Culture
Le SIEL s’affirme comme événement majeur de la littérature au Maroc
La 22e édition du Salon international de l’édition et du livre s’achève ce dimanche 21 février. Un public nombreux a pris part aux diverses activités du SIEL.

Si, selon le HCP, les Marocains ne lisent pas assez, ils ne semblent pas pour autant dénigrer le livre ni les auteurs. Un petit tour dans le Salon international de l’édition et du livre suffirait pour faire dérider les plus sceptiques. Public nombreux, curieux et désireux de s’entretenir avec les écrivains qui se succèdent sur les scènes du salon ou sur les tables de signature. Les ravis comme les mécontents s’accordent à désigner le SIEL comme l’événement majeur de la scène littéraire du Royaume. L’événement fait montre de plus d’organisation cette année, même si un nombre de points pratiques restent à améliorer, tel que la signalétique ou les désagréments sonores… En termes de contenu, le SIEL a tenu sa promesse avec plus de six cents exposants et plus d’une centaine d’activités et de rencontres diverses autour du livre. Autre différence cette année, une réduction conséquente des ouvrages à caractère religieux. Volontaire ou non, cette baisse notable s’est faite sentir auprès des amateurs d’ouvrages sur la chariâa et autres sciences théologiques. À la place, plus d’ouvrages littéraires et d’essais en arabe. Au total, 100000 titres ont été annoncés lors de cette 22e édition du SIEL, dont 25% de littérature.
La présente édition a connu la participation de plusieurs auteurs très attendus du public. L’auteur Hédi Kaddour, grand prix de l’Académie Française, est passé parler de son roman Prépondérants. L’histoire du roman s’étant déroulée au Maroc a attiré un grand public. A noter que son roman a connu un succès de librairies au Maroc, surtout après l’annonce du prix.
D’une rencontre à l’autre
Ceux qui ont assisté aux premiers jours du salon ont pu rencontrer Gilles Keppel venant signer son ouvrage Terreur dans l’Hexagone. Pour l’anecdote, interviewé par une journaliste de la Sadissa, la star des médias s’est un peu offusquée car la jeune femme ne connaissait pas qui il était… ni ce qu’il faisait là.
Une autre rencontre a particulièrement attiré le public, celle où François Salvaing, auteur français né au Maroc, a présenté 818 jours, le roman qui raconte les 818 jours de l’exil de feu Mohammed V. Désaccords sur les dates, sur les faits, petites boutades et grands éclats. Un échange intéressant, en tout cas, au sujet d’une période que la majorité des marocains ignore.
Le poète Abdellatif Laâbi a, quant à lui, organisé une conférence de presse au premier jour du salon, en présence de ses camarades Mostafa Nissabouri, Mohammed Melehi et Tahar Ben Jelloun. Ce fut pour annoncer le lancement officiel de la Fondation Abdellatif Laâbi et la réédition complète de la revue Souffles chez les éditions de la Croisée des chemins. Un colloque scientifique aura également lieu pour célébrer le cinquantenaire de la revue au mois d’avril. Durant la rencontre, Abdelatif Laâbi a appelé la jeune génération à prendre le flambeau et à exhaler son propre souffle créatif pour sauver la culture au Maroc.
La ville de Casablanca a été à l’honneur au stand de la France qui a organisé deux tables rondes autour de la ville. Il s’est agi d’une rencontre entre François Salvaing, né à Casablanca alors sous le protectorat français et Issam Eddine Tbeur, également né à Casablanca et auteur de Rires et insignifiance à Casablanca. Leur échange a porté sur la ville de Casablanca comme source d’inspiration, espace de narration et protagoniste de l’histoire. La seconde table ronde a traité de la conception de la ville dans la BD, avec la rencontre du Libanais Mazen Karbaj, du Nigerian Sani Djibo et des Marocains Sani Mouhim et les auteurs de la BD Skefkef…
La poésie a été également très présente, tant en français qu’en arabe. Des lectures plaisantes ont eu lieu à l’abri du brouhaha des stands, avec les poètes Abdelhadi Said, auteur du recueil en arabe Les jardins n’ont pas toujours raison, Abdellatif Laabi qui vient de publier Le principe d’incertitude, ou encore Taha Adnane qui a présenté son dernier recueil Ton sourire est plus beau que le drapeau national…
A découvrir encore la rencontre autour du livre Le tissu de nos singularités, vivre ensemble au Maroc ce samedi 20 février. Cet ouvrage collectif, initié par les travaux de Fatima Mernissi et dirigé par la team Fadma Aït Moud et Driss Ksikes est paru chez les éditions En toutes lettres, dans sa collection Les presses de l’université citoyenne.
