SUIVEZ-NOUS

Auto

Automobile. Comment le marché du neuf déjoue la crise

À l’heure où les véhicules d’occasion ont la cote, le marché de la voiture neuve est resté à la baisse durant le premier quadrimestre de l’année. Entre insuffisance des stocks et inflation des prix, la clientèle cherche plus que jamais à mûrir son choix et optimiser son achat, ne jurant le plus souvent que par le double leurre prix promotionnel et crédit gratuit.

Publié le


Mis à jour le

Alors qu’il était à plus de 67.000 unités écoulées à fin mai en 2022, le marché de la voiture neuve n’a totalisé qu’un peu plus de 64.000 ventes sur les cinq premiers mois de cette année, soit une baisse de 4,45 % en glissement annuel. En cause: les quantités insuffisantes dans les stocks de certaines marques, suite aux pénuries de puces électroniques.

Toujours d’actualité, ce problème sera progressivement dépassé à mesure que l’industrie automobile mondiale réorganise la production de ses intrants et autres composants liés aux semi-conducteurs. Au-delà de cet aspect, l’inflation tarifaire qu’a connue le marché du neuf a, un tant soit peu, contribué à son ralentissement, faisant dévier une bonne partie de la demande vers le véhicule d’occasion (VO). Cette flambée des prix du neuf trouve son origine dans diverses raisons, parmi lesquelles on retiendra surtout la hausse des matières premières, puis celle des coûts de l’énergie et du transport, le fret notamment.

Du coup, le coût de revient des véhicules neufs (entre l’usine et le showroom) a explosé, entraînant une baisse des volumes de ventes, que les distributeurs compensent justement en augmentant le coût final afin de conserver leurs marges.

Mai, mois d’un rebond tant attendu
On comprendra par là que le prix du neuf devrait rester encore élevé pendant plusieurs mois encore. Cela étant et après un début d’année marqué par une tendance baissière continue qui s’est chiffrée à -8,89%, -12,1% en février, -11,93 en mars et – 0,23 en avril, le marché de la voiture neuve a fini par reprendre des couleurs en mai.

Selon les chiffres publiés par l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), 14.725 véhicules neufs ont été vendus le mois dernier, ce qui correspond à une croissance de 12,44 % comparativement à mai 2022. S’il est difficile d’expliquer les raisons de cette embellie, une lecture des statistiques par marque nous renseigne que certaines marques du top-10 ont surperformé et tiré le marché vers le haut durant le mois de mai.

C’est notamment le cas de Renault (+40%), de Hyundai (+33,4%), de Peugeot (+16,7%), mais surtout de Volkswagen qui a signé une croissance à trois chiffres (+164,4%), comparativement à mai 2022. D’autres labels ont également bien vendu, à l’image de Skoda (+90,5%) qui ferme désormais le top-10.

Au vu des nouveautés lancées ou en cours de lancement, ainsi que des succès qu’enregistrent les labels les plus performants du top-10, tout laisse penser que ce premier rebond pourrait marquer la fin d’une longue période d’atonie.

Entre promos et crédit gratuit…
Quant aux raisons qui stimulent la demande, les experts du secteur s’accordent à dire que les Marocains sont extrêmement «sensibles» aux offres affichées par les marques et plus particulièrement les mots «promos» et «crédit gratuit». Or, le premier n’est autre chose qu’une fausse remise, préalablement étudiée, qui n’empêche pas d’ailleurs d’obtenir une remise supplémentaire.

Encore plus puissant, le second argument est devenu une condition sine qua non pour convaincre l’acheteur. Pourtant, il ne faut pas être une lumière pour comprendre qu’il n’existe pas de crédit gratuit ou à 0% d’intérêts, ces derniers se déguisant subtilement dans des frais de dossier qui se chiffrent à plusieurs milliers de dirhams. À cela s’ajoute aussi ce discours récurrent (et le plus souvent mensonger) des conseillers commerciaux qui répètent au client : «Il ne nous en reste qu’un seul exemplaire, il faut faire vite». Bref, tous les moyens sont bons pour amener le chaland à conclure l’achat en signant un bon de commande assorti d’un acompte. Et si c’était précisément tout cela qui faisait évoluer le marché du neuf par ces temps de vaches maigres ?