Au Royaume
Une vraie politique publique dédiée aux jeunes
À peine installé, le gouvernement s’est attaqué à l’emploi et à la formation. La culture, les loisirs et le divertissement ne sont pas en reste.

De tous les temps, sauf à de rares occasions, le département de la jeunesse a toujours été associé à celui des sports. Du coup, l’essentiel des efforts publics va au sport plutôt qu’à la jeunesse, et accessoirement aux autres actions sociales portant sur l’univers des moins jeunes, depuis les crèches jusqu’aux colonies de vacances. Or, un avis récent du Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient de le confirmer, les besoins des jeunes ne se limitent pas aux équipements sportifs, bien qu’ils restent essentiels, ni à un système de «maison de jeunes» au fonctionnement et à l’offre aujourd’hui désuets. Évidemment, les jeunes ont besoin d’abord de formation et d’un emploi, les deux sont souvent liés, mais le Conseil a surtout mis en avant le développement culturel, les sports et les loisirs qui sont censés favoriser la créativité, l’innovation, l’épanouissement et le bien-être des jeunes. Ce qui manque cruellement d’après l’étude du CESE qui a porté, rappelons-le, sur la période 2016-2021. Laquelle étude est d’ailleurs arrivée au constat qu’en l’absence d’une véritable politique publique spécifique, la juxtaposition de plusieurs programmes transversaux n’a pas donné les résultats escomptés. Cela, le gouvernement l’a bien compris. Aziz Akhannouch a eu l’occasion de le relever lors de son intervention à Davos, en janvier dernier. Il a mis en avant la nécessité de «donner du futur au présent» en permettant à la jeunesse marocaine de multiplier les opportunités pour intégrer le marché formel de l’emploi et pour libérer son énergie créatrice. Même dans l’architecture du nouveau gouvernement, on décèle déjà cette volonté de faire les choses autrement. Ce n’est pas par hasard si le département de tutelle s’occupe aussi de la culture et de la communication, y compris dans son volet divertissement. C’est sans doute par souci d’une approche globale des questions de la jeunesse. L’association du sport à l’éducation nationale n’est pas, non plus, fortuite. Les filières sportives dans nos lycées sont justement là pour montrer que le sport est une activité à part, un facteur d’épanouissement et de développement qui ne peut être relégué au rang d’une activité annexe ou parascolaire.
Formation et emploi, oui, Mais pas que…
On le voit, il y a bien une politique publique dédiée aux jeunes dont la mise en œuvre ne se limite pas à ces deux départements, l’Emploi, le Tourisme, l’Intérieur, entre autres, y contribuent également. Une politique transversale, donc, qui donne déjà ses fruits. Et comme il fallait parer au plus urgent, c’est à l’emploi des jeunes que le gouvernement a décidé de s’attaquer en premier. Il capitalise sur le programme «Intelaka» et lance en parallèle «Forsa» pour stimuler la création de l’entreprise et l’entrepreneuriat des jeunes. L’engouement que ce programme a suscité n’est plus à démontrer. En même temps, un autre programme, «Awrach», a été initié pour ceux qui n’ont pas de formation. Le double objectif étant d’offrir une occupation rétribuée et en même temps former aux métiers les plus demandés par le marché du travail. Depuis quelques années déjà, avec le retour du service militaire obligatoire, c’est une autre passerelle pour la vie active qui s’ouvre aux jeunes. Ensuite, l’Exécutif s’attaque à la formation à proprement parler. La formation professionnelle (avec l’ouverture l’un après l’autre de centres nouvelle génération, les Cités des métiers et des compétences), mais aussi académique avec le coup d’envoi, à compter de la rentrée prochaine, de la réforme universitaire. Le pari que s’est fixé le gouvernement à ce niveau est simple : plus aucun étudiant ne doit quitter l’université sans son diplôme en poche. Un jeu de passerelles sera mis en place entre différentes filières et disciplines pour que chaque jeune qui franchit la porte de l’université puisse trouver une formation qui correspond à ses aptitudes et ses penchants, avec une offre généralisée de formation dans le domaine du «coding» dans toutes les universités marocaines. L’objectif, depuis le début, est de réduire d’abord la population des NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation). Mais la vie d’un jeune ne peut se limiter aux études, à la formation et à un emploi. Là encore, entre autres, le programme «Pass jeunes», actuellement en phase pilote, est une expérience inédite. C’est un portefeuille digital offrant un panier de services destinés à 10 millions de jeunes. En parallèle, l’offre en terrains de proximité, toutes disciplines confondues, s’agrandit et l’idée de revoir complètement le concept des maisons de jeunes fait son chemin. C’est pour dire que le changement est déjà là.
