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Culture

Hamza Filali : « Je remercie Dieu qu’Internet existe, j’aurais difficilement eu mes chances autrement. »

Il a 26 ans, le sourire contagieux et le succès aux trousses. Après s’être fait connaître grà¢ce aux émissions de Médi1Tv, Hamza Filali se lance en tournée d’un one man show qu’il annonce spectaculaire.

Publié le

Hamza Filali 2014 01 27

De l’avion à la télé : atterrissage ou décollage ?
J’ai commencé ma carrière en communication et marketing ici au Maroc, avant de passer le concours de la compagnie aérienne Etihad Airways. J’y ai passé 2 ans en tant que steward. J’ai pu en parallèle faire mon master à Dubai, toujours en communication et marketing, avant de rentrer au Maroc. Jusque-là l’humour pour moi se limitait aux blagues entre copains, à l’ambiance animée à la maison, mais avec au fond le rêve d’élargir mon public et de faire carrière dans ce que je faisais le mieux : faire rire les gens.
Après seulement 4 mois dans une compagnie marocaine, j’ai décidé de tout arrêter pour poursuivre mon rêve. J’ai alors réalisé avec l’aide de mon ami Ali Berrada une vidéo qu’on a balancée sur la toile et qui a fait un tabac. Repéré par le jeune et talentueux réalisateur Amir Rouani, j’ai été contacté pour tourner deux épisodes pilotes du même concept. Amir a ensuite proposé le résultat à Médi1Tv qui n’a pas pris le concept, mais m’a gardé moi.
Résultat : une première participation dans le talk- show Msalkhir, diffusé du lundi au vendredi, où je tenais un standard pour traiter de façon décalée le sujet du jour. Après, j’ai animé le concours Men Dar l Dar qui distribuait des billets Omra pendant le Ramadan. L’émission Jari Ya Jari est venue après. J’y présentais des sketchs, avant de prendre place comme chroniqueur. Que d’expériences pour moi! J’ai pu me faire connaître du grand public et palper l’amour et le soutien des fans. C’est magique.

Le sketch c’est autre chose que le one man show… comptez-vous sur votre bonne étoile et votre charisme naturel ?
Non, loin de là. Je compte plutôt sur une équipe très professionnelle. Avec le brillantissime Abdelali Lamhar, qui a coécrit le couple, pour le texte et des producteurs exceptionnels qui ne lésinent pas sur les moyens et croient en le jeune artiste que je suis. Ils me suivent pas à pas et n’hésitent devant aucune fiche technique, aussi compliquée soit-elle. Je pense que nous nous sommes mis d’accord sur la nécessité de sortir de l’ordinaire et du déjà-vu. Nous aimerions éblouir les gens, rendre au spectacle son éclat d’antan. Je trouve la scène actuelle très pauvre. Il fut un temps où les gens se faisaient beaux pour aller au théâtre, partager de bons moments en famille. C’est ce que j’aimerais retrouver personnellement.

Est-ce que ça ne vous décourage pas justement ?
Au contraire. Je suis un fonceur de nature. Je poursuis depuis si longtemps un rêve devenu projet, maintenant. Pourquoi attendre que d’autres m’ouvrent la voie ? Je pense que les jeunes humoristes ont la passion et la rage qu’il faut pour rafraîchir la scène. Personnellement, je dédie tout mon temps à ce projet. Cela fait pas moins de deux ans que j’y travaille de façon très soutenue et professionnelle.

Vous avez des idoles dans le genre ?
Je suis un grand fan de Dave Chappelle, acteur, scénariste, producteur. Avec lui, impossible de contrôler les zygomatiques même avec la ferme intention de résister à l’envie de rire. Tout est étudié dans ses spectacles. Au Maroc, mon parrain c’est Hassan El Fad. Ses conseils et son soutien me sont d’une aide inestimable. J’y reviens toujours. Jamal Debbouz et Gad Elmaleh sont pour moi des modèles de réussite. Partis de rien, ils ont réalisé de grandes choses. Nous devons, nous jeunes débutants, marcher sur leurs pas. Les conditions ne sont pas les mêmes, certes, mais rien n’est impossible.

Quid des humoristes populaires ? Tiqar, Lahnawate ?

Mes préférés ! D’ailleurs, j’ai fait en sorte que mon spectacle soit multi-cibles, que tout le monde s’y retrouve. Moi qui vivais à Mâarif, j’ai passé mon enfance chez les grands parents à Derb Soltane.
J’ai étudié dans le privé, puis dans le public. J’ai travaillé au Maroc et à l’étranger. Je crois avoir fréquenté toutes sortes de personnes et donc de sensibilités. J’espère que je réussirai le challenge de séduire tous les publics durant cette tournée.

Est-ce que la tournée coûte cher à la prod’ ?
En 90 minutes où je danse, je joue d’un instrument que vous allez découvrir sur scène, je change de style et d’ambiance à chaque fois, je pense que oui.
Il y aura un show et pas seulement un stand-up ennuyeux. Sans oublier qu’une tournée nécessite forcément plusieurs campagnes de publicité, une équipe toujours alerte et un choix de salles, ce qui n’est pas évident.
En gros, c’est une aventure, mais qui sera couronnée de succès. Nous sommes confiants. Nous avons d’ailleurs prévu une tournée internationale. Après le Maroc, nous irons en Europe, au Canada et aux USA.

Allez-vous faire des sketchs en français et en anglais ?
En français, j’ai déjà fait. J’ai d’ailleurs remporté le tremplin du Jamal Comedy Club l’année dernière au Marrakech du rire. J’y ai participé avec des sketchs en français.
Pour l’anglais, je faisais des stand-up dans l’avion et ça marchait très bien! Mais non, pour le moment, je reste sur la darija et le public darijophone.

De plus en plus de talents se dévoilent sur Internet. Est-ce la voie à suivre pour atteindre le public ?
Oh que oui ! Je remercie Dieu qu’Internet existe. J’aurais difficilement eu mes chances autrement. Internet a redonné espoir aux jeunes qui s’y expriment de plus en plus. Je pense qu’il y a là un message pour les responsables des télés. Nos jeunes ont du potentiel. Ce serait dommage de laisser s’essouffler leur talent.
D’un autre côté, je suis pour que les jeunes se serrent les coudes pour s’imposer sur scène. C’est ce qui est en train de se passer en ce moment et les responsables n’auront plus qu’à suivre. Dans deux ans, le champ artistique sera chamboulé. Des humoristes de talent vont envahir la scène. On y travaille. Je suis très optimiste.

Vous prendrez quoi contre le trac pour votre premier spectacle ce 24 janvier ?
Rien du tout. Je ne viendrai pas !