Culture
Les «Rythmiques» de Mehdi Qotbi
Du 6 décembre au 31 janvier 2017, SO ART Gallery accueille la dernière exposition de l’artiste peintre Mehdi Qotbi. «Rythmiques» fait écho aux souffrances du monde, mais aussi à l’espoir africain.

Malgré ses fonctions de président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi continue de travailler à l’abri des regards dans l’intimité de son atelier et c’est à So Art Gallery qu’il a présenté sa dernière exposition, Rythmiques, ce mardi 6 décembre, devant un public de connaisseurs et de nombreuses personnalités.
Pour rendre hommage à ce travail, la scénographie de l’exposition a été confiée au designer et scénographe français Hubert Le Gall, célèbre pour ses dons d’associer les idées insolites et de jouer sur les formes, la lumière et les couleurs.
Si l’exposition Rythmiques se fait la suite logique d’une réflexion qui date des débuts de l’artiste, celle-ci se voit alourdie de préoccupations actuelles. Mehdi Qotbi l’affirme et surtout le peint : le monde se referme sur lui-même…
Des lettres barbelées
La rythmique définit une scansion d’éléments itératifs, une structure temporelle mesurable et notable en musique, en poésie ou en danse. Mais les arts plastiques se sont également saisis de la notion du rythme en remplaçant le temps par l’espace et en alternant lumières et ombres, pleins et vides. Il n’a pas été difficile pour Mehdi Qotbi d’imposer sa rythmique tant la graphie arabe, telle qu’il la manie, s’y prête. Telle une mosaïque livrée à l’imprévisibilité du créateur, la toile se renouvelle sans discontinuer, imposant au spectateur de suivre sa «musique interne».
Mais au-delà du rythme de la toile, chaque œuvre exprime un message perceptible en filigrane. Dans Rythmiques, il ne s’agit pas que d’une quête d’affiner un esthétisme sans profondeur, mais d’exprimer un questionnement et plus précisément une inquiétude quant à l’état du monde. En effet, Mehdi Qotbi a «barbelé» ses lettres et déterminé des blocs distincts, pour dénoncer l’élévation de frontières et le rejet des millions de réfugiés politiques ou climatiques, qui ne trouvent plus une terre d’asile. Un peu à la manière d’un historien, l’artiste souligne ce passage tendu de la grande Histoire, en gardant l’espoir de lendemains meilleurs…
L’avenir africain
Le renouveau des relations du Maroc et l’ensemble des pays du continent africain ne peut que s’exprimer dans la culture. Dans différents domaines culturels et artistiques, un certain regain d’intérêt semble être à l’origine d’une nouvelle vague prometteuse de créativité.
L’artiste Mehdi Qotbi s’est à son tour employé à rendre hommage à son continent, afin d’accompagner cet engouement du Maroc pour ses origines africaines, mais surtout pour attirer l’attention sur la richesse de cette terre qui recèle des trésors encore insoupçonnés de talent, d’énergie et de créativité.
L’espoir africain contrebalance ainsi l’inquiétude et le pessimisme grimpant face à l’état du monde barbelé. Mama Africa, qui ressort en filigrane, émeut, promet et dorlote, à la manière de toute terre nourricière.
