Au Royaume
Abderrahmane Youssoufi s’est éteint
L’ancien premier ministre (1998-2002), est décédé ce vendredi, à Casablanca, à l’âge de 96 ans. Le Maroc perd un grand homme d’Etat.

Le destin du feu Abderrahmane Youssoufi est intimement lié à l’évolution du Maroc moderne. Il est des hommes comme lui, dont le nom se confond avec l’histoire de son pays, de toute une nation. Abderrahmane Youssoufi est sans conteste l’une des figures emblématiques du Maroc d’après -et même de la veille- de l’indépendance, acteur essentiel, militant du mouvement indépendantiste au Maroc, et puis militant pour le démocratie et la modernisation du Maroc avant de devenir homme d’Etat, dirigeant le gouvernement de l’alternance, l’une des phase clés de l’Histoire du Maroc moderne. Cette photo de lui, avec son équipe restera gravée à jamais dans l’imaginaire des Marocains. C’était en février 1998, une année avant la disparition de feu Hassan II, dans la Salle du Trône, il est aux côtés du défunt Roi et entouré de la nouvelle équipe gouvernementale, composée pour l’essentiel de ministres affiliés à l’USFP. Une photo de famille qui bouscule le paysage politique de l’époque. Un symbole en soi, jamais un chef de l’Exécutif n’a autant marqué les Marocains. Il était conscient à l’époque qu’il avait une double mission que seul lui pouvait réussir : sauver le pays de la crise cardiaque et accompagner la transition au pouvoir. Feu Hassan II, convaincu qu’une page de l’histoire allait être tournée, a fait appel au chef de l’opposition socialiste, qu’étai Abderramane Youssoufi qui venait d’ailleurs de renter d’un long exil, pour former et diriger le gouvernement. Et c’est l’ère d’un Premier ministre pas comme les autres. Lui qui a toujours combattu pour la démocratie allait mieux la servir, au cœur de l’État. C’est ainsi qu’après de laborieuses négociations, le gouvernement de l’alternance pouvait enfin se mettre à l’œuvre. La tâche n’était pas facile. Il fallait mettre en place toutes les réformes constitutionnelles et politiques nécessaires pour le redressement du pays, aussi bien sur le plan institutionnel qu’économique et social. Certaines des nombreuses réformes qu’il a initiées viennent à peine de donner leur fruit. Beaucoup de chose ont pu être réalisées ou, du moins rendues possibles, grâce à un Premier ministre pragmatique et nationaliste. A peine à la tête du gouvernement, et sans plus attendre, il s’est engagé à apporter les solutions nécessaires au développement du pays malgré les obstacles qui le guettaient. Il a ainsi apporté un nouveau souffle d’ouverture et d’espoir à un Maroc qui découvre de nouveaux visages et se réconcilie petit à petit avec la politique. Il a été sans doute le Premier ministre le plus critiqué et sévèrement par une presse, alors, jeune et indépendante, mais cela n’a rien entamé de sa détermination. Militant de longue date des droits de l’Homme qu’il est, il a su mener le Maroc à de grands progrès en matière justement de respect de ces droits dont fait partie la liberté d’expression.
