Culture
Clip : Snor, l’alchimiste de Casa
Snor, l’énigme cagoulée du rap made in Morocco, revient avec «Kelma», un single introspectif sorti le 10 avril. Signé chez Warner Music MENA, il sculpte un cri d’amour brisé, porté par un clip somptueux où Casablanca devient une toile vivante. Une claque, entre rue et étoiles.

Quand Snor lâche un son, Casa vibre. Kelma n’est pas qu’un single, c’est une plongée dans l’âme d’un artiste qui transforme la douleur en art. «Tell me what you want from me, I’m tryin’a wake up», murmure-t-il, la voix fragile, avant que la darija ne cogne : «Men had Lhelma li khanqani». Un amour toxique, des souvenirs qui étouffent, un cœur qui s’accroche – «Dazo yam w chhor w Awam maqdertch nssak». La prod, tricotée avec mwxd, Keight et Lyes, mêle synthés larmoyants et basses lourdes. C’est dense, brut, marocain jusqu’à l’os.
Le clip, réalisé par Snor est une bombe. Casa s’y dévoile, tour à tour chaotique et onirique : le Rialto, relique fanée, le Don Quichotte, refuge des âmes perdues, l’Ancienne Médina, où les murs chuchotent. Chaque plan, gorgé de néons et d’ombres, hurle une rupture obsédante. «Kighan3ich mchiti diti qalbi m3ak», lance Snor, spectre errant d’une love story morte-vivante. Un Wong Kar-wai des faubourgs, qui sublime le rap.
Depuis 2019, Snor esquive la gloire facile. Hkaya, Dawk Liya, De9a De9a : il redessine le rap marocain, loin des algos et des refrains formatés. Kelma creuse plus profond, une plume sanglante, une voix entre cri et silence. Avec Warner, il vise loin – Rabat, Dubaï, Paris. Mais Snor rappe pour les fêlés, pas pour les couronnes. Kelma, c’est un mot qu’on retient jusqu’à l’asphyxie, puis qu’on libère. Une expérience, pas un son. Snor, fantôme de Casa, laisse des traces indélébiles.
