Culture
Orchestre Philharmonique du Maroc : 20 ans de flamboyance
L’OPM vient de célébrer ses vingt ans d’existence en quatre excellents concerts. Quatre chefs d’orchestre et dix solistes d’exception ont participé à cet événement, le 8 février à Casablanca, où l’émotion était invitée d’honneur.

Il est dur d’imaginer que vingt années déjà sont passées depuis la création du mythique Orchestre Philharmonique du Maroc. Mais il est tout aussi dur de croire qu’une formation de ce haut niveau n’a que vingt ans d’expérience, ce qui dans le monde de la musique classique reste relativement jeune. Lorsqu’en 1996 trois amis musiciens écrivent la première page de l’histoire de l’orchestre, ils sont loin d’imaginer le chamboulement qu’ils allaient réaliser dans le paysage musical du Royaume. L’introduction de la musique classique comme désormais partie intégrante de la scène marocaine allait faire de Farid Bensaid, Jean-Charles Biondi et Louis Péraudin les instigateurs d’une tradition bienfaisante et surtout durable.
Un voyage dans le temps et l’espace
C’est à l’ancien ministre de la culture français Fréderic Mitterrand qu’est revenue la tâche de mener à bien cette cérémonie. Avec le savoir-parler, teinté d’humour, qu’on lui connaît, le maître de cérémonie a apporté éclairages historiques et anecdotes plaisantes pour introduire les diverses séquences d’un programme riche et varié. Mozart, Ravel, Beethoven, Tchaïkovski, Puccini, Brahms, Korsakov et même Cosma (auteur de la musique de Rabbi Jacob) et Barry (auteur de James bond) étaient de la fête.
Sous la baguette des flamboyants Benoît Girault, Olivier Holt, Bruno Membrey et R’chid Regragui, l’orchestre a transporté le public vers des mondes divers et des émotions diverses. Pour l’accompagner dans ce voyage des sens, l’OPM a invité sept solistes qu’il a connus durant sa jeune carrière. Alexander Serdar, qui a interprété le Concerto pour piano N°21, a d’ailleurs été le premier soliste à avoir collaboré avec l’orchestre. Le violoniste Nicolas Dautricourt, la soprano Karen Fourch et le baryton Kristian Paul, les violoncellistes René Benedetti et Victor Julien-Laferrière et la pianiste Dina Bensaid se sont réunis à cette célébration.
Autre moment de grâce : la fusion heureuse de la musique andalouse, jouée par l’orchestre Abdelkrim Raïs, et de la musique classique sous la baguette de R’chid Regragui, chef d’orchestre de la Garde royale, qui a évidemment marqué le coup avec une partition bien aimée des Marocains : celle de la Marche verte qui a été rehaussée par le chant du chœur de l’OPM qui a excellemment scandé l’Hymne à la joie de Beethoven.
Des chiffres, des notes et des souvenirs
«Quand je ferme les yeux, j’ai l’impression que ça a commencé hier. Je me souviens du premier concert, la première symphonie, la première fois de la neuvième symphonie de Beethoven, le premier concours international, le premier concert public, la première fête de la musique… On n’a que des premières. C’est pour cela que c’est passé si vite», disait un Bensaid ému, mais qui n’oubliait pas pour autant de faire les comptes. «L’OPM a joué 592 œuvres, produit 17 concours internationaux, joué 12 opéras, invité 95 solistes et chaque musicien a joué à peu près deux millions de notes durant ces vingt ans».
Parmi ces musiciens, quelques vétérans se sont exprimés dans le film documentaire produit à l’occasion par Ismail Sijelmassi. Des professionnels de haut niveau sans qui l’OPM n’aurait pas existé, mais qui n’aurait jamais continué leur carrière sans cette formation emblématique qui a redonné tout son éclat et son prestige au musicien classique.
Les témoignages se sont succédé dans ledit film pour exprimer l’impressionnante évolution de l’OPM, qui a misé sur une formation continue auprès des plus professionnels de la musique classique. En atteste le niveau des solistes invités et des chefs d’orchestre qui se relaient depuis toujours aux commandes de l’orchestre.
La note d’espoir dans le parcours de l’OPM a le timbre d’un rire d’enfant. Ceux qui participent à chaque concert pédagogique pour élèves et qui constituent le public averti de demain, mais également ceux qui profitent du programme Mazaya, parrainé par l’OPM, pour former les musiciens de demain, parmi des jeunes déscolarisés. Une forte émotion s’est d’ailleurs installée dans l’Eglise Notre Dame, lorsque trois bénéficiaires dudit programme se sont joints à l’orchestre pour jouer une symphonie. Dans vingt ans peut-être, un chef d’orchestre ou un soliste hors pair émanera de cette génération pour porter fièrement l’insigne de l’OPM. C’est ce qu’on leur souhaite !
