Affaires
Apiculture : Un effondrement des colonies est constaté dans la plupart des régions
Le syndicat évoque une maladie dite «couvain sacciforme»
Un comité composé de l’ONSSA et le ministère de tutelle, travaillant avec la fédération, a été constitué pour plancher sur la question.
Les apiculteurs touchés sont invités à se diriger vers les associations régionales afin de bénéficier de l’aide et du soutien nécessaires.

La filière apicole traverse une phase pour le moins contraignante. La production de miel cette année est compromise et celle de l’année prochaine le sera encore plus. En cause, un effondrement total ou partiel des colonies de ruches, menant à une disparition d’un nombre important d’abeilles de toutes sortes. «L’ampleur diffère d’une région à l’autre et même d’un apiculteur à l’autre», explique El Hassan Benbel, président du syndicat des apiculteurs professionnels du Maroc. Le président de la Fimap (Fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture), M’hamed Aboulal, souligne : «Nous sommes toujours en train de mesurer les dégâts et les pertes subies par la filière». Si le constat sur l’ampleur des pertes et leur évaluation est partagé par les deux professionnels, la nature de ce phénomène fait l’objet d’une discorde.
En effet, le syndicat des apiculteurs, en collaboration avec le laboratoire de recherche de l’Université Moulay Ismail de Meknès, ainsi qu’une autre en France, ont découvert, après moult recherches, que le secteur est atteint d’une maladie virale dite «couvain sacciforme». Il s’agit d’une maladie contagieuse de l’abeille mellifère due à un virus portant le nom de SBV, abréviation de son appellation anglaise «Sacbrood Bee Virus». Cette maladie touche généralement le couvain operculé, entraînant des mortalités de prénymphes plus ou moins importantes, pouvant aboutir à l’affaiblissement de la colonie. Elle n’est pas dangereuse mais plutôt contagieuse dans la mesure où elle se transmet essentiellement à travers les outils utilisés par l’apiculteur.
Ce qui pourrait conduire à l’anéantissement de toute la colonie. «Elle s’est d’abord déclarée à Beni Mellal en juillet dernier, avant de toucher le sud et le centre et maintenant toutes les autres régions», estime M. Benbel. Toutes ces analyses et études semblent infondées aux yeux de M. Aboulal qui explique à son tour : «Un phénomène d’effondrement est bel et bien noté dans les ruches. Mais à cette date, nous ne pouvons trancher s’il s’agit d’une maladie, d’un virus ou autres». Et d’ajouter : «Un comité composé de l’ONSSA et le ministère de tutelle travaillant avec la fédération, été constitué pour plancher sur le sujet depuis quelques temps. Les études sont toujours en cours de réalisation et l’on ne peut se déclarer sur la nature de ce syndrome».
Du reste, ce phénomène d’effondrement ou d’affaiblissement des colonies n’est pas propre à la culture marocaine. Il est apparu dans plusieurs autres pays et peut être expliqué par plusieurs raisons dont le manque de pluviométrie, d’alimentation suffisante ou encore d’entretien des ruches et de prévention sanitaire. Cela, en plus de certaines pratiques inadéquates dans l’apiculture elle-même. Il faut dire que la situation est inquiétante, surtout que les abeilles pollinisent jusqu’à 75% des plantes. Ce qui risquerait de compromettre les rendements agricoles également.
Alors que le syndicat estime qu’il existe un traitement spécifique et simple pour cette maladie, ne nécessitant pas le déploiement de grands efforts, l’interprofession, elle, recommande de n’utiliser aucun traitement officiel, tant que cette infection des ruches n’a pas été identifiée en bonne et due forme. M. Aboulal exhorte, toutefois, les apiculteurs souffrant de ce phénomène de se diriger vers les associations régionales faisant partie de la Fimap, ne serait-ce que pour bénéficier de l’appui et des conseils nécessaires en vue de gérer cela, en attendant les résultats des études des autorités compétentes. Pour cela, l’interprofession, en collaboration avec les autres intervenants, mène des campagnes de sensibilisation au profit des apiculteurs touchés afin de maîtriser ce fléau.
Entre-temps, une étude est en cours de réalisation par le syndicat des apiculteurs, incluant aussi bien les détails de la maladie que les mécanismes de traitement. «Une copie sera envoyée à l’ONSSA afin de l’intégrer dans la liste des maladies contagieuses qui peuvent toucher cette culture» conclut M. Benbel.
