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Culture

Jil Lklam : un livre hommage à la poésie urbaine

Réalisé par les éditions du Sirocco et Senso Unico éditions, l’ouvrage de Dominique Caubet et Amine Hamma, «Jil Lklam – Poètes urbains» fait le récit de la nouvelle scène musicale marocaine, de ses débuts dans les années 90 à nos jours.

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Jil Lklam un livre hommage a la poesie urbaine

On publie peu de poésie au Maroc. Et encore moins de poésie urbaine. C’est en ce sens que l’ouvrage «Jil Lklam – Poètes urbains» s’avère précieux. Rappeurs, slameurs, reggaemen, groupes de metal, graffeurs, street artistes, danseurs de breakdance: tous ces artistes, qui façonnent depuis plus de deux décennies le paysage culturel marocain et qui demeurent pourtant sans voix, y laissent une trace à travers le récit de Dominique Caubet et Amine Hamma, les entretiens et la sélection de textes de chansons reproduits dans leur langue originale et traduits en français, ainsi qu’une riche iconographie. Dans Jil Lklam, les deux auteurs ont tenu à mettre en exergue l’éloquence, l’humour et la subversion qui émanent de la poésie urbaine marocaine. Le multilinguisme qui la caractérise a également été mis en avant. Et pour cause. Dominique Caubet, sociolinguiste, spécialiste de la darija, milite depuis longtemps pour le changement de statut de l’arabe maghrébin au Maroc et en France, avec l’aide des artistes qui le valorisent. Sa rencontre avec le musicien et militant culturel Amine Hamma, lui-même engagé dans la valorisation de la darija, a concrétisé cette lutte sous forme d’un ouvrage à la fois riche et diversifié qui relate l’histoire de la nouvelle scène et ses différentes vagues.

Des anciens et des nouveaux

Dans «Jil Lklam – poètes urbains», certains artistes ont disparu. Au commencement du rap, était 3awd Lil qui, subversif et cru, préférait se draper d’anonymat, tel un Banksy, avant de disparaître dans la nature. D’aucuns pensent qu’il est revenu sous un autre nom, d’autres qu’il se serait fait démasquer. Quoi qu’il en soit, en parler dans cet ouvrage rend hommage à son audace et l’inscrit, comme il le mérite, parmi les pionniers du genre.

D’autres artistes, jeunes et moins jeunes, connus ou peu connus, figurent dans l’ouvrage qui archive une décennie de création. H-Kayne, Don Bigg, Soultana, Barry, Darga, WachM’n-Hit, Hoba Hoba Spirit, Haoussa, Betweenatna, Yahya Zitan, Mustapha Slameur et bien d’autres se voient considérés pour leur contribution dans ce patrimoine textuel libre.

L’ouvrage a bénéficié du soutien de la Fondation BMCI qui s’active en mécénat culturel et qui a soutenu, auparavant, des ouvrages comme «Nass El Ghiwane», «Taoub, le groupe acrobatique de Tanger» et «Lahcen Zinoun». Action qui s’inscrit dans la continuité de son initiative pour valoriser les répertoires artistiques traditionnels ou populaires marocains et leur donner la place qu’ils méritent.