Culture
Ahlam Lemseffer présidente de l’Association pour l’art et la culture : « L’art est le meilleur ambassadeur de notre pays »
Si Asilah bouillonne d’art et de culture, c’est, entre autres, grà¢ce à l’Association pour l’art et la culture qui y organise jusqu’au 29 juin son Symposium international de l’art contemporain, une rencontre annuelle d’artistes de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Explications avec l’initiatrice de l’événement.

Présentez-nous, tout d’abord, l’association pour l’art et la culture.
L’Association pour l’art et la culture (APAC) est une association à but non lucratif dont la vocation est de participer au développement socioculturel de notre pays. Nos activités vont de l’animation d’ateliers d’éducation à l’art pour les enfants à l’organisation de tables rondes en passant par des formations ou des résidences d’artistes. Durant ces deux dernières années, l’APAC a organisé et participé à plusieurs manifestations artistiques : symposiums à Azemmour, Marrakech, Voistberg en Autriche, Aniane en France, etc.
Parlez-nous à présent de la Maison de l’art contemporain d’Asilah.
Plus qu’une simple galerie d’art, la Maison de l’art contemporain d’Asilah (MAC.A) est avant tout un lieu de rencontre et d’échanges entre les artistes et les intellectuels du monde entier, partageant avec le public leur énergie et leurs vibrations. MAC.A est aussi une résidence d’artistes hébergeant jusqu’à vingt personnes, vivant ensemble dans un esprit de fusion et de partage de leur connaissance et leur savoir. MAC.A organise également des événements artistiques tout au long de l’année : expositions, symposiums, conférences, formations…
Un espace contemporain à cinq kilomètres d’Asilah, haut lieu de la création artistique marocaine.
Qu’aborde le symposium cette année ? Que peut-on y voir ?
Le symposium est une rencontre entre les artistes et les intellectuels des deux rives de la Méditerranée pour la création, l’échange et la préservation des valeurs de paix, de tolérance et du droit à la différence. Pour réaliser ces objectifs, l’APAC a prévu un programme soutenu sous le thème de l’amour, autour duquel les plasticiens réalisent des œuvres, les poètes présentent des lectures, les conférenciers animent des débats et des musiciens donnent des concertos …
Le thème du symposium éclot de l’idée de l’amour, inspirée du livre Le collier de la colombe qui conjugue contemplation, poèmes et mémoires et aborde la question de l’amour depuis les prémices de la passion à l’abstinence, l’abandon ou la séparation. Ce traité monumental est l’œuvre du fin lettré, poète et vizir Cordouan Ibn Hazm Al Andaloussi qui emprunta la voie du non-conformisme, au point de s’attirer l’animosité d’un groupe de Malékites. Il fut expatrié et mourut en 1064.
«L’amour -Que Dieu te glorifie- est frivolité à ses débuts, scrupule à son terme». Tel est le prologue du Collier de la colombe. L’amour est une nécessité spirituelle pour toute substance. Selon l’expression de Farid Eddine Al Attar : «C’est l’éveil en face de l’âme et la dissémination de celle-ci face au bien-aimé». C’est une prédisposition en mode de plaisir et en mode de création. Il ne surgit pas seulement du cœur de l’amant, mais jaillit de toute beauté des doigts d’artistes et de poètes, tout comme gémit la flûte et fredonne la corde, tout comme se rencontrent les âmes sur les lèvres des amants. Et quand l’amour cesse d’exister, le ciel cessera d’être bleu et les poitrines seront des cages pour les serpents. Nous avons plus que jamais besoin de l’amour d’autrui et autrui a plus que jamais besoin de notre amour. Nous avons plus que jamais besoin de l’amour de la terre et de l’eau, et de l’amour de nous-mêmes.
Comment se porte l’art contemporain au Maroc, d’après vous ?
L’art au Maroc se porte plutôt bien et promet. Nous sommes dans une phase d’éclosion, une phase d’effervescence, de talents qui font tomber toutes les barrières. L’art marocain est bien assis sur le plan international. C’est le meilleur ambassadeur de notre pays. Mais il reste un pas très important à franchir, celui de convaincre les responsables de l’importance de l’art et son efficacité à lutter contre pas mal de fléaux. Sa force se trouve dans sa liberté et son impact sur la société. Pour l’aider à se développer, nous avons l’obligation de lui apporter aide et soutien et d’encourager toutes les initiatives dans ce sens. Aujourd’hui, malheureusement, nous vivons un manque d’infrastructures dans ce domaine.
