Culture
Jamâe Mezouaq : le cinéma contre le terrorisme
10 jeunes cinéphiles issus de Jamâe Mezouaq, à Tétouan, ont réalisé un film documentaire pour déstigmatiser leur quartier connu pour être un terreau de l’extrémisme religieux.

Ils sont jeunes, créatifs et las d’entendre que leur quartier est un berceau du terrorisme. Le 18 mars dernier, ces jeunes cinéphiles tétouanais âgés de 18 à 33 ans ont dévoilé sur la toile leur premier film documentaire intitulé Eyes on Tetouan. Le film qui a été tourné à Jamâe Mezouaq a été, pour eux, le moyen d’en finir avec les rumeurs colportées par les médias et basées sur quelques arrestations malheureuses. «Quand j’entends dire que Jamâe Mezouaq est un nid de terroristes, ça me fait rire», explique Ilham, une des jeunes du quartier, qui témoigne dans le film.
L’apparition d’un certain extrémisme religieux n’est pas un leurre pour autant. Qu’il s’agisse de groupes de jeunes endoctrinés qui recrutent dans les terrains de foot ou de femmes intégralement voilées qui refusent la mixité dans les classes, les radicaux existent bel et bien dans le quartier. Mais ils sont loin d’être si nombreux que le prétend la presse. Eyes on Tetouan démontre, à travers les témoignages de Hatim et d’Ilham, que le quartier Jamâe Mezouaq est également habité par une jeunesse pleine d’aspirations et de rêves. Hatim est clown professionnel qui, pris dans les filets du radicalisme, s’est vite échappé pour revenir à sa passion première, celle de donner le sourire aux enfants. Ilham, quant à elle, est maîtresse d’école, orpheline et vivant seule, en toute sécurité dans un quartier supposé malfamé.
Un deuxième film a été publié par le même groupe sur la toile le 26 mars dernier. Il relate l’expérience du tournage. Filming in Jamâe Mezouaq expose les points de vue des jeunes cinéphiles sur leur quartier, sur la réalité du terrorisme ainsi que leurs rêves et ambitions. Sur leur page facebook «Ibdaate», plus de 5000 vues et 150 000 interactions ont été notifiées. Leur espoir est que les médias prennent compte de leur travail pour cesser leur acharnement injuste et s’intéressent réellement au quartier Jamâe Mezouaq.
