SUIVEZ-NOUS

Culture

Casablanca est en train de perdre ses «repaires»

L’association Casamémoire tire la sonnette d’alarme au sujet des démolitions qui changent la face de Casablanca.

Publié le

Casamemoire 2013 12 30

Casablanca n’en finit pas de voir son visage défiguré par les interventions bétonnées. Selon l’association Casamémoire, de nombreuses démolitions ont eu lieu ces derniers mois. Après la villa Henri Terraz, boulevard du Lido, construite en 1953 par l’architecte Albert Planque, disparue en octobre dernier, une villa située à l’angle boulevard Rachidi et Hassan 1er, a été détruite il y a deux semaines. Des bijoux d’architecture certes, mais surtout des sites d’ancrage de la mémoire casaouie qui s’effritent au vu et au su des autorités concernées.

Dans l’une des toutes récentes conférences données dans le cadre de l’Université Populaire du Patrimoine, Abdelkader Kaioua rappelait l’importance de l’industrie dans l’histoire urbaine et architecturale de la ville de Casablanca et dans la mémoire collective des Casablancais. Intervention qui a eu lieu le 10 décembre dernier et qui a mis l’accent sur la nécessité de préserver les lieux industriels, à travers la reconversion des sites abandonnés en espaces publics.
À titre d’exemple, des villes comme Paris, Madrid ou Istanbul ont déjà soulevé et traité la question du patrimoine industriel. Les exemples de projets de reconversion de ces friches sont légion. Toujours selon Casamémoire, des lieux comme les anciens abattoirs de la Villette à Paris ont été reconvertis en Parc urbain et culturel. Ceux de Madrid sont devenus Matadero, un centre de création contemporaine. À Lisbonne comme à Istanbul, les anciennes usines électriques et thermiques sont transformées en espaces dédiés à l’art et la culture. Dans d’autres villes du Canada ou du Royaume-Uni, les projets de reconversion industrielle prennent de l’ampleur et surtout de l’espace, comme au quartier d’Outremont à Montréal, renouvelé en quartier de logements ou encore les docks à Londres, quartier mixte avec la fameuse Tate Modern gallery.

Pendant ce temps, de ce côté de la mer, la tendance n’est pas à la sauvegarde, hélas. L’ancienne usine Coca-Cola, construite par l’architecte Pierre Bousquet en 1950, a libéré la place boulevard Oulad Ziane, en août dernier. Les derniers vestiges du site de la société Lafarge avec les logements des cadres, construit par Edmond Brion, ont été rasés par les démolisseurs en ce mois de décembre. Que de mutilations portées à l’identité et à la mémoire d’une ville qui fut un pôle urbain incontournable, marquant l’arrivée du Maroc dans l’ère moderne.

«Ne faut-il pas, également à Casablanca, accompagner tous les acteurs, propriétaires, promoteurs immobiliers, entrepreneurs, administrateurs, qui interviennent dans le devenir de la ville ? N’est-il pas temps de mettre en œuvre une stratégie de protection du patrimoine casablancais en commençant de toute urgence par un inventaire digne de son nom ?», s’interroge à raison Casamémoire. Questions qui donneront, espérons-le, à réfléchir au tant attendu think- tank du Grand Casablanca.