raï, féminité, mysticisme, africanité, latinité, gitanité et marocanité), il embrasse les musiques du pourtour méditerranéen et d’ailleurs. Ainsi, nous promène-t-il du Maroc au Sénégal, de l’Italie au Venezuela, de la Turquie à la Syrie. Pour sa troisième édition, ce festival, baptisé Nuits de la Méditerranée, a concocté une programmation copieuse qui nous offrira, entre autres plaisirs décoiffants, Saïd Chraïbi, le luthiste le plus passionnant du moment; les Derviches tourneurs de Damas, étourdissants ; le duo Pedro Soler et Majid Bekkas ; l’Egyptienne Cheikha Sabbah dont la voix, ample et généreuse, rappelle celle d’Oum Kaltoum. Sans oublier les ensembles Ibn Arabi, Al-Shushtari ou encore Farida Mohammad Ali, qui feront briller des éclairs mystiques de la plus belle eau. Au chapitre des découvertes figurent le chanteur de raï Fatah qui casse la baraque partout où il passe ; Keur Sénégal qui aura à cœur d’enflammer la foule ; le Venezuelien Nelson Rojas, aux grilles harmoniques imprégnées par le jazz et d’une saveur piquante.
On quitte les vents tangérois pour faire cap sur les moiteurs marrakchies. Pendant trois jours (20, 21 et 22 juin), la place 16 Novembre, à Guéliz, palpitera au rythme de nombreuses musiques : rap, dance, funk, oriental, latino, salsa, soul, ethnik, folk, gnaoua… Histoire de célébrer, sous forme d’un festival pluriel, décloisonné et accueillant, la Fête de la musique. Au programme, multiples réjouissances, dont se détachent le groupe de rap 113, auteur des singles Tonton du bled et 113 Fout la merde ; J-MI Sissoki, figure du rap hexagonal ; Chico On Gipsy King qui déverse des flots de rythmes torrides ; Cheb Tati, le raïman à la voix de feu…
Au fil des années, le festival d’Essaouira est devenu un monstre : 40 concerts, des centaines de musiciens, 200 000 spectateurs en 2002. Monstre pacifique qui a le nez en l’air et le regard distrait : les concerts sont gratuits. Fondé en 1998 (80 000 visiteurs cette année-là), il propose essentiellement de la musique gnaoua, mais aussi un peu de fusion, un soupçon de musiques confrériques, une dose de rythmes venus d’ailleurs, dans tous les lieux possibles: place Moulay Hassan, place Al Khaïma, Dar Souiri, Marché aux grains, la Joutia, Bab Marrakech… Pour l’édition 2003 (du 26 au 29 juin), il convie des stars gnaouas (Abdeslam Alikane, Mahmoud Guinea, Hamid El Kasri, Mustapha Bagbo, H’mida Boussou, Abdelkébir Merchane) et des jeunes musiciens (Gnawa diffusion, Houssaine Kili, Hoba Hoba Spirit). On entendra des raretés, comme les gitans du Radjahstan, les Gnaouas de Tunisie ou Mamar Kassey.
Une première à Agadir : le festival des musiques populaires
Du 1er au 6 juillet, retour à Marrakech où le vénérable Festival national des arts populaires remet le couvert. Tout le folklore marocain s’y donne rendez-vous, mêlé à ceux de Lublin (Pologne), de Thaïlande, de Dakar, d’Egypte et de Côte d’Ivoire.
Et pour fermer la marche, un nouveau venu, le 1er festival des musiques populaires et nomades qui, du 10 au 13 juillet, à Agadir, propose, en plein air, un spectacle bariolé, enflammé par les jouteurs poètes, les rway’s, les gangas, les ahwaches, les laâbates de Taroudant, et les griots maliens et mauritaniens
