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Culture

Sacré fesitaval

Elitisme, prix prohibitifs… J’avais lu pas mal de choses sur le Festival des musiques sacrées de Fès. Cette fois-ci j’allais me faire une idée par moi-même. Samedi 29 mai, 16 heures, donc, au musée Batha.

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Elitisme, prix prohibitifs… J’avais lu pas mal de choses sur le Festival des musiques sacrées de Fès. Cette fois-ci j’allais me faire une idée par moi-même. Samedi 29 mai, 16 heures, donc, au musée Batha. Les «Leçons de ténèbres» de Marc Antoine Charpentier. Après le soleil écrasant de la médina, le musée est un havre de fraîcheur. Partout des vigiles, oreillette vissée sous la casquette, œil en gyrophare, rien à dire, on s’occupe bien de notre sécurité.. Dans le patio, un chêne immense, les oiseaux chantent à tue-tête. Violons, violoncelle, orgue, solistes, chœur… ils sont prêts. Les voix s’élèvent, et les doutes s’effacent. Bravo les organisateurs !
Forte concentration de têtes blondes aux premiers rangs. On écoute… religieusement. On applaudit avant la fin d’un morceau et on en est tout penaud. Je ferme les yeux, j’écoute le ténor, puis le baryton. Je crois découvrir les sonorités du théorbe, ce luth à deux manches aperçu sur scène. Des va-et-vient me tirent de ma rêverie : certains quittent le musée, la musique les aurait-elle lassés ? Deux dames, BCBG, se rencontrent et ce sont des embrassades en rafales. On me dit que Jacques Attali est là… le gratin ! Belles tenues, lamé, chapeaux en organza, éclat fugace d’un bijou. Puis, cette impression que la musique n’est qu’un décor pour un autre événement : je vous ai vu, vous m’avez vu, nous nous sommes vus. Le festival est désormais un must, aussi couru que, sous d’autres cieux, les courses d’Ascot où les chapeaux des dames Windsor font fureur… Alors, élitiste, le festival ? sans doute mais l’art n’est-il pas toujours un peu élitiste ? Ce qui me chagrine, en fait, c’est que le sens du festival risque d’être perverti, et inaudible son message : la spiritualité conduit à Dieu mais aussi à l’Autre. L’Autre, ce n’est pas seulement l’étranger, c’est aussi le voisin, celui qui est à côté mais n’appartient pas au même monde. Alors, d’accord pour l’organza mais, pour l’amour de Dieu, écoutons aussi le message de la musique