Idées
Le citoyen pris en otage par les grèves à répétition !
que réclament ces secrétaires-greffiers, qui sont au cÅ“ur du mouvement de revendications ?

Depuis quelques jours, ça recommence : les tribunaux du pays sont quasi paralysés. Après un arrêt de travail, les 24,25 et 26 mai, les syndicats ont appelé à une seconde grève, les 31 mai, 1er et 2 juin, ce qui ne risque pas d’améliorer une situation déjà tendue. Que réclament-ils au juste, ces fonctionnaires du ministère de la justice, ces secrétaires-greffiers, qui sont au cœur du mouvement de revendications ? Leurs demandes sont assez simples, en fait : il s’agit de revaloriser leur statut, augmenter leurs salaire et améliorer leurs conditions de travail, revendications somme toute légitimes. Ce qui l’est moins, c’est le fait de prendre en otages des citoyens qui ne savent plus qui croire et se retrouvent complètement désemparés. En effet, après les mouvements de protestations de l’année 2010 et les négociations qui avaient suivi, on pensait que les deux parties étaient parvenues à un accord en février dernier. Effectivement, les syndicats avaient annoncé l’arrêt de toute grève durant les prochains mois… Annonce apparemment quelque peu rapide au regard des événements actuels. Ne rentrons pas dans des détails fastidieux et arrêtons-nous sur les cas de citoyens touchés bien malgré eux.
Ainsi de M. X…, médecin de son état, qui avait pris soin, durant sa longue carrière, d’éviter tout rapport avec la justice. Responsable d’un léger accrochage au volant de sa voiture, il s’est retrouvé poursuivi par le parquet pour défaut de maîtrise et blessures involontaires. En homme responsable qui assume ses responsabilités, il a tenu à comparaître personnellement le jour de l’audience en novembre 2010. Peine perdue, celle-ci est reportée d’un mois, à la demande des assureurs. Lors de la seconde audience, rien ne se passe, le tribunal est en grève, et tous les dossiers sont renvoyés à plus tard. De janvier à mars, les mouvements de grève se poursuivent, et les affaires sont systématiquement reportées… Début avril, fin du mouvement de protestation, et l’on entreprend d’apurer les dossiers en instance ou ceux qui ont souvent été renvoyés. On prend donc la décision de programmer le dossier du Dr X…(avec beaucoup d’autres dossiers) au 25 mai qui coïncide à nouveau à une journée imprévisible de grève. Et voilà le dossier de M. X renvoyé, cette fois, aux calendes grecques.
Mme V… est commerçante, et a bien des soucis avec sa clientèle. En effet, plusieurs personnes indélicates ont réglé leurs achats avec des chèques sans provision. Mme V… a engagé les poursuites pénales, et les chèques ont été acquittés auprès de la caisse du tribunal, courant octobre 2010. Pour récupérer son argent, elle doit suivre une procédure relativement simple, mais quelque peu longue. La voilà ballottée d’un service à l’autre, d’un juge à un procureur, sommée de fournir certains justificatifs, déposer des demandes, acquitter des taxes judiciaires, le tout dans une atmosphère délétère, dominée par les mouvements de grève, les arrêts de travail et autres désagréments. Et enfin c’est le grand jour : on lui apprend tout récemment que son argent est en attente de signature, et qu’elle doit venir le 30 mai pour récupérer son dû…. sauf, encore une fois, que ça tombe aussi un jour de grève : Mme V… se demande si elle n’a pas la scoumoune !
Et, enfin, prenons le cas de M. R…, propriétaire d’un local commercial, en conflit avec son locataire pour défaut de paiement des loyers. Après moult démarches, plusieurs tentatives amiables et quelques dossiers judiciaires, il a enfin obtenu un jugement d’expulsion, daté de février 2010. Têtu, le locataire s’accroche, relève appel, et fait tout pour retarder la procédure. Rien n’y fait : le jugement est confirmé en appel, les notifications sont rapidement diligentées et l’expulsion enclenchée. Devant le refus d’obtempérer du locataire, on demande alors l’intervention de la force publique, (la police, en fait). Celle-ci ne se déplace pas facilement, il faut faire une demande, et attendre la réponse : c’est bon, la maréchaussée se rendra sur les lieux le 1er juin prochain….. Sauf, sauf, que c’est jour de grève, et les fonctionnaires du greffe en charge de l’exécution des arrêts ne pourront officier ce jour-là….
Et tant pis pour tous les contribuables lambda, qui financent ces grèves à leur corps défendant !
