SUIVEZ-NOUS

Culture

Comediablanca : Pour le meilleur et pour le rire

Comediablanca (les 30 au 31 mai) ne se contente plus de faire marrer : il ambitionne de bâtir un écosystème de l’humour, du Maroc à l’international. La seconde édition promet une programmation qui cogne, un village artistique bouillonnant et un tremplin pour les talents émergents. Rire sans frontières, c’est maintenant.

Publié le


Mis à jour le

Sous les néons de la conférence de presse, ce 24 avril, Saad Lahjouji Idrissi et Myriam Bouayad ont les yeux qui brillent. Pas juste de fierté, non : d’ambition. Leur bébé, Comediablanca, n’est plus seulement un festival d’humour casablancais. C’est une machine à rêves, un tremplin pour de jeunes humoristes, une passerelle vers l’Afrique et l’Europe. Soit ! on sent l’électricité : 4.000 spectateurs attendus par soir, un «Village Comediablanca» repensé comme une agora artistique, et un programme d’accompagnement pour les talents émergents. Rien que ça. Bienvenue dans l’humour 2.0, version darija et francophonie décomplexée.

Comediablanca, c’est d’abord une histoire de cœur. En 2023, Saad et Myriam ont parié sur un OVNI culturel : un festival dédié à l’humour, dans un Maroc où le stand-up émerge à peine des cafés-théâtres et des vidéos TikTok. La première édition a cartonné, révélant un appétit féroce pour le rire intelligent, celui qui gratte là où ça dérange. Cette année, ils passent la seconde.

Le gala arabophone du 30 mai réunit la crème de l’humour marocain : Hanane Fadili, marraine du one-woman-show, qui imite tout et n’épargne personne depuis trois décennies ; Ghita Kitane, orthophoniste le jour, tornade comique la nuit ; ou encore Ayoub Idri, dont les parodies musicales font plier les réseaux. Côté francophone, le 31 mai, c’est Roman Frayssinet, maître du stand-up surréaliste, qui croisera le fer avec Oualas, l’Ivoiro-Marocain aux punchlines qui fusent, et Coco Makmak, dont l’autodérision décape les clichés culturels. Sans oublier Erick Baert, l’imitateur caméléon capable de ressusciter 140 voix en un seul show. Un casting qui claque comme une répartie bien placée.

Mais Comediablanca, ce n’est pas qu’une scène. C’est un écosystème. Le «Village Comediablanca», réinventé par le directeur artistique Amir Rouani, devient un quartier éphémère où l’on rit, mange, crée. Marché d’artisans, food court aux saveurs métissées, gaming zone pour des joutes d’impro : chaque coin est une affaire de convivialité. Et pour les jeunes pousses du rire, un partenariat avec la Fondation Hiba change la donne : résidences artistiques, masterclass avec des pointures internationales, suivi post-festival. De quoi transformer des vannes de quartier en carrières solides.

Les fondateurs rêvent grand : décliner le festival dans d’autres villes marocaines, puis en Afrique et en Europe. Déjà, des artistes d’horizons divers – Maroc, France, Côte d’Ivoire, Cameroun – rejoignent l’aventure, tissant des liens entre scènes et cultures. Et demain ? Une école des arts comiques, rien de moins.

Pourtant, tout n’est pas rose. Structurer une filière humoristique dans un pays où la culture reste le parent pauvre, c’est un défi herculéen. Et exporter le rire marocain suppose de jongler avec des publics aux attentes différentes. Mais à voir l’énergie de l’équipe, on se dit que ces obstacles ne sont que du matériel pour de futures vannes.

À Casablanca, le rire n’est plus une parenthèse : il devient une force, un projet, un horizon. En posant les bases d’un écosystème humoristique, Comediablanca ne se contente pas de faire salle comble. Il trace une route, de l’hay aux scènes mondiales, où l’humour marocain s’affirme, libre et insolent. Alors, prêts à rire sans frontières ? Comediablanca, c’est maintenant. Et c’est déjà demain.