Au Royaume
Adil Lamnini, DG de Cristian Lay Maroc
Il fait travailler 10 000 femmes au Maroc grà¢ce à la vente directe. Titulaire d’un MBA en marketing stratégique, Adil Lamnini a fait ses débuts chez Total avant de rejoindre le groupe Securitas en Belgique. Il est à l’origine de l’implantation au Maroc de cette entreprise en 2009.

Adil Lamnini représente dans l’échiquier des décideurs actuels du privé le modèle des jeunes issus des grandes écoles privées du Maroc. A 34 ans à peine, il est directeur général du bureau de la multinationale Cristian Lay, un des leaders européens de la vente directe de vêtements et chaussures, de produits cosmétiques, de bijoux ou encore d’accessoires de mode pour femmes, hommes et enfants.
Adil Lamnini est né à Rabat, en 1978. Il est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Son père est gestionnaire hôtelier et sa mère est fonctionnaire à l’Education nationale. Il est doué pour les études et pour les langues. La preuve en est qu’il parle aujourd’hui aussi bien l’anglais, le français, l’allemand, le néerlandais que l’espagnol.
C’est à Marrakech, ville où la famille avait migré, qu’il obtient un bac série «sciences expérimentales» en 1996, après des études primaires effectuées dans sa ville de naissance. Alors qu’il se préparait à aller poursuivre ses études en France, comme le désirent beaucoup de jeunes bacheliers, son père le convainc de rester au Maroc pour suivre une formation en économie et en commerce à l’institut des Hautes études citoyennes et commerciales (HECC), qui venait d’ouvrir. Il fait partie d’ailleurs de la première promotion. C’est la famille qui prend en charge les 30 000 DH par an que coûtaient les cours.
Il a été chargé de réaliser l’implantation de la première boutique au sein des stations Total
Adil Lamnini est un étudiant dynamique, il participe aux «juniors entreprises» créées dans l’école et fait ses stages à Toulouse. Ses études sont couronnées en 2001 par un MBA en marketing stratégique. Il se rappelle avoir travaillé sur la trésorerie zéro pour les communes et d’avoir été associé à la préparation de l’étude sur le jumelage de la commune de Blagnac (la commune la plus riche d’Europe grâce à l’implantation d’Airbus) et de Marrakech. Il passe son dernier stage à ESC Paris et réalise avec des camarades une étude pour le repositionnement de la salle de cinéma Elysée Biarritz. Mais c’est au hasard qu’il doit un début réussi dans la vie professionnelle. Lors d’un séminaire, il est remarqué par un responsable de Total Maroc qui devient son premier employeur. Il atterrit chez le pétrolier en 2002, au moment où ce dernier peaufinait l’introduction, dans ses stations services autoroutières, du concept des boutiques qu’il a longtemps boudé. Et justement, Adil Lamnini est chargé de réaliser et de suivre l’implantation de la première boutique au sein de la station située à hauteur de Sidi Allal Tazi, sur le tronçon Kénitra-Tanger.
Il faut croire qu’il a beaucoup de chance car, encore par hasard, il rencontre, un an seulement après avoir intégré Total, un certain Marc Pissens, patron de Securitas Belgique. Tout de suite, il lui propose de s’installer à Bruxelles où il est nommé chef de vente en juillet 2004. Il lui faudra gérer et recruter de la clientèle. Le groupe a de prestigieux clients comme les ambassades de Suède, d’Espagne… ou encore la Commission européenne dont il assure la sécurité, la garde rapprochée des diplomates de haut rang mais aussi la sécurité du courrier. Le groupe compte 1 500 agents de sécurité rien qu’à Bruxelles. Adil Lamnini y acquiert de l’expérience, se montre ambitieux et suggère au président du groupe de s’installer au Maroc. Dans un premier temps, il ne réussit pas à le convaincre. Mais à force de mettre en exergue les opportunités qu’offre le Maroc, son patron finit par lui confier une étude de faisabilité. Les conclusions sont jugées positives.
Il a convaincu le patron du groupe Securitas de s’implanter au Maroc
En 2009, la décision de s’installer au Maroc est prise. Nommé directeur du développement, Adil Lamnini est chargé de démarrer l’activité au Maroc. Securitas emploie au départ 200 personnes et ses premiers clients sont, bien entendu, les ambassades mais aussi les banques et les assurances. Adil Lamnini arrive aussi à convaincre de grandes sociétés comme Attijariwafa bank, Veolia, Amendis, ST Microelectronics et Dell…
Pour un exercice de quelques mois seulement, la filiale locale de Securitas dégage un chiffre d’affaires de 8 MDH.
Bref, la société se développe et, en 2011, rachète Groupe Maroc convention d’entreprise (GMCE), une société spécialisée dans la même activité. L’effectif monte à 1 200 personnes pour un chiffre d’affaires de 25 MDH dégagé sur un portefeuille de plus de 100 clients.
Quand, il y a trois mois, Adil Lamnini reçoit un coup de fil d’un chasseur de têtes, il ne connaît rien sur sa future mission que veut lui confier Cristian Lay. Mais le fait qu’on lui propose d’aller à Barcelone pour rencontrer le fondateur du groupe Ricardo Leal ne se refuse pas. Pendant leur entrevue, ce dernier, raconte Adil Lamnini, ne lui pose qu’une seule question : «Dites-moi ce que vous avez fait d’intéressant dans votre vie jusqu’à ce jour ?». Convaincu, M. Leal lui confie le poste de DG Maroc. Il gère non seulement la vente directe qui fait travailler 10 000 femmes sur l’ensemble du pays, mais également une exploitation de 250 ha où le groupe cultive des asperges vertes et blanches, et OnduMaroc, une usine de carton à Tanger. L’objectif qui lui est assigné est clair : mieux implanter le groupe au Maroc où il réalise un chiffre d’affaires de 85 MDH. Un challenge que ce jeune manager, mais déjà aguerri, est décidé à relever.
