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Au Royaume

Réinventer le risque

La relance de l’économie dans l’immédiat nécessite évidemment un accompagnement massif de l’Etat, aussi bien en ce qui concerne le financement que les facilitations.

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Edito Saad Benmansour

Et le gouvernement s’y est visiblement attelé depuis plusieurs semaines. En plus des réunions cadencées de la commission interministérielle des investissements, des réunions entièrement dédiées à la question avec notamment les CRI, un des premiers textes qui a été mis rapidement dans le circuit d’approbation n’est autre que la nouvelle charte des investissements. Tout cela, combiné aux dispositifs d’urgence mis en place pour certaines activités, et des mesures d’ordre financier, ont un seul et même objectif : redémarrer la machine rapidement.

Cela dit, sur le moyen et surtout le long terme, la transformation réelle et nécessaire de l’économie marocaine supposera une réflexion en profondeur sur une problématique centrale, à savoir le financement.

Car, pour atteindre un niveau d’investissement privé qui soit équivalent, au moins, au double de celui public, cela implique d’augmenter substantiellement le volume des fonds mobilisables,  ce qui passera nécessairement par l’élargissement durable de l’offre financière aujourd’hui encore trop étroite et concentrée dans quelques modes ou instruments.

Une économie d’un type nouveau ne pourra pas indéfiniment rester tributaire du seul financement bancaire ou assimilé, aujourd’hui quasi dominant. La diversification de l’économie suppose mécaniquement une diversification de ses sources de financement.

Le Maroc dispose, par exemple, de textes légaux et réglementaires très avancés en matière d’appel à l’épargne publique et de marchés financiers. Mais, paradoxalement, la contribution d’un acteur tel que la bourse reste désespérément et depuis des décennies très en deçà de son réel potentiel. Les nouvelles introductions en bourse constituent d’ailleurs un événement rarissime depuis quelques années. Il faut espérer que l’objectif visé dans le nouveau modèle de développement, à savoir 300 entreprises cotées en 2035 et une capitalisation pesant 70% du PIB, soit atteint même partiellement.

La maîtrise et le développement des nouvelles technologies au Maroc lui ouvrent également les portes des modes de financements novateurs et à fort potentiel comme la fintech ou les modes collaboratifs, le crowdfunding ou autres.

Mais repenser les modes de financement suppose aussi et à la base une autre révolution collective en amont, plus psychologique, qui consiste à réinventer la notion même de prise de risque, aussi bien chez l’investisseur que du côté des acteurs financiers.