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Affaires

Le sucre marocain fête ses 80 ans

Cosuma, qui a été rebaptisée Cosumar, en 1967, après l’entrée de l’Etat dans le capital, a été créée par
la société Saint-Louis de Marseille.
La raffinerie casablancaise produisait 100 tonnes de sucre par jour en 1929 contre 1 200 tonnes actuellement.
La première sucrerie étatique a été créée par l’Etat en 1963.

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Cela fait 80 ans que le Maroc raffine et produit tout ou partie du sucre qu’il consomme. Pour l’occasion, le groupe Cosumar s’apprête à publier un beau-livre retraçant l’histoire du sucre au Maroc. Un timbre spécial a également été édité en avril 2009, un documentaire est en cours de réalisation, des compétitions sportives sont organisées, une gamme de produits en série limitée verra bientôt le jour et le prix du meilleur mémoire de fin d’études sera bientôt décerné. Autant de façons de célébrer «des décennies d’engagement et de confiance mutuelle», slogan de la campagne anniversaire, mais aussi le succès d’une politique publique volontariste destinée à favoriser la filière sucrière au Maroc.
Contrairement à ce que l’on peut penser, le sucre n’a pas été transformé au Maroc pour la première fois en 1929. Déjà au IXe siècle, des fabriques artisanales exploitaient la culture de la canne à sucre dans les régions du Souss et de Chichaoua. A cette époque, le sucre était un produit rare et de luxe. Mais c’est en 1929 que sa production s’industrialise avec l’ouverture de la première raffinerie marocaine à Casablanca, à l’emplacement même où se trouve toujours la raffinerie de la Compagnie sucrière marocaine (Cosumar), dans le quartier de Roches Noires. Avant cette ouverture, le sucre était simplement importé.
Créée par la société Saint-Louis de Marseille sous le nom de Cosuma (Compagnie sucrière marocaine), la raffinerie marque ses sacs de l’image d’une panthère. Historiquement présent dans les montagnes de l’Atlas mais menacé d’extinction, l’animal symbolise l’énergie, comme celle qu’apporte la consommation de sucre. Seul le pain de sucre était alors produit et il le restera pendant plus de 40 ans. Le sucre en morceaux ne fera son apparition qu’au début des années 70.
Au lendemains de l’Indépendance, le Maroc, préoccupé par la question de l’indépendance en produits de base, entreprendra une politique interventionniste pour développer la filière sucrière au Maroc.

L’Ona a pris la majorité en 1985
Un programme massif d’investissements publics en irrigation et en unités de transformation vient accompagner la mise en place du plan sucrier élaboré en 1962. La première sucrerie étatique ouvre en 1963 à Sidi Slimane dans le périmètre du Gharb et exploite la betterave à sucre. L’Etat ouvrira par la suite plusieurs unités jusqu’en 1984 dans les différents périmètres.
Parallèlement, Cosuma participe au programme national sucrier en créant deux sucreries dans le périmètre de Doukkala, chacune produisant 6 000 tonnes par jour. En 1967, l’Etat entre dans son capital à hauteur de 50%. L’année même, la société est rebaptisée Cosumar dont les participations publiques sont cédées à l’Ona en 1985. Quelques années après, en 1993, Cosumar absorbe les sucreries des Doukkala (Zemamra et Sidi Bennour), dont il détenait déjà une part significative. Le secteur continue de se transformer et, en 1997, afin de rationaliser la gestion des entreprises publiques, l’Etat procède à un regroupement de ses sucreries. Dix sociétés existaient à l’époque, il fallait en dégager seulement quatre. Le regroupement s’est ainsi effectué soit par nature d’extraction soit par périmètre. Par exemple, les trois sociétés qui exploitaient la betterave à Beni-Mellal ont été regroupées.
Une fois ce regroupement effectué, une offre publique de vente a été lancée en 2005, dans le cadre de la politique de libéralisation de l’économie. Cosumar remporte le lot aux dépens de Tereos, une société sucrière française, et devient le seul opérateur sucrier au Maroc. Elle regroupe désormais l’ensemble des sociétés ex-publiques et opère dans quatre périmètres sucriers avec neuf sucreries et une raffinerie. Les 1 700 personnes issues du secteur public ont été intégrées dans le groupe privé qui comptait déjà 3 000 personnes.

Un marketing basé sur les enquêtes de satisfaction et l’écoute des clients
Le groupe Cosumar est aujourd’hui constitué de cinq sociétés qui se spécialisent dans l’extraction, le raffinage et le conditionnement du sucre, sous plusieurs formes (lingot, morceaux, granulé, pain). La raffinerie de Casablanca et les sucreries de Doukkala font partie du groupe acheteur Cosumar SA. Les sucreries ex-publiques sont au nombre de quatre : Sunabel (région Gharb-Loukkos), Surac (Sucreries raffineries de canne), Sucrafor (Sucrerie raffinerie de l’Oriental) et Suta (Sucreries du
Tadla).
A partir des plantes locales, le groupe produit actuellement 45% de la consommation annuelle nationale en sucre qui s’élève à 1,1 million de tonnes, soit 495 000 tonnes, le reste provient de sucre brut importé mais raffiné à Casablanca. La part des importations de produits sucriers finis est donc insignifiante. Quand on est le seul opérateur sur le marché national, la politique marketing est quelque peu différente de celle d’un acteur sur un marché concurrentiel. S’agissant d’un produit dont le prix est réglementé, Cosumar n’effectue pas de publicité dans les médias, mais mène une politique de communication auprès des grandes et moyennes surfaces (GMS) et des grossistes. Le marketing repose essentiellement sur les enquêtes de satisfaction et l’écoute des clients pour déceler les nouveaux besoins.
Pour le lancement des nouveaux produits, des études de positionnement sont menées avec des cabinets spécialisés. Chaque produit connaît régulièrement un relifting. Un travail est également fait pour «améliorer, malgré la contrainte du prix, la qualité intrinsèque du sucre tout comme son packaging», est-il expliqué. Depuis 2006, le groupe a initié un projet de restructuration baptisé Indimage 2012 qui s’appuie sur un investissement de 3,6 milliards de DH. Il s’agit de mettre en place différents plans de développement pour l’ensemble des composantes (ressources humaines, système d’information, modernisation de la production…). L’objectif étant de fabriquer avec des intrants locaux 55% de la consommation nationale. Et il se vend chaque jour entre 1 200 et 1 500 tonnes de pain de sucre au Maroc.
Bien que la première sucrerie ouverte soit dorénavant fermée, certaines vieilles unités sont toujours opérationnelles, comme les sucreries de Mechraâ Bel Ksiri et de Sidi
Allal Tazi dans la région du Gharb-Loukkos ouvertes en 1968.