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Au Royaume

Mehdi DAOUDI : après 30 ans dans l’industrie pétrolière, il bifurque vers le développement territorial

C’est son instituteur qui a pu convaincre son père de le laisser à  l’école.
Son rêve d’enfant : devenir ingénieur. 20 ans plus tard, il décroche son diplôme de l’Ecole Mohammadia des ingénieurs.
Après un bref passage par la régie de Meknès, il rejoint la SCP où il fera une longue carrière jusqu’en 2000.
En 2005, retour aux sources, il intègre l’Agence de l’Oriental.

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Il y a des parcours d’hommes qui forcent l’admiration. Ce n’est ni en raison de réussite dans le monde des affaires, ni pour des inventions hors du commun. C’est plutôt du fait de leur capacité à se surpasser et à surmonter les difficultés qui réduisaient toute chance de s’en sortir. Mehdi Daoudi, directeur du pôle développement et des opérations de l’Agence de l’Oriental, est né dans les montagnes de Béni Snassen, à 30 kilomètres de Berkane. Le village le plus proche est Aïn Sfaâ, et comme aucun photographe n’a cru bon d’y élire domicile, le tout jeune Mehdi doit aller à pied à Berkane pour la photo d’identité nécessaire à son dossier d’inscription à l’école. Ceci alors que personne ne veut le voir fréquenter l’école car il y a fort à faire que ce soit à la maison ou sur le lopin de terre que cultive la famille, même s’il ne rapporte pas de quoi nourrir la nombreuse famille des Daoudi qui compte six enfants dont il est le troisième.
Voilà l’ambiance générale où naît Mehdi en 1950 au douar des Ouled Daoud. La majorité des parents rechignent à inscrire leur progéniture à l’école car cela leur fait de la main-d’œuvre en moins puis, tout le monde s’accordait sur le fait, à l’époque, que l’école ne servait à rien, sauf à …apprendre «la langue des mécréants».
Pourtant, Mehdi, lui, va s’accrocher à l’école car il comprend très tôt que c’est le seul moyen d’échapper à la misère et à l’exclusion. Il va alors commencer à nourrir un rêve : devenir ingénieur. Mais c’est loin d’être gagné d’avance et n’était son instituteur qui avait convaincu son père de lui laisser une chance, il s’en serait retourné chez lui au bout de la première année. Plus tard, quand il obtient une bourse de mérite qui lui a ouvert les portes d’un internat à Oujda, les choses commencent à aller mieux car ses études ne sont plus un fardeau pour la famille.
Après le brevet du premier cycle des études secondaires en 1965, le jeune Mehdi choisit les sciences mathématiques et il fait partie de la dizaine de bacheliers de l’année 1968, pour toute la région de l’Oriental et d’Al Hoceima.

Il a accompagné la privatisation de la Samir et l’absorption de la SCP

C’est à l’école Mohammadia des ingénieurs (EMI) qu’il va se spécialiser en électricité. Le jeune ingénieur commence sa vie active en 1972 à la Régie de distribution d’eau et d’électricité de Meknès où il est tout de suite promu chef du service électricité. Quelques mois plus tard, la Société chérifienne de pétrole (SCP), qui n’existe plus aujourd’hui, lui propose un poste d’ingénieur à la raffinerie de Sidi Kacem et il n’hésite pas une seconde tant le salaire est attrayant.
Une longue et belle expérience va alors commencer pour lui car il gravit rapidement les échelons pour devenir chef de la division de la maintenance puis du contrôle technique et, enfin, directeur de la raffinerie. A l’époque, se rappelle-t-il, l’unité raffinait chaque année 1,5 million de tonnes de pétrole brut importé, employait un bon millier de personnes, dont vingt ingénieurs, et la masse salariale était de l’ordre de 70 MDH.
Mais Mehdi Daoudi va devoir aussi gérer, dans les années 80, la modernisation de la raffinerie mais aussi l’extension du pipeline, des projets qui avaient nécessité un investissement de 500 MDH.
Cela ne l’empêchera pas de suivre le cycle supérieur de gestion à l’Iscae. En 1985 et 1986, il devait faire les 250 km qui le séparaient de Casablanca tous les mardi et vendredi. Mais ce diplôme était nécessaire car il voulait s’ouvrir sur le monde de l’économie et de la gestion des ressources humaines. Cela va certainement le placer comme candidat idéal pour le poste de DRH devenu vacant et qu’on lui propose en 1991. Il va alors devoir réparer une injustice : le trop grand écart entre les salaires du personnel du siège qui était privilégié et celui de la raffinerie. Il finira par obtenir gain de cause. Mais alors qu’il n’avait pas encore achevé ce vaste chantier, il hérite d’un autre de plus grande taille, au moment de la privatisation de la Samir qui va absorber la SCP. Il fera alors partie de la cellule qui conduira la fusion, avec tout ce que cela suppose comme mise en place des nouvelles structures.

Il fait profiter sa région natale de son expérience

Il continue son parcours comme DRH de la Samir, un poste qu’il quitte en 2000 pour s’occuper des grands projets. Mais cela ne durera pas longtemps. En raison de divergences de vue avec la nouvelle direction, il quitte la raffinerie pour faire du consulting avant d’être appelé, en 2005, par l’Agence de l’Oriental comme directeur du pôle du développement et des opérations. Il est heureux que l’occasion lui soit donnée d’apporter une contribution dans la mise à niveau de sa région natale. D’ailleurs, durant toutes les années de son activité dans le secteur du pétrole et du raffinage, Mehdi Daoudi s’est donné le temps de créer et de s’impliquer fortement dans la vie associative. C’est ainsi qu’il a été membre fondateur de l’Association Angad et qu’il est président de l’Association des lauréats de l’EMI. Et la liste n’est pas limitative car Mehdi Daoudi est aussi membre fondateur du Syndicat national des ingénieurs marocains dont il a été président. Il donne aussi des conférences sur la gestion des risques, la maintenance industrielle ou encore sur le développement durable et les énergies renouvelables.