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Culture

Medciné : un festival sans frontières

La 23e édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan a lieu du 25 mars au 1er avril. n 24 films issus des pays du pourtour méditerranéen sont en compétition pour le Tamuda d’or et d’autres prix du festival.

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un festival sans frontieres

Pour sa 23e édition, le Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan (FICMT) s’offre un programme de choix, avec une sélection de fictions et de documentaires à faire pâlir les plus grands festivals de la région. Au rendez-vous, pris du 25 mars au 1er avril, des films issus des pays du pourtour méditerranéen, touchant à des sujets aussi divers que profonds, inviteront le public à traverser les réalités et les préoccupations de la région.
Pour évaluer ces films, trois jurys ont été constitués, faisant appel à de grandes figures du cinéma dans la région. Le jury long métrage est présidé par le réalisateur égyptien Yousry Nasrallah. Celui du film documentaire par le Français Thomas Bauer et celui de la critique par le Marocain Hammadi Guerroum.
Comme à chaque édition, le FICMT rend hommage à plusieurs figures du septième art méditerranéen. Cette année, il a choisi de sacrer l’actrice espagnole Ana Fernandez, l’acteur égyptien Khalid Sawi et les acteurs marocains Saadia Ladib et Mohamed Khouyi.
En outre, le FICMT reçoit la Chine comme invitée d’honneur et programme une rétrospective du cinéaste espagnol Luis Garcia Berlanga.
Voyage méditerranéen
Pour les connaisseurs et les cinéphiles, le FICMT présente l’occasion unique de voir des perles du cinéma méditerranéen. La 23e édition ne déroge pas à la régle.
Dans la compétition officielle, Paris la blanche raconte le voyage de Rekia, pour retrouver son mari. Mais l’homme qu’elle finit par retrouver est devenu un étranger. Puerta Abierta est l’histoire d’une vieille prostituée qui aura une occasion inattendue de rédemption grâce à l’apparition d’une petite fille. Le libanais Tramontane raconte l’histoire de Rabih, un jeune chanteur aveugle, invité avec sa chorale à se produire en Europe, qui découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents. Le Tunisien Lotfi Achour présente Demain dès l’aube, un film sur la violence policière pendant le printemps arabe, remémorée par deux jeunes femmes qui vont à la rechercher d’un adolescent.
Indivisibili est l’histoire de deux sœurs siamoises de presque dix-huit ans qui vivent dans la périphérie délabrée des alentours de Naples. Leur père profite de leur don de chant pour gagner de l’argent. Mais, un jour, elles découvrent qu’elles peuvent se séparer. A good wife c’est Milena, la cinquantaine, qui découvre l’effroyable passé de son mari idéal en même temps que son cancer. Elle remet en question sa vie peinarde jusque-là.
Amerika square relate la traversée de la Grèce par les foules d’immigrés syriens. Godless dévoile la vie de la bulgare Gana, une anti-héroïne qui vend au marché noir les papiers de vieillards atteints de démence et s’adonne à l’addiction avec son partenaire. Park raconte les jeunes sauvages, les athlètes retirés blessés et les chiens errants dans le village olympique d’Athènes, dix ans après les Jeux.
My Father’s wings est l’histoire d’un Turc travaillant dans la construction, souffrant d’un cancer, qui demande si son suicide n’est pas plus profitable à sa famille. Le film égyptien Mawlana, adapté du roman d’Ibrahim Eissa, qui se moque des prédicateurs religieux, a été autorisé en Egypte et aux Emirats Arabes Unis, mais interdit au Koweït et censuré au Liban.
Et du Maroc, c’est Headbang Lullaby qui nous ramène au 11 juin 1986, jour de la rencontre Maroc-Portugal à la Coupe du monde de football, où le policier Daoud est envoyé surveiller un pont.
Côté docu
La sélection des films documentaires est tout aussi riche que la sélection long métrage. Dans les sujets traités, l’identité, les frontières, la guerre et le vivre-ensemble sont centraux. Islam pour mémoire invite à un voyage en islam, d’Ispahan à Sidi Bouzid, en passant par Jérusalem, Cordoue, Dubaï… Delta Park, c’est un hôtel du delta du Pô transformé en lieu d’accueil d’exilés en attente d’acceptation de leur demande d’asile.
Hizam, est un film avec la danseuse algérienne Assia Guemra, championne d’arts martiaux. Dans Histoire de Sanae, on découvre la vie mystérieuse de la comédienne égyptienne Sanae Gamil.
Un dia vi 10 000 elefantes, raconte une histoire fascinante de l’Afrique à travers le regard d’un cinéaste espagnol et d’un vieillard guinéen. La terre abandonnée n’est autre que la zone évacuée autour de la centrale nucléaire de Fukushima, cinq ans après la «catastrophe», dans laquelle quelques rares individus vivent toujours.
Bouchra : rêves en mouvement, c’est la vie de nomade d’une jeune fille de huit ans, dans le désert du sud-est du Maroc, privée d’éducation, de jeu, de santé et de logement. Asphalt suit deux chauffeurs routiers habitués à traverser les frontières pour amener leurs marchandises à destination. Leur mission devient difficile après le printemps arabe.
Tout était un beau rêve nous invite à revivre les événements du début de la guerre d’Indépendance en Croatie.
Ton fils est un homme retrace le parcours d’un clandestin tunisien, depuis ses 15 ans vers ce qu’il croyait être l’eldorado européen. Aujourd’hui, il a 23 ans et pas de papiers.
Mayyel Ya Ghazayyel c’est l’histoire de Haykal, un fermier chrétien de 60 ans, qui lutte pour rester dans sa terre, malgré les tensions sectaires, la peur et le désespoir qui ravagent cette partie géopolitiquement complexe du Liban.
Kazarken est l’expérience psychanalytique sauvage d’une femme d’origine turque qui suit d’antiques pratiques anatoliennes, pour re-traverser en rêve des fragments de mémoire, personnelle ou collective.
Pas que du cinéma
La 23e édition du Festival international du cinéma méditerranéen prévoit un colloque sur le thème «La représentation des frontières dans le cinéma méditerranéen». Ce rendez-vous, auquel participeront des cinéastes, des écrivains et des professionnels, tentera d’aborder la thématique des frontières et de l’expérience de leur franchissement à travers le cinéma. Chacun, selon sa spécialité et/ou son expérience, sera amené à analyser les phénomènes de la migration et de l’exode. Mais le colloque portera également sur d’autres frontières, celles qui délimitent les genres artistiques: cinéma et littérature, documentaire et cinéma de fiction par exemple. Autre point crucial de la programmation du FICMT, c’est l’ouverture sur les écoles et universités. Une tradition pérenne depuis des décennies. Afin d’initier tous types de public aux techniques du langage cinématographique et à la lecture de l’image filmique, le FICMT dédie une large partie de sa programmation à des ateliers, des stages et des masters class animés par des professionnels du 7e art (cinéastes, enseignants, critiques…) qui viennent des quatre coins de la Méditerranée. Ainsi, le jeune public aura droit à des ateliers d’écriture, à des projections-débats, à des projections pour enfants et à des masters class sur la fabrication d’un film d’animation sur le thème des frontières et de l’environnement.