Au Royaume
Cette bulle qui ne se dégonfle jamais…
ça va parler foot ! ça va respirer foot! ça va être le mois foot à toutes les sauces ! Et tant pis pour les «je m’en footistes»… C’est comme ça lorsqu’on cohabite avec 8 milliards d’âmes (désormais) sur une planète qui ne tourne même pas rond.

La Coupe du monde qui s’ouvre, dimanche au Qatar, déchaîne évidemment les passions. Chez nous, ça discute de choix tactiques, de dates de voyage et conditions d’hébergement mais aussi de ce créneau férié tacite, décrété de 11 à 13, le mercredi 23 novembre, moment d’entrée en lice de notre sélection nationale. Allez les Lions, faites-nous rêver le plus longtemps possible…
Chez des voisins occidentaux, le curseur de débat glisse vers un stérile appel au boycott de l’événement sportif le plus suivi au monde. On remet en cause la légitimité du pays organisateur, premier Etat arabe à décrocher ce privilège, sous prétexte des conditions de travail, jugées exécrables, des ouvriers ayant construit les stades et autres infrastructures. Foutaises ! Ils ne voyaient pas ce genre d’abus quand leurs multinationales se disputaient une part du gâteau, ou plutôt de la pièce montée de 220 milliards de dollars d’investissements consentis par Doha. L’Emirat pétrolier n’a pas lésiné sur les moyens pour ce Mondial. Déjà pour décrocher l’organisation, il avait signé un chèque à blanc à la FIFA pour faire oublier à son board toutes les considérations organisationnelles. La FIFA est même allée jusqu’à décaler la saison de l’évènement. Une Coupe du monde en novembre…Du jamais vu et il y a trop peu de chances pour que ça se reproduise. Même les sponsors habituels ont dû faire passer la pilule à coup de Coca ou Budweiser.
Mais la FIFA a également eu les moyens de positionner cet événement, surdimensionné et sur-critiqué, comme le tournoi le plus lucratif de l’histoire des Mondiaux. Citons pour exemple la prime du pays victorieux qui hissera la Coupe en or : un pactole de 42 millions de dollars, vingt fois plus que le chèque remis à la Squadra Azura de Dino Zoff en 1982. Même les clubs de football auront leur part de pétrodollars: quelque 10 000 dollars par jour et par joueur participant au Mondial tomberont dans les caisses des clubs pour un total de 209 millions de dollars. Notre Wydad «Al Oumma» sera d’ailleurs le seul club national à en profiter, puisqu’il a été l’unique école – club à produire des internationaux, selon la sélection de Walid Regragui (le coach a toujours raison).
La FIFA devra décaisser pour cet événement le montant record de 1,7 milliard de dollars. Mirobolant, mais ça reste de la petite monnaie dans la planète foot : c’est à peine la moitié de la «valeur marchande» des joueurs des trois équipes participantes les mieux cotées.
C’est que depuis des décennies, la Bourse footballistique est en hausse continue. Elle ne connaît ni crise, ni retournement de tendance. C’est comparable à une bulle financière qui gonfle sans jamais donner l’air de souffrir de surtension ou de frôler l’explosion. La raison : il y a toujours des ballons et des joueurs de rechange sur le banc de touche…, il y a toujours un renouvellement de ressources.
