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Au Royaume

Il crée son entreprise à  54 ans et se fait un nom dans le couscous

Diplômé en commerce, Mohamed Khalil sera salarié pendant 28 ans avant de se lancer à l’aventure.
En 1995, il arrive à mobiliser un financement de 22 millions de DH et crée Couspâtes Dari.
En dix ans, l’effectif de son entreprise est passé de 12 à 80 personnes et son chiffre d’affaires de 7 à 120 MDH.

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Affable mais peu disert, courtois mais sans épanchement, l’homme dégage une bonne dose de sérénité. A voir Mohamed Khalil, c’est une sorte de bonhomie qui frappe, de prime abord, ses interlocuteurs. Mais on ne tarde pas à comprendre que, derrière cette caractéristique qui, du reste, n’est pas du tout feinte, se cache un fin stratège. Le DG de Couspâtes Dari, société spécialisée dans les pâtes et le couscous, est venu aux affaires, à proprement parler, sur le tard, à 54 ans : l’âge où beaucoup pensent à quitter la vie active. Dix ans après, il peut se targuer d’avoir réussi au-delà de ses espérances.
Né en 1941 dans l’oasis de Figuig, il vient d’une famille nombreuse (10 frères et sœurs), famille de commerçants, aussi bien dans l’alimentaire que dans le tissu. Enfant, il passe son temps libre derrière le comptoir de la boutique de son père et se familiarise, très tôt, avec le contact des clients. En 1946, c’est la migration de la famille à Guercif où il commence, avec quelques années de retard, ses études primaires. Pour le cycle secondaire, il devra aller à Rabat et, une fois le bac en poche, c’est le départ vers l’Ecole supérieure de commerce de Dijon où il termine son cursus en 1967.
De retour au pays, il est recruté par l’entreprise Famo, disparue depuis. D’abord directeur commercial dans cette entreprise française, il est nommé ensuite directeur général d’une filiale en Mauritanie, en 1985. Il garde un bon souvenir de son pays d’adoption qu’il ne quitte, d’ailleurs, qu’en 1995. C’est à ce moment-là que son destin va connaître un tournant spectaculaire, à cinquante ans passés. Tenté un bref moment par une retraite paisible, cet homme qui a en réalité toujours rêvé de créer sa propre entreprise, va s’engager dans l’entrepreneuriat, qui en a fait un homme d’affaires respecté par ses pairs dans le secteur des couscous et pâtes.

Pour réussir il fallait créer une marque ; ce sera Dari
Avec le concours de certains membres de sa famille, Mohamed Khalil achète un terrain de 3 200 m2 dans le complexe industriel de Oulja (Salé). Entre l’apport de ses associés et sa propre mise, ils mettent au total 4 MDH et obtiennent, sans encombre, pas moins de 13 MDH de leur banquier, qui les suit allègrement dans la création de l’entreprise. C’est que, se rappelle Mohamed Khalil, le dossier était bien ficelé et que, fort du savoir-faire et de l’expérience acquis sur le terrain mais aussi d’un appui de l’Agence française de développement, il est arrivé à convaincre tous ceux qui l’ont accompagné.
Avec deux lignes de production, l’une pour le couscous et l’autre pour les pâtes alimentaires, le tout nouvel homme d’affaires, rompu aux subtilités d’un domaine où il a évolué 28 années durant, comprend que le succès ne peut se faire qu’à travers l’installation d’une marque, qu’il baptisera «Dari». Chemin faisant, il va réussir le coup de maître de sa vie : le couscous à la belboula (couscous diététique à base d’orge).
Des difficultés, Mohamed Khalil en a pourtant connues, mais il ne veut pas s’en souvenir, même s’il en garde certaines en mémoire. Comme les affres qu’il a endurées pour faire référencer ses produits dans les grandes surfaces ou encore les deux lignes téléphoniques qu’il n’a obtenues que sur intervention du gouverneur de Salé de l’époque.

Une extension de l’affaire est en cours
Aujourd’hui, son affaire est citée en exemple et, de la douzaine d’employés qu’il avait recrutés, il y a dix ans, son effectif est passé à 80 personnes. Le chiffre d’affaires de la première année était de 7 MDH. Aujourd’hui, la société engrange quelque 120 MDH par an, revendique 27% de parts de marché et se développe à l’export. Un créneau qui représente actuellement 10 % du total de sa production, qui est de 20 000 tonnes.
Le maître mot de Mohamed Khalil sur lequel il a fondé sa stratégie est d’anticiper et de se développer sans relâche. Sans cela, dit-il, c’est la contre-performance qui guette et, ajoute-t-il, il n’y a pas pire danger en affaire que l’engourdissement. Et c’est pour cela que ce travailleur infatigable prépare l’autre étape de l’évolution de son affaire. Il est déjà en voie d’acquisition d’un terrain de plus de 11 000 m2 où il compte étendre son unité et projette d’investir 40 MDH. Mohamed Khalil résume sa philosophie en une phrase : «Pour se maintenir, il n’y a guère d’autres moyens que d’avancer, ceux qui l’oublient périclitent sans même s’apercevoir d’une chute qu’ils ont programmée, pourtant, eux-mêmes».
L’autre botte secrète du patron de Dari est qu’il n’a jamais voulu sortir de la seule activité qu’il maîtrise : les pâtes alimentaires et le couscous. Et à y réfléchir, ce n’est pas étonnant, sachant que, de notoriété publique au Maroc, les «Figuiguis» ont toujours excellé dans tout ce qui est minoterie, boulangerie, couscous, pâtes alimentaires… .

En bon Figuigui, Mohamed Khalil n’a jamais voulu sortir de l’activité qu’il maîtrise parfaitement : les pâtes et le couscous. Et c’est l’une des clés de son succès.