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1933 : Ce que le Maroc importait déjà

Il y a 90 ans, un organisme de statistiques venait d’être mis en place. Il était depuis possible de juger la santé du commerce et de l’industrie au pays.

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Grâce à la patience de notre excellent collaborateur M. Lefaivre, qui a bien voulu dépouiller les dossiers de la douane, nous avons publié en primeur les statistiques des importations et des exportations du Maroc en 1932.

Ce cri de joie fera rire tous nos abonnés de France et de l’étranger car il y a belle lurette qu’ils connaissent les chiffres du mouvement commercial de leur pays.

Donner en avril ce renseignement, c’est jeter en mai, sur le marché mondial, les premières tomates : on ne parle plus de primeurs.
Ce retard est la rançon du progrès.

Le Maroc faisait et publiait ses statistiques en temps voulu, lorsqu’il a eu l’idée d’acheter des machines très compliquées. Le vendeur a sans doute fait une bonne affaire, l’administration et le public en ont fait une mauvaise. Qu’y avait-il dans ces machines? On ne sait pas au juste, mais depuis lors les calculs sont faux, on les refait à la main, on prend du retard, on sort les statistiques plus de deux mois après la date normale.

Elles sont enfin publiées et nous pouvons nous rendre un compte approximatif de la situation économique du Maroc en 1932. Donner le pouls du pays, tel est en effet le gros intérêt des statistiques d’importation et d’exportation.
M. Lefaivre a tiré de l’analyse des postes principaux des conclusions générales maintenant que des chiffres plus nombreux sont devant nous, il nous est possible de juger la santé de diverses branches de notre activité commerciale et industrielle au cours de l’année précédente.
Les chiffres des importations nous semblent à cet égard très révélateurs.

Nos importations de lait concentré sont tombées de 14.297 quintaux à 12.776 parce que la baisse des prix sur le marché local a favorisé la consommation du lait frais qui a baissé de 0 fr. 75 en un an; les importations de beurre ont, au contraire, suite à la baisse des prix sur les marchés extérieurs, sensiblement augmenté : les importations de conserves de poisson ont diminué, en poids, de 4.380 quintaux à 3.885, et en valeurt seulement de 2.991.000 à 2.975.000: il faut, semble-t-il, attribuer ce phénomène à trois causes : les fabriques locales ont su se tailler une place sur le marché, la baisse du prix du poisson frais a fait diminuer la consommation des conserves, le Maroc ne s’est adressé à l’étranger que pour les conserves de luxe.

Il nous faut rapprocher ce chiffre de celui de nos exportations : il s’élève en 1932 à 37.649 quintaux et 17.125.000 fr. contre 21.017 quintaux et 11.296.000 fr. en 1931 : l’industrie des conserves n’est donc pas au Maroc une des plus atteintes par la crise, les bénéfices sont faibles mais le chiffre d’affaires s’accroît sans cesse.

 

Matières végétales
Ne nous arrêtons pas aux chiffres des importations de blé, farines de blé, semoules qui n’ont pas beaucoup varié depuis l’année précédente.
Nous remarquons une hausse constante des importations de pommes de terre en 1930 : 101.899 quintaux, en 1931 : 158.082, en 1932 : 184.488.

Cette augmentation, en 1932, porte sur les quantités, car la valeur a baissé de 8.630.000 à 7.250.000. Les importations sont pour les 2/3 destinées à la consommation et pour 1/3 aux semences.

Nous importons la pomme de terre de semence ou de consommation courante, nous exportons la pomme de terre primeur. Malgré une grande tentation, il faut se garder de tirer des conclusions trop hâtives des importations de sucre, café, thé, ces marchandises arrivent par grosses quantités et donnent lieu à des stockages importants. Les importations de sucre ont légèrement diminué en 1932 : 1.310.715 qx contre 1.360.372 en 1931.

La production de la Cie Sucrière s’est élevée à 300.000 quintaux, elle représente à peu près le quart de la consommation réelle qui s’élève environ à 1.250.000 quintaux. La consommation globale du Maroc augmente puisqu’il élargit ses frontières depuis plusieurs années, mais la consommation individuelle reste à peu près stationnaire.