Au Royaume
Yacine Faqir, un militant du changement des comportements par la révolution technologique
Spécialisé en finance, commerce international, diplomatie et relations internationales, Yacine Faqir est devenu un passionné des nouvelles technologies… Après avoir entamé sa carrière à Belgrade et créé sa propre entreprise de renseignement économique, il rejoint Dun & Bradstreet Credit Bureau, devenue Quantik, dont il dirige la filiale marocaine. Il plaide pour des relations plus structurées entre les acteurs économiques, professionnels et particuliers.

A38 ans, Yacine Faqir est l’un des directeurs généraux de filiale de multinationale les plus jeunes du Maroc. A la tête de Quantik, filiale marocaine de la multinationale éponyme, spécialisée dans le crédit de bureau, ce passionné de nouvelles technologies est aussi un féru des applications pratiques de la data à l’amélioration de la vie de tous les jours. Une vocation qu’il s’est découvert en travaillant sur la gestion des données personnelles. Derrière son allure réservée se cache un militant du changement par la révolution technologique, qui prend sa mission très à cœur.
Né à Nice en 1980, Yacine articulait à peine ses premiers mots quand son père, ambassadeur, est muté au Canada, à Ottawa, puis à Londres. Mais c’est au Maroc qu’il obtiendra son baccalauréat, en 1998, avant d’aller poursuivre des études supérieures aux Etats-Unis, au Nouveau-Mexique, où il a obtenu un MBA en finances. Il passe un stage en Serbie avant de retourner en France, à Bordeaux, pour préparer un master en commerce international et finances. Tout de suite après son diplôme, Yacine repart à Londres où il décroche un master en diplomatie et relations internationales.
Bien servi par sa qualité de battant
C’est dans la capitale serbe, Belgrade, qu’il commence à confronter ses connaissances théoriques à l’épreuve du terrain. En 2008, il est affecté à la cellule de renseignements économiques gouvernementale. Sa mission: conseiller des fonds d’investissement intéressés par le pays. La difficulté de la tâche, principalement à cause de la situation politique, se manifestait durant ses efforts de collecte d’informations, en menant des investigations formelles et informelles.
Yacine prit goût au métier, et décide alors de fonder sa propre cellule de renseignements qu’il a baptisée Diversus. Là, il touche à tout : renseignements, logistique, risque politique, économique, financier, etc. Il se fait un nom dans le microcosme, ce qui n’était pas sans attirer l’attention d’opérateurs à Dubaï, qui lui proposent de rencontrer le management d’une société américaine intéressée par le marché marocain. C’était la célèbre Dun & Bradstreet Credit Bureau qui avait des vues pour le Maroc, mais personne pour les y représenter. Yacine rencontre le CEO en 2015.
Sceptique au début, le jeune battant connaissait d’avance la difficulté des missions qu’on allait lui confier : non seulement le crédit de bureau était une notion embryonnaire au Maroc, mais Dun & Bradstreet Credit Bureau souhaite opérer un rebranding et changer complètement de nom. Un handicap pour une boîte qui a mis des années à bâtir sa réputation, et qui risquait ainsi de sombrer dans l’indifférence et remonter les marches de la notoriété telle une start-up nouvellement créée. Mais Yacine ne se décourage pas. Il accepte.
Il a monté de toutes pièces la filiale locale de Quantik
Retour au Maroc, avec une nouvelle mission, beaucoup d’ambition et une volonté de fer, mais sans locaux, sans portefeuille de clientèle et sans convention signée avec la Banque centrale pour le transfert de données. Tout était à faire. Il ne se décourage pas, et bataille une année durant pour creuser la place de Dun & Bradstreet Credit Bureau, et piloter son rebranding au Maroc. Le groupe devient Quantik, et s’impose comme l’expert du crédit de bureau et de la gestion des données bancaires des particuliers. L’aventure devenait de plus en plus intéressante, au fur et à mesure que l’intérêt grandissait autour de ce service révolutionnaire au Maroc. Forcer la confiance et redonner le pouvoir aux particuliers honnêtes et assidus face aux établissements de crédit, ce n’est pas une révolution pour Yacine Faqir, mais un droit des plus fondamentaux.
Pour lui, il est inacceptable de traiter sur un pied d’égalité un fraudeur et un citoyen qui respecte ses engagements. Pour les banques et les établissements de crédit, l’approche est identique, mais les moyens de s’informer sur la solvabilité des créditeurs, ainsi que leur tendance à honorer leurs engagements, manquaient. Yacine compte bien répondre à ce manque.
Tirant profit de la base de données communiquée par Bank Al-Maghrib, ce sont aujourd’hui 4 millions de profils qui sont référencés, auxquels les banques peuvent avoir accès pour s’informer sur leurs tendances comportementales vis-à-vis de leurs anciens crédits.
Mais Yacine ne s’arrête pas là. Pour lui, il est hors de question que le Maroc prenne le train en marche de la révolution technologique. Il plaide la diversification des sources d’information et obtient gain de cause pour la collecte de données auprès de sources alternatives. Une convention dans ce sens devrait d’ailleurs être signée courant 2019. Le but : changer les comportements, et insuffler audace et passion chez les acteurs économiques, particuliers et professionnels, pour remettre le sérieux, la structuration, le respect et la clarté au cœur des relations qui les lient. Pour lui, il y va de l’avenir du pays, et il ne compte pas rester les bras croisés devant un retard qui se creuse à une vitesse exponentielle.
