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Culture

Exposition : Kitschissime Marrakech

Jusqu’au 15 janvier, le collectif 0524 expose à  la galerie HD de Casablanca. Un univers bariolé qui questionne le thème du kitsch avec humour et dérision.

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Allô Marrakech ? Ici cinq farceurs flanqués d’appareils photo. Notre mission ? Courir les étals, y traquer les papiers peints arc-en-ciel et les fauteuils à dorures, les papillons qui virevoltent dans les pyjamas à fleurs et les cœurs qui bondissent d’allégresse dans les T-shirts pailletés. Vous voilà prévenus, bonnes gens : Notre «Collectif 0524», comme l’indicatif de la ville, traquera les extravagances jusque dans les chaumières. Pas de quartier pour le mauvais goût !
Ou le kitsch, dans toute sa splendeur. Car depuis que des superstars de l’art contemporain s’y sont mises – on pense à l’Américain Jeff Koons ou au Japonais Takashi Murakami –, on ne sait plus très bien si on doit parler de goût douteux… ou d’art. «Dans le Pop Art, le Kitsch est racheté et élevé à un nouvel état de dignité esthétique», écrit, par exemple, le linguiste et romancier italien Umberto Eco.
«Le kitsch est aujourd’hui en vogue», nous explique plus prosaïquement la galerie HD, qui expose ce collectif de jeunes photographes, pourfendeurs de bizarreries décoratives et vestimentaires. «Cette mode n’épargne pas le Maroc où des cadres dorés aux reproductions de forêts tropicales en plastique, le kitsch est désormais partout», poursuit-il.
À la galerie HD, les murs ont été repeints en jaune canari pour accueillir comme il se doit les photos accrochées. Leurs auteurs, des étudiants de l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech (ESAV), n’ont pas fait les choses à moitié. Leur kitsch ne déroge pas à la règle : indigestion de couleurs, motifs floraux et strass à perte de vue. Mais il ne néglige pas non plus la touche marocaine, pleine de serpents en bois estampillés Jamaâ El Fna, de voiles chamarrés et de sofas chargés de fioritures.
Ilham Antar, 22 ans, explore ce qu’elle considère comme de la «schizophrénie». «Elle soulève les contradictions de la société marocaine prise en étau entre les valeurs occidentales et arabo-musulmanes», peut-on lire sur la brochure. Deux clichés représentent une jeune voilée au regard chargé de mascara, qui feuillette un magazine féminin avant de s’agenouiller pour la prière. Mohamed Yassine Kadraoui, 25 ans, brode pour sa part autour des superstitions : sel, couteaux, ciseaux, Khmissa, autant d’objets vedettes pour traduire la «dimension mystique du quotidien».
Un certain regard sur le kitsch marocain, en somme, entre l’humour et la raillerie, la tendresse et, parfois, la condescendance. Pour vous faire votre propre idée là-dessus, c’est jusqu’au 15 janvier à la galerie HD, 6, avenue des Tilleuls, quartier de l’Hippodrome, à Casablanca.