Influences
Archives LVE. 1963 : BP, De la réforme à l’expansion
Il y a 60 ans, Crédit Populaire se voulait déjà une banque au service des petites et moyennes entreprises, une institution rénovée dont le champ d’action s’élargit.
Il est permis aujourd’hui de parler du Crédit Populaire du Maroc comme d’une institution homogène depuis que la réforme des Banques Populaires décidée il y a déjà deux ans (2 février 1961) en a modifié fondamentalement l’organisation en les intégrant dans un ensemble national.
Les objectifs du législateur ont été analysés dans ce même numéro spécial, en 1962 : rappelons brièvement les caractéristiques essentielles de cette réforme qui, après deux années de rodage, ouvre des perspectives très larges à cette institution. Les Banques Populaires auxquelles l’État apportait une aide, substantielle sans exiger d’elles, en contrepartie, une gestion suffisamment rigoureuse, étaient victimes de leur propre structure comme peuvent l’être des organismes semi-coopératifs insuffisamment contrôlés où les responsabilités sont mal précisées.
En créant un Comité directeur chargé de définir l’orientation et de veiller au bon fonctionnement de l’ensemble du Crédit Populaire – participent à ce Comité non seulement les représentants de l’État, mais aussi ceux d’établissements financiers de premier plan – en dotant un organisme central technique, la Banque Centrale Populaire, de larges pouvoirs de tuelle sur les Banques Populaires Régionales, l’État a marqué sa volonté de regrouper dans un ensemble national et de donner une nouvelle orientation à des Banques de dépôt auxquelles serait conservé le caractère régional.
Il serait inutile de dissimuler que le Crédit Populaire du Maroc a traversé en 1960 et 1961 une période délicate du fait des erreurs de gestion antérieures. D’autres institutions du Crédit Populaire à l’étranger ont, elles aussi, avant la dernière Guerre mondiale, connu leur crise de croissance, elles ne se situent pas moins aujourd’hui parmi les premières institutions financières de certains pays européens (France, Italie, Allemagne…). Cette crise a au moins rendu nécessaires un diagnostic du mal et l’emploi de remèdes énergiques. L’état de santé s’améliore: nous n’en voulons pour preuve que l’accroissement des dépôts passés globalement (Banque Centrale et Banques régionales) de 69,6 millions de dirhams à 93,7 millions de dirhams entre 1961 et 1962.
Quelle orientation peut-on donner à ce nouvel ensemble composé aujourd’hui de neuf établissements et de leurs agences ?
• par leur caractère régional les Banques Populaires drainent tout naturellement, pour les réemployer largement sur place, les disponibilités régionales. Elles doivent donc bénéficier de l’appui des collectivités et milieux économiques régionaux représentés dans les conseils de ces établissements ;
• par son objet même le Crédit Populaire devient l’institution financière au service des petites et moyennes entreprises, qu’il s’agisse de crédits à court, moyen et long terme ou de crédits spéciaux. Il y a là un champ d’activité très vaste dans un pays dont la structure industrielle est faite d’un grand nombre d’entreprises de dimensions modestes ;
• enfin, si l’État a doté le Crédit Populaire de moyens techniques importants, il peut légitimement voir en lui un instrument de sa politique de développement régional capable de participer à la réalisation de programmes régionaux ou de gérer, dans l’intérêt général, des opérations impliquant à la fois un contrôle des pouvoirs publics, une large décentralisation et une infrastructure technique à laquelle les responsables du Crédit Populaire ont consacré tous leurs efforts pendant près de deux années, cette orientation semble déjà prise ainsi que nous l’indiquons par ailleurs.
Cette institution semi-publique, marocaine, décentralisée et polyvalente complète utilement les organismes financiers nationaux créés ou réorganisés au cours de ces dernières années. Elle a, d’autre part, un rôle de premier plan à jouer dans un avenir qui devrait être marqué par une participation de plus en plus large de l’épargne privée au développement régional.
