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Au Royaume

Social en III actes

Les voix qui s’étaient empressées d’accabler le nouveau gouvernement d’équipe de technocrates, voire de gouvernement de chefs d’entreprises qui allaient naturellement chouchouter la communauté des affaires en accordant éventuellement des cadeaux au secteur privé, ont dû vite revoir leur jugement hâtif. Pour cela, il aura fallu au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, une petite démonstration en trois actes pour prouver tout le contraire.

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Edito Saad Benmansour

Au lendemain donc de la nomination des nouveaux ministres, premier acte, le programme du gouvernement dévoilé devant les parlementaires consacrait son chapitre le plus volumineux à ce qu’il a intitulé, à juste titre, «l’Etat social». Filets sociaux, généralisation des retraites, allocations familiales pour tous, couverture médicale universelle, revenus minimums dits de «dignité», renforcement des moyens et budgets de la santé et de l’éducation ou encore le reengineering de la formation pour la valorisation du capital humain…, toutes ces mesures, et bien d’autres, ne laissent aucun doute sur l’orientation sociale franche que s’est imposé la nouvelle équipe.

Mais comme cela pourrait ne pas suffire pour convaincre, un deuxième acte est venu, cette fois-ci, atténuer ce que certains prêtaient à la nouvelle équipe, à savoir ses penchants «naturels» pour favoriser le capital et l’entreprise. Ainsi, et au moment où il devait répondre aux interpellations des parlementaires sur le même programme, et plus précisément sur la question du coût et financement des réformes, le chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots. Les recettes fiscales sont et resteront toujours la principale source de recettes et pour en avoir plus, il ne s’agira pas de taxer plus mais simplement de veiller à ce que chaque entreprise et chaque contribuable de manière générale paient correctement et totalement leurs impôts. En fait, une équité fiscale qui ne serait qu’un retour vers la norme. Le message est on ne peut plus clair.

Enfin, troisième acte, le projet de Loi de finances 2022 est venu donner encore plus de consistance à cet «Etat social». En attestent quelques mesures ou chiffres contenus dans la liasse, comme la subvention de quelque 16 milliards de DH de plus pour la compensation du gaz butane, soit une hausse de 28% ou la suppression de la contribution de solidarité pour les personnes physiques, ce qui se traduit directement par des gains en pouvoir d’achat, sans oublier l’amélioration substantielle des budgets alloués aux secteurs sociaux. Mais avec tout cela, la Loi de finances 2022, comme le programme gouvernemental, a aussi et heureusement mis l’entreprise au centre de son action, dans un esprit de contractualisation comme le veut le Pacte national pour le développement. Ne pas le faire ce serait oublier que l’entreprise et l’investissement privé sont en fin de compte le principal moteur de la croissance…