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Archives LVE 1975. Le Maroc en forte expansion

Il y a 50 ans, le PIB a connu une croissance de +9%. Les investissements ont progressé de +35%, alors que la balance des paiements a affiché un excédent de 540 MDH.

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Abdelkader Benslimane, ministre des Finances, a présidé la réunion semestrielle du Comité du crédit et du marché financier avec lequel il a examiné la situation monétaire et financière.

Le ministre a profité de cette occasion pour brosser un tableau de la situation du pays dans son ensemble et si des éléments négatifs ont été relevés, en particulier la hausse des prix et la faiblesse du montant des investissements privés, d’autres éléments positifs sont venus apporter la preuve que le Maroc a connu en 1974 une nouvelle et forte expansion.

L’enrichissement d’un pays se mesure, on le sait, à l’évolution de la production intérieure brute. Or, celle-ci s’est accrue de 9%. C’est le taux de progression le plus élevé après celui atteint en 1968, à la suite d’une campagne agricole sans précédent.

Le ministre a souligné que cette évolution était le fait de tous les grands secteurs économiques. L’essor qui a été enregistré est donc un essor harmonieux.

Le ministre a également souligné que le montant des investissements s’était accru, par rapport à l’année précédente, de 35%. Mais Benslimane a souligné que cette progression avait été acquise essentiellement grâce aux investissements du secteur public qui ont progressé de 65%.

La part qui revient donc au secteur privé reste basse, c’est un des éléments négatifs de la conjoncture. Certes, on peut s’interroger sur les raisons de cette carence. La conjoncture est particulièrement favorable, encore que les investissements industriels puissent paraître aventureux dans une conjoncture internationale aussi troublée.

Il est possible aussi que la marocanisation ait drainé une bonne partie des capitaux disponibles et incité les étrangers à une certaine réserve. Néanmoins, Benslimane a exprimé son espoir de voir le secteur privé manifester plus de dynamisme.

Le ministre a souligné également que la balance des paiements avait laissé, en 1974, un solde positif de 540 MDH. C’est le chiffre le plus élevé enregistré ces dernières années (le dernier record ayant été établi en 1971 avec 359,5 M DH).

Le montant des réserves en devises a cependant fléchi depuis le mois de septembre et se situe légèrement au-dessous de 2.000 MDH.

Le ministre a analysé les raisons de cette vive progression. Elle tient à trois causes :
– La nouvelle hausse du prix des phosphates le 1er juillet dernier. Pour la première fois, la balance commerciale du Maroc dégage un solde positif, grâce aux exportations de phosphates.
– La forte hausse des transferts des travailleurs marocains à l’étranger.

Le montant global des rapatriements réalisés a atteint la somme record de 1.556 millions de dirhams, à laquelle il convient d’ajouter les sommes qui ont été enregistrées au titre des recettes touristiques, puisque les TME sont considérés comme des touristes quand ils viennent au Maroc et les devises qu’ils déclarent à leur entrée comme des recettes touristiques.

Au sujet de l’inflation et de la hausse des prix, le ministre a attiré l’attention sur le fait que l’action de certains spéculateurs n’échappait pas au gouvernement. «Je dois rappeler, a-t-il déclaré, que les tensions inflationnistes constituent pour notre pays un phénomène nouveau, mais non moins dangereux.

En effet, de 1968 à 1973, le Maroc est resté l’un des rares pays à connaître une hausse des prix très modérée de l’ordre de 2%. Mais du fait de l’accélération de l’inflation à l’échelle mondiale et de la crise du pétrole et des produits de base, l’économie marocaine risque de se trouver à son tour contaminée par le mal de l’inflation.

«C’est pourquoi je me dois de préciser que si la hausse des prix est d’origine extérieure, certains facteurs internes ne manquent pas de l’attiser. Je pense en particulier aux stocks spéculatifs et à leur financement».

Le ministre s’est également félicité des mesures prises en juin dernier pour encourager les dépôts en banques. Il a suffi, en effet, d’instituer des taux d’intérêt créditeur pour voir les dépôts à terme et les comptes sur carnet s’accroître de 64% dans le seul courant du deuxième semestre de 1974.

Il est ainsi prouvé, une fois de plus, que les mesures d’encouragement sont toujours beaucoup plus efficaces que les mesures de pression. La Vie Économique

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