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Culture

Exposition : Fariji se rafraîchit la Mémoire

Vestiges d’un aquarium oublié, reconstitution fictive et engagement citoyen… À travers «L’Aquarium imaginaire, épisode #2» à L’Atelier 21, Mohamed Fariji ravive un pan effacé de Casablanca en interrogeant la place du patrimoine dans la ville contemporaine.

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Il y a plus de trente ans, l’Aquarium de Casablanca fermait ses portes, effaçant un pan de l’histoire urbaine. Aujourd’hui, Mohamed Fariji en propose une réinterprétation à travers L’Aquarium imaginaire, épisode #2, un solo show à la galerie L’Atelier 21. Son approche ne se limite pas à une évocation nostalgique : il questionne la mémoire des lieux et leur place dans l’espace public.

Depuis plus d’une décennie, Fariji collecte, réinterprète et détourne. Il s’empare des vestiges de l’Aquarium de Casablanca pour en faire un récit mouvant, où archives et inventions cohabitent. Ses maquettes, installations et reconstitutions fictives ne cherchent pas à reproduire fidèlement le passé, mais à le questionner et à en proposer de nouvelles lectures.

Dans la série Les requins qui dansent et Les gardiens des abysses, il revisite les céramiques marines du site disparu sans se limiter à une restitution. Il les transpose dans un univers où le souvenir acquiert une dimension onirique. Ses œuvres traduisent un dialogue entre l’effacement et la persistance de la mémoire.

Mohamed Fariji © Abderrahim Annag.

Mohamed Fariji © Abderrahim Annag

L’Aquarium imaginaire s’inscrit dans une réflexion plus large sur le devenir des lieux délaissés. Depuis 2012, Mohamed Fariji développe le Musée Collectif, un projet qui vise à sensibiliser à la réhabilitation du patrimoine urbain. Il questionne l’appropriation des espaces par les habitants et leur rôle dans la redéfinition de l’environnement urbain.

L’ancien Aquarium devient alors un symbole : que signifie sa disparition ? Quelle place accordons-nous à ces espaces dans la construction du récit urbain ? L’exposition ne se contente pas de poser ces questions, elle pousse le visiteur à s’interroger sur son propre rapport aux lieux abandonnés.

Fariji ne se limite pas à exhumer un site disparu. L’Aquarium imaginaire n’est pas une simple «célébration», mais une proposition pour l’avenir. L’artiste envisage cet espace comme un centre d’art et de réflexion participatif, où la mémoire du lieu servirait de tremplin à de nouvelles dynamiques.

Dans un Casablanca en perpétuelle transformation, où le patrimoine disparaît souvent sous la pression de l’urbanisation, la démarche de Fariji est «un cri du cœur». De fait, il ne s’agit pas seulement de préserver un souvenir, mais d’en faire un outil de réflexion et d’action sur la ville contemporaine.

 

L’Aquarium imaginaire, épisode #2», Mohamed Fariji, du 18 février au 22 mars, à L’Atelier 21, Casablanca.