Culture
Album d’outre-tombe pour Amy Winehouse
Le 5 décembre, l’album posthume d’Amy Winehouse voit le jour et laisse perplexe : une aubaine pour ses producteurs ou un dernier hommage réussi ?

L e 23 juillet, le monde pleure la mort de la diva new-age la plus extravagante de la place, une perte regrettée mais prévisible, suite aux tumultueuses aventures dont témoignent les unes de la presse à scandale. Malgré cela, on l’aimait, notre Amy Winehouse. Sa choucroute, son originalité, son génie, et cette voix ! Irrésistible et indétrônable. Il y a eu Frank en 2003, puis Back To Black en 2006 qui ont fait d’elle une véritable icône de la soul. Mais elle était plus célèbre pour le cirque médiatique dont elle était trop souvent victime. Six mois seulement après sa disparition, on prévoit la sortie de Lioness : Hidden Treasures. Entre controverse et adulation, le projet suscite des réactions tranchées, mais ne laisse pas indifférent. Pour cause, à titre posthume, cet opus se drape d’une dimension tragique, presque macabre. Quand certains y voient un émouvant hommage à la diva, d’autres restent sceptiques quant à sa profondeur «musicale». A l’annonce du projet, l’engouement de tous est au rendez-vous, surtout que l’on promet des titres inédits jamais écoutés auparavant, des enregistrements studio, et des live rares. Pourtant, quelques semaines après, la tracklist, parue mi-novembre, ne fait pas de vagues et passe même inaperçue.
Comment ne pas être perplexe lorsque la sortie a été fixée au 5 décembre, quelques semaines avant les fêtes de fin d’année ! Une aubaine commerciale ou une réussite musicale ? On s’interroge. Il suffit d’une première écoute pour dire que ce disque s’apparente dangereusement à une sorte de patchwork musical, dénué de tout sens, un collage d’éléments disparates dont on a forcé le mariage. Parce que sur les douze morceaux, il n’y a rien de bien inédit à part des reliquats de Frank et de Back To Black, des chansons que Salaam Remi et Mark Ronson, les producteurs de la chanteuse, ont jugé inadéquats pour les deux premiers albums, on comprend d’ailleurs pourquoi : sur voix cuivrée de l’artiste, les compositions sont déjà vues, les mélodies doucereuses. Ajoutons-y quelques reprises qui sentent bon les soirées arrosées en studio, customisées pour faire «clean», et une mention «Une partie des bénéfices sera reversée à l’association Amy Winehouse», créé par son père pour aider les jeunes à sortir de la dépendance et on se retrouve avec le parfait cadeau pour Noël. Un album qui trônera au pied des sapins, joliment emballé par amour. 24h après sa sortie, il s’est vendu à 70 000 exemplaires, et parce que peu importe l’angle de vue, il existe une dimension commerciale évidente et indissociable à cet album, on répondra que retomber dans les méandres envoûtantes de la diva n’a pas de prix ! Et la musique ?
