Culture
Snoopy, Allae et les autres
Ils sont artistes bénévoles, jeunes et passionnés. Ils viennent se greffer au Festival Gnaoua et Musiques du Monde pour lui donner plus de profondeur…

L’une des choses que vous ne verrez dans aucun autre rendez-vous culturel, c’est la folie créatrice qui se saisit de la ville en marge du Festival Gnaoua. Ils ne sont pas invités officiels ni artistes en résidence. Ils viennent en bus, en voiture ou en auto-stop. Ils ont sur eux quelques billets ou comptent sur la générosité des festivaliers pour subsister. Ils font de la musique, de la peinture, ou du cirque, accompagnant de leur délire les répétitions diurnes des artistes.
Les fous du cirque
Sous l’œil ravi de son ami Mustapha le slameur (aka Steph Raggaman), Snoopy se pose par terre entouré d’un grand public en admiration devant les prouesses de sa bande d’échevelés. Ils sont acrobates, magiciens, et ils ne manquent jamais d’accaparer l’attention des passants. Snoopy est leader de ce jeune groupe d’artistes. Un film documentaire leur a été dédié il y a quelques années sur 2M. Mais son passage éclatant sur Arab got talent lui a valu une belle notoriété au Maroc et à l’étranger. «Des prestations professionnelles à l’étranger aux spectacles de rue ! Il n’hésite pas à passer son chapeau à la fin d’un show, pour quelques pièces… tel un manouche libre de tout ego», commentera Mustapha le slameur avec un sourire d’admiration.
Sbagha f Zanqa
Chapeau de cow-boy, petite moustache artistique et un sourire persistant, même après l’annulation de sa réservation dans un riad d’Essaouira. Allae Hammioui ne sait pas où crécher, mais il sait déjà que ses ateliers de dessin du samedi seront un succès. Et il a raison.
Ayant reçu un don en fournitures, le jeune artiste embarque ses amis du collectif Artistes engagés pour une aventure : pousser le public à s’emparer de la place publique… artistiquement. Devant les yeux des Ambassadeurs et de Aziz Sahmaoui, des passants, petits et grands, fins dessinateurs ou guillerets barbouilleurs se sont livrés à des performances très colorées sur papier. Au final, l’exposition de toutes les œuvres a été interdite par les autorités, sans aucune explication plausible, mais pour Allae «l’objectif fut atteint, avec même plus de facilité qu’ailleurs». Les muses devaient planer au-dessus de la place ce jour-là.
Des musiciens d’ici et d’ailleurs
«De la musique, on en fait aussi», semblaient dire ces jeunes gens farouchement agrippés à leurs instruments : guitares, guembris, tambours ou saxophones. À chaque espace inoccupé, des cercles de jeunes gens faisaient vibrer leurs engins. Du gnaoua évidemment, mais aussi de la percu africaine, du reggae et même du flamenco. A chacun son public. Des artistes plus connus se sont également mêlés aux foules pour la découverte, peut-être dans l’espoir de faire partie des invités de la prochaine édition. Certains se baladaient, croyant dur comme fer qu’ils y trouveront l’inspiration, tel ce bassiste anglo-pakistanais cherchant désespérément l’auberge d’Aïcha où a séjourné son idole Jimmy Hendrix.
