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Au Royaume

Reconstruction post-séisme : Une centaine d’experts proposent des solutions

Un livre blanc vient d’être publié, regroupant plusieurs recommandations émises par une centaine d’experts marocains, concernant des solutions pour la reconstruction des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz.

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Une dizaine d’organismes publics et privés nationaux se sont attelés à mobiliser une centaine d’experts nationaux pour se pencher sur des pistes et des solutions de reconstruction des zones sinistrées. Il s’agit notamment de la Société d’ingénierie énergétique, l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), le Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE), ONEE Branche Eau, l’Agence nationale des eaux & forêts, l’OFPPT, le Cluster Efficacité énergétique des matériaux de construction, l’Association marocaine d’assistance et d’accompagnement psychologique et l’Association des lauréats de l’École Mohammedia des ingénieurs (AEIM).

Les experts ont ainsi émis des recommandations communes, dont le but est d’appuyer le projet de reconstruction et d’accroître son impact sur le long terme. Mises à la disposition des parties prenantes du chantier de reconstruction sous forme de guide, ce dernier a plusieurs axes d’intervention dont notamment l’architecture, l’efficacité énergétique, la gestion de l’eau potable et l’assainissement liquide.

Architecture et urbanisme

En plus du lancement de formation des architectes des provinces et communes touchées à l’écoconstruction, les experts recommandent de réaliser un diagnostic territorial tout en tenant compte des particularités et caractéristiques de chaque entité et chaque douar. Il s’agit aussi de disposer d’un levier pour le contrôle de la démarche et du respect des exigences réglementaires, normes et cachet architectural, urbanistique et technique. Et quand c’est possible et cohérent, généraliser des études par zone et non pas par bâtiment ou douar. Ces études peuvent être géotechniques, géorisques, détaillant des données socio-économiques ou tout autre mode de construction et système constructif. Les actions à entreprendre résident dans la détermination des sites à risque, l’élaboration de plan de restructuration et d’aménagement du douar, la réhabilitation des constructions ainsi que l’amélioration de la situation socio-économique.

Énergies renouvelables

L’expertise nationale réunie suggère ainsi de réaliser un diagnostic énergétique au niveau des douars, pour avoir un état des lieux précis (nombre de populations, liste des douars connectés ou non au réseau) et identifier par la suite les solutions adaptées. Ce diagnostic permettra de disposer d’une cartographie générale des douars, des familles, de leur connexion au réseau ou pas, des opportunités économiques et activités de chaque douar afin de pouvoir déterminer le besoin à court et moyen terme. Si le douar n’est pas connecté au réseau, il faudrait alors lancer une étude pour déterminer s’il serait plus intéressant de connecter le douar au réseau électrique ou bien de l’alimenter par le biais d’une installation solaire centralisée.

Plusieurs recommandations ressortent, dont la généralisation de l’utilisation des LED au niveau des foyers, l’installation de chauffe-eaux hybrides (solaires, réseau national…) made in Morocco, l’élaboration d’un système d’économie de bois de chauffage ou des brûleurs de biomasses ayant une efficacité technique améliorée. Par ailleurs, les professionnels ont considéré intéressant de mettre en place un éclairage public hybride, de prévoir un système de pompage solaire avec stockage centralisé et d’étudier la possibilité de la production d’eau potable à partir de l’humidité de l’air.

Eau et assainissement

Assurer un approvisionnement en eau potable de manière pérenne dans les zones à reconstruire peut se faire à travers la mobilisation des ressources en eau conventionnelles (barrages, puits) ou non conventionnelles, la conception des projets dans les règles de l’art, grâce notamment aux études en amont, avec la mise en place d’un mécanisme d’appui technique et/ou financier, ainsi que la mise en place de solutions de gestion communale participative et concertée en s’inspirant des modèles de gestion réussis à l’échelle nationale (à l’instar de l’association Tizi N’Ouchi au Souss-Massa). Le recours à des solutions de technologies de l’information et d’intelligence artificielle pour améliorer la qualité de vie des habitants et renforcer la gestion des infrastructures peut être nécessaire également.

Sur un autre volet, l’assainissement liquide en milieu rural se heurte à la problématique de la dispersion des douars et des conditions géologiques difficiles. Pour cela, les professionnels préconisent de poursuivre l’approche mutualisée et intégrée initiée par l’État dans le cadre du PNAM qui prend en compte à la fois les secteurs de l’eau potable, de l’assainissement liquide et de la réutilisation des eaux usées épurées. Sur ce point, il convient de veiller à développer l’assainissement liquide au niveau des centres des chefs-lieux des communes et d’adopter des innovations technologiques simples d’entretien, telles que les filtres plantés de roseaux.

Pour la mise en œuvre efficiente de ces propositions de reconstruction, le guide recommande de favoriser les échanges d’expertises entre les douars. Et afin de permettre une meilleure application de ces solutions sur le terrain, avec un suivi efficace, les experts conviennent de l’opportunité de les tester dans quelques villages pilotes avec l’intention d’ajuster les actions et d’offrir des benchmarks internes.