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Titres de créances : début d’année très calme !

Chute de 40% des émissions de titres de créances négociables à fin février. Certificats de dépôt, billets de trésorerie et bons de sociétés de financement sont en net recul. La tendance devrait se poursuivre sur le reste de l’année.

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Le marché des titres de créances négociables (TCN) est en net ralentissement en ce début d’année, et la tendance devrait se poursuivre sur les prochains mois. A fin février (dernières statistiques disponibles auprès de Bank Al-Maghrib), les émissions de TCN ont totalisé 7,26 milliards de DH, en baisse de 40% par rapport à la même période de l’année dernière. Toutes les catégories de titres sont en recul. Les certificats de dépôt émis par les banques sont en retrait de 33,2%, à 4,74 milliards de DH ; les billets de trésoreries émis par les entreprises non financières ont chuté de 83,4%, à 403,6 MDH contre 2,43 milliards un an plus tôt; et les bons des sociétés de financement ont dégringolé à 100 MDH contre 551 millions à fin février 2015.

Plusieurs raisons expliquent cette baisse de régime. Pour les banques, la poursuite du ralentissement de l’activité du crédit et l’amélioration progressive de la trésorerie des établissements limitent les émissions de certificats de dépôt. En effet, l’encours du crédit bancaire n’a évolué que de 2,7% en 2015 et affiche une progression à fin février de 1,4% par rapport à la même date en 2015. Le ralentissement des activités non agricoles, le désendettement de certains grands groupes, la décompensation des prix des carburants et la dégradation de la structure financière des entreprises de plusieurs secteurs sont à l’origine de ces hausses limitées du crédit. En face, la reconstitution des réserves de change suite à la baisse sensible du déficit commercial du Maroc a permis d’éponger le déficit de liquidités des banques dont les trésoreries devraient repasser excédentaires à partir de cette année. Selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, l’excédent devrait atteindre 21 milliards de DH cette année et 47 milliards l’année prochaine.

Pour les entreprises, le désendettement des grands groupes, les difficultés financières de certains opérateurs et l’amélioration des conditions de financement auprès des banques pour les dossiers bancables (baisse des taux d’intérêts suite au à la réduction par BAM de son taux directeur) expliquent le fort recul des émissions de billets de trésorerie. Notons aussi que les investisseurs sont devenus plus exigeants en matière de taux dans un contexte marqué par la montée des risques et la baisse des taux proposés sur les bons du Trésor. D’ailleurs, la hausse des taux est visible sur l’ensemble des titres de créances négociables.

Enfin, pour les sociétés de financement, l’amélioration des conditions de refinancement auprès des banques, suite à la détente des taux induite par la baisse du taux directeur, ainsi que la faible progression de l’activité dans un marché du crédit à la consommation très concurrentiel, sont derrière la chute drastique des émissions de BSF.

Attijariwafa bank et BMCE Bank toujours dynamiques

Cela dit, seules Attijariwafa bank (2,36 milliards de DH), BMCE Bank (1,89 milliards) et BMCI (482 MDH) ont levé des fonds en ce début d’année alors qu’à fin février 2015, on comptait en plus de ces établissements le Crédit Agricole du Maroc, CIH Bank, le Fonds d’équipement communal et Casablanca Finance Market, le tout avec des levées beaucoup plus importantes (plus de 7 milliards de DH). Les établissements de crédit et la CDG ont souscrit pour plus de la moitié des certificats de dépôts (2,67 milliards), suivis des OPCVM (1,58 milliards) et des particuliers (482,5 MDH). Le gros des levées a été fait à court terme avec des taux en légère hausse, variant de 2,70% pour la maturité comprise entre 32 et 92 jours à 3,50% pour celle comprise entre 3 et 5 ans.

Pour les billets de trésorerie, ce sont Addoha (123,8 MDH), Alliances Darna (180 MDH), Résidences Dar Saada et Oulmès (50 MDH chacune) qui ont été actives sur les deux premiers mois de l’année alors qu’en 2015, on comptait en plus de ces sociétés Jet Contractors mais surtout Maghreb Steel qui avait levé plus de 1,7 milliard de DH. Ce sont les OPCVM (348 MDH) qui ont pris le gros des billets de trésorerie, suivis des établissements de crédit (30 MDH) et des compagnies d’assurance et de prévoyance sociale (25 MDH). Toutes les émissions ont concerné le court terme (moins de 182 jours) avec là aussi des taux en légère hausse compris entre 3,62% et 5,05%.

Quant aux bons de sociétés de financement, on ne compte qu’un seul émetteur en ce début d’année, à savoir Sofac qui a levé 100 MDH sur le moyen terme auprès des OPCVM, à un taux de 4,25%. L’année dernière, on dénombrait quatre émetteurs dont, outre Sofac, Wafasalaf et Sogelease avec de grosses levées.

Situation financière fragile de certains émetteurs

Dans ces conditions, l’encours global des TCN a chuté de 22,70%, à près de 58 milliards de DH. Il est constitué principalement (plus de 68%) des certificats de dépôts dont l’encours a reculé de 28%, à 39,7 milliards de DH. Les bons de sociétés de financement pèsent pour leur part 24,5% avec un encours de 14,2 milliards de DH, en légère hausse de 4,27% en raison d’une maturité des titres plus longue que pour les autres catégories. Quant aux billets de trésorerie, l’encours a fondu de moitié, à 2 milliards de DH, soit 3,4% de l’encours global.

L’encours des certificats de dépôts est composé des titres de quasiment toutes les principales banques de la place. C’est Attijariwafa bank qui dispose du plus grand stock avec près de 8 milliards de DH, suivie de BMCE Bank avec 6,7 milliards, CIH Bank avec 5,1 milliards, le Fonds d’équipement communal (4,9 milliards), le Crédit agricole du Maroc (4,8 milliards), Crédit du Maroc (3,4 milliards), BMCI (3,3 milliards), la Société Générale (2,4 milliards), CDG Capital (600 MDH) et CFG Groupe (245 MDH). Le gros est souscrit par les OPCVM (70%) et les établissements de crédit (21,6%). Les particuliers détiennent un encours de 2,5 milliards de DH.

L’encours des billets de trésorerie est, lui, constitué des titres d’Alliances Darna (1,1 milliard de DH), Addoha (501 MDH), Résidences Dar Saada (110 MDH), Oulmès (100 MDH), Dyar Al Mansour (80 MDH), Mutandis (67 MDH) et Valyans Consulting (40 MDH).  Là aussi les gros souscripteurs sont les OPCVM avec un poids de 90%, suivis de loin par les particuliers, les établissements de crédit et les sociétés d’assurance.

Enfin, l’encours des bons de sociétés de financement compte principalement les gros du secteur, à savoir Wafasalaf (3,3 milliards de DH), Eqdom (3,2 milliards), Wafabail (3 milliards), Sogelease (2,1 milliards), Salafin (1,1 milliard) et Sofac (750 MDH). Ce sont toujours les OPCVM qui arrivent en tête des investisseurs (77%), suivis des établissements de crédit et des compagnies d’assurance.

Pour les perspectives, compte tenu des prévisions d’évolution des principaux paramètres influant sur le marché des TCN, les analystes s’attendent à une poursuite de la tendance baissière des émissions. En effet, les trésoreries des banques seront de plus en plus confortables alors que le crédit bancaire ne devrait pas redécoller de sitôt. En parallèle, les longs délais de paiement et le ralentissement économique devraient maintenir la situation financière fragile de nombre d’entreprises, et, pour celles qui se portent bien, le recours au financement bancaire sera plus opportun. Enfin, les sociétés de financement devrait continuer à bénéficier de conditions de refinancement favorables auprès des banques.

[tabs][tab title = »Aucun emprunt obligataire depuis le début de l’année »]Le marché obligataire a été déserté par les émetteurs privés depuis fin 2015. En effet, d’après le portail de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), aucune émission d’obligations n’a eu lieu de janvier au 20 avril 2016. A la même période de l’année dernière, on comptabilisait déjà deux opérations : une initiée par Alliances Développement Immobilier pour un montant d’un milliard de DH et une autre de la société Oulmès pour un montant de 300MDH. Notons que l’année 2015 a été particulièrement dynamique en termes d’emprunts obligataires avec une douzaine d’opérations. Maghreb Steel, Attijariwafa bank, Crédit Agricole du Maroc, ONCF, Afriquia Gaz, BMCE Bank sont autant d’émetteurs ayant été actifs l’année dernière.[/tab][/tabs]