Idées
Toujours recommencer
L’échange des vÅ“ux permet de raviver les liens sociaux. Avant, la traditionnelle petite carte postale remplissait cet office. Mais la sacoche du facteur s’est vidée au profit d’Internet. C’est là qu’on s’approvisionne à présent pour se souhaiter la bonne année. On y choisit une carte en ligne, on fait défiler le carnet d’adresses, un clic et c’est parti. Cinq minutes pour tout régler là où l’achat des cartes sur support papier, leur rédaction puis leur postage nécessitait une vraie programmation. Du coup, l’envoi perd son côté personnalisé mais gagne en efficacité.

Adieu 2009, bonjour 2010. Une page s’est tournée, une autre, toute vierge, s’est ouverte, obéissant en cela au cycle naturel de la vie. Fin de quelque chose, début d’autre chose, un pas de deux permanent réglé de façon immuable. Le passage d’une année à une autre nous concerne tous, et de la même manière.
D’être collectivement vécu en donne une conscience générale, et c’est ce qui fait sa particularité. Car, au fond, qu’il s’agisse d’une année, d’une semaine ou d’une seconde, on est toujours à passer d’un moment à un autre. Sauf que là, on se focalise sur l’instant et on le célèbre. Du coup, un temps d’arrêt est marqué, qui peut être mis à profit pour faire le point et prendre de bonnes résolutions pour les 364 jours à venir. Par ailleurs, l’échange des vœux permet de raviver les liens sociaux. Avant, la traditionnelle petite carte postale remplissait cet office. Mais la sacoche du facteur s’est vidée au profit d’Internet. C’est là qu’on s’approvisionne à présent pour se souhaiter la bonne année. On y choisit une carte en ligne, on fait défiler le carnet d’adresses, un clic et c’est parti. Cinq minutes pour tout régler là où l’achat des cartes sur support papier, leur rédaction puis leur postage nécessitait une vraie programmation. Du coup, l’envoi perd son côté personnalisé mais gagne en efficacité. Il peut concerner un nombre infini de destinataires même si, envoyés de la sorte, les vœux ne touchent plus vraiment ceux qui les reçoivent.
Mais, comme pour compenser la virtualité froide de ces cartes électroniques, un autre type d’envoi se développe en parallèle, qui renseigne sur le besoin constant de sens et d’échange des personnes installées derrière les écrans. Comme cadeau amical pour le Nouvel An, reçoit-on ainsi une profusion de diaporamas d’un même type, des images superbes accompagnées d’une belle musique et d’un commentaire bâti sur un patchwork d’adages et de préceptes. Des choses que l’on sait mais qu’on n’applique pas pour autant. Ces petits montages audiovisuels sont parfois de vrais joyaux que l’on regarde avec plaisir et qui, ne serait-ce que le temps de leur visionnage, vous refont sourire. Parmi les nombreux tombés dans ma boîte email pour 2010, un m’a particulièrement plu, au point de l’avoir fait circuler à mon tour comme antidote à la déprime et au désabusement. Intitulé Re-Naissance, il commence par la citation suivante, du philosophe grec Sénèque : «Ce n’est pas parce que nous osons que les choses sont difficiles mais parce que nous n’osons pas». Combien juste. La difficulté réside bien souvent plus dans l’appréhension que nous avons à agir que dans l’acte en lui-même. On le réalise une fois le pas fait mais, pour ce faire, il faut avoir osé le pas.
Avancer comporte toujours une part de risque mais comme dit le proverbe, «qui n’avance pas recule». Conclusion : quoique l’on fasse, on n’est jamais à l’abri de rien, alors autant opter pour le mouvement plutôt que pour l’inertie.
Ce diaporama, parmi ses conseils, propose de procéder à un «nettoyage mental», soit se débarrasser de tout ce qui plombe l’élan vital. Comme le ménage que l’on fait dans une maison pour y vivre bien, il faut faire le ménage dans sa tête pour se sentir mieux. Pour cela, «jeter au loin ce qui enchaîne au passé, ce qui fait mal, nettoyer son cœur, le préparer à une nouvelle vie, à un nouvel amour …».
Autre vérité. Pour pouvoir retrouver la légèreté et le goût de vivre, il faut parvenir à tourner la page, accepter de laisser le passé derrière soi et se délester du ressentiment et de la peine qu’il a pu occasionner.
Mais, dans le même temps, capitaliser sur ce que l’on a vécu. Bonne ou mauvaise, chaque expérience peut être enrichissante dès lors qu’on sait comment en tirer profit. «Avez-vous beaucoup souffert ? C’était un temps pour apprendre». «Avez-vous beaucoup pleuré ? C’était pour laver votre âme». «Avez-vous eu beaucoup de ressentiment ? C’était une leçon sur le pardon».
Et pour conclure : «Aujourd’hui est une excellente journée pour commencer un nouveau projet de vie… Regardez plus haut, rêvez plus haut, désirez le meilleur. La vie nous apporte ce à quoi nous aspirons. Si l’on pense petit, le petit arrivera. Si l’on pense fermement au meilleur, au positif et que l’on navigue dans ce sens, le meilleur adviendra».
