SUIVEZ-NOUS

Argent

TPE-PME : Un dommage collatéral de cette crise sanitaire

• Arrêt d’activité, perte des créances et des effectifs…, la situation s’est aggravée pour ces entreprises…

Publié le


Mis à jour le

L’effet de la crise actuelle sera malheureusement dévastateur pour un grand nombre de très petites et moyennes entreprises (TPE-PME). Le constat est d’autant plus inquiétant quand on sait que les TPE-PME représentent plus de 95% du tissu économique marocain.
La situation de ces entreprises était certes moins grave avant la crise sanitaire, mais n’était pas non plus des plus florissantes. Alourdies par les dettes, ne disposant pas d’assises financières solides, un sentiment commun d’être laissées pour compte et exclues des programmes de développement…Les secteurs toutes catégories confondues traînent depuis des années des casseroles qui ne sont pas forcément les leurs…
Certes, il faudrait relativiser dans le sens où quelques mécanismes de garanties ont été déployés par l’Etat, durant ces dernières années pour donner une impulsion nouvelle au financement. Mais sur le terrain, les TPE et PME se sentent toujours marginalisées du système et sont amenées à se financer par des crédits interentreprises et par l’allongement des délais de paiement qui accentuent à leur tour les difficultés de trésorerie.
Quoi qu’il en soit, l’arrivée du Covid-19 a aggravé les choses. Beaucoup ont perdu une grosse partie de leurs créances chez des particuliers eux-mêmes surendettés – Les transactions étant majoritairement faites en espèces. En parallèle, ces entreprises ont continué à supporter des charges fixes (loyer, eau, électricité, téléphone…). Aussi, durant cette période de confinement, elles ont perdu un nombre non négligeable de salariés formés et qu’elles ne récupéreront pas de sitôt après le redémarrage.
Mais en plus de la baisse drastique, si ce n’est l’arrêt complet de leurs activités, le grand obstacle omniprésent et dont ils souffrent tous, demeure l’accès au financement. 82% des petites structures qui rencontrent des difficultés de trésorerie ont recours à leur entourage, et 25% seulement s’adressent aux banques.
Durant ces 3 derniers mois, ces derniers se sont réorientés automatiquement vers Damane Oxygène (garanti à 95%), au moment où d’autres n’ont pas souhaité y recourir (par contraintes en matière de date de remboursement (au 31/12/2020), ou de complexité des procédures).
Il est cependant utile de noter que cette mesure prise durant le confinement par le Comité de veille économique (CVE) a été bien accueillie par la sphère. Damane Oxygène a été une bouffée d’air aux trésoriers des TPE-PME. Toujours dans cette optique de soulager la trésorerie des entreprises, le CVE a décidé de lancer deux nouvelles garanties de l’Etat, «Relance TPE» et «Damane Relance», qui seront opérationnels dans les jours à venir (voir l’interview ci-après avec le groupe Société Générale)
Aujourd’hui, les banques sont plus que jamais appelées à remplir un rôle central pour amortir cette avalanche de problèmes qui s’abat sur ces entreprises. A l’heure actuelle et à défaut de se développer, ces dernières veulent avant tout survivre. Au delà du financement, les banques doivent aussi informer, conseiller et assurer un accompagnement de qualité aux TPME.

Les alternatives au financement bancaire s’imposent

Sauf que la patate chaude ne doit pas être entièrement refilée aux banques. Il est aujourd’hui crucial de développer les solutions alternatives de financement «tel que le capital-risque en améliorant son cadre juridique et fiscal pour en faire un véritable levier, en créant des véhicules légers à même de prendre des petits tickets dans les PME, pour lesquels les investisseurs institutionnels sont souvent réticents», explique notre expert-comptable Laila El Andaloussi. D’ailleurs, le capital-risque ne représente que 2% dans le financement global : une part dérisoire qui nous met loin derrière d’autres pays comparables…
Quant au financement via le marché boursier (en levées de fonds) il représente entre 5 à 6%. Il est temps de revoir à la baisse les seuils d’entrée pour capter un maximum d’entreprises en matière de levées de fonds conformément à leur niveau de capitalisation. Et accompagner cela d’une simplification des modalités d’accès des PME au 3e compartiment, jugées très exigeantes et décalées par rapport à leur réalité.
Aussi, il faudrait «mettre en place un cadre institutionnel réglementaire organisé des réseaux et clubs d’investisseurs providentiels, incitatif fiscalement pour les personnes physiques qui prennent des participations, boosterait la levée de fonds en faveur d’entreprises innovantes.
Et accélérer la cadence de vote des projets de lois par nos parlementaires et activer l’entrée en vigueur du projet sur le crowfunding pour insuffler une nouvelle dynamique et augmenter le potentiel de création et de développement de notre tissu entrepreneurial», propose Mme El Andaloussi.