SUIVEZ-NOUS

Culture

Humour, fantaisie et éclats !

L’art contemporain arabe s’exprime
à  Mawazine.
Photographies, peinture et multimédias à  l’ordre du jour.

Publié le

rub 13822

Lorsque de prestigieuses portes comme celle de Bab Rouah ou celle de  Bab El Kébir s’ouvrent, c’est forcément pour accueillir un grand événement. L’exposition Crossings ou Traversées ne déroge pas à cette règle.  
Le public marocain -venu de toutes parts- a découvert, dans ces hauts lieux, un nouveau registre d’art contemporain arabe, à travers les œuvres de 19 artistes maniant à la perfection l’art de la photographie, de la peinture et du multimédia.  
L’exposition a attiré les initiés et les profanes, chacun y en a trouvé son compte. Pour réunir ce public hétéroclite, le mode d’emploi  est pourtant tout simple : on prend la vie de tous les jours et on l’intellectualise. Le tout mélangé à une note militante et un peu d’ironie.  
Ceux qui veulent en découdre avec le déjà-vu s’orienteront naturellement vers les œuvres de Halim Al Karim. L’obsession de l’artiste réside à déformer la réalité, jusqu’à la métamorphose. Grattant les négatifs, les coloriant pour les envelopper enfin de fines soies.

Surviving, une expérience à vivre !
A Bab El Kébir, différentes thématiques se croisent. On y aborde la vie et la mort aussi. Mais l’art a ceci de particulier : la mort ne représente plus une fin en soi, elle est souvent évoquée comme une délivrance. C’est du moins ce que nous suggère Faisal Samra, un artiste saoudien, à travers une œuvre unique : Surviving.
Loin des éclats visuels, il nous propose une projection à couper le souffle. La sensation du réel est rendue d’autant plus sensible que Samra glisse un corps de femme dans un lit présent au milieu de la pièce obscure. La compassion affleure les sens, le malaise est quasi instinctif, l’expérience réussie. Les images qui défilent se révèlent si prenantes qu’elles occultent la mort.
Mais la touche de fantaisie nous vient du Proche-Orient. C’est un Irakien, Adel Abidin, qui interpelle tous nos sens à travers un quatuor d’exception. Les percussionnistes assis, les uns à côté des autres, ont pour seuls instruments des galettes de pain ! L’humour de Abidin est pratiqué ici avec gourmandise, le son vibre jusqu’à la dernière miette !
Manger, vivre, mourir, ce sont là des considérations assez terre-à-terre pour cet autre artiste algérien Yazid Oulab qui a décidé de s’élever et d’aller à la rencontre de Dieu. Il revient des siècles en arrière et renoue avec les stylites. A mi-chemin entre le sacré et le sacrilège. Un univers à découvrir absolument.
Toutefois, confiner l’exposition à ces œuvres serait réducteur. Les mots manquent, l’espace aussi. Le mieux serait d’aller voir tout simplement !